Stephen Sarrazin présente dans DC Mini, nom emprunté à Kon Satoshi, une chronique pour aborder « ce dont le Japon rêve encore, et peut-être plus encore ce dont il ne rêve plus ». Ce mois-ci, il présente Nang, indispensable revue de cinéma.
Publiée par les éditions Cinemasias en Italie, conçue en Corée, imprimée en Suède, la revue NANG est un projet mené par Davide Cazzaro avec pour objectif de traiter du cinéma et des cultures cinématographiques dans le monde asiatique. Voilà où pourrait s’arrêter le descriptif, mais le principal objectif de cette publication qui compte s’arrêter après dix numéros, tient à subvertir la notion de revue de cinéma en évitant les reportages sur les tournages en cours, les critiques de films ou de festivals. Chaque numéro est confié à deux éditeurs qui en déterminent le thème avant de solliciter des collaborateurs distincts. Ces parutions s’affichent en tant qu’objets singuliers comprenant des traductions de textes critiques ou d’entretiens parfois anciens, inédits en anglais avec des cinéastes, des spécialistes des cinématographies de l’Asie, y compris celles des marges. On retrouvera ainsi un texte court de Tsui Hark sur Kurosawa Akira, une analyse de l’œuvre de la cinéaste et poète de Forough Farrokhzad, ou un entretien avec Jia Zhang-ke.
NANG se veut également hétéroclite par les tons distincts d’un texte à l’autre. Les collaborateurs contemporains sont parfois des noms familiers, issus du milieu universitaire, de la presse populaire et quotidienne, d’autres provenant des profondeurs de scènes fusionnelles entre des territoires à la fois créatifs et géographiques. Ces derniers peuvent prendre racines ailleurs, comme souhaite le montrer le numéro 4 de la revue, In & Out, consacré aux migrants dans les images, et à ceux/celles qui les réalisent. S’affirme ainsi une volonté de produire non seulement une autre réflexion sur une cinématographie souvent cantonnée aux œuvres récompensées ou qui feraient l’objet de rétrospectives diverses, mais également de souligner une autre sensibilité à l’égard d’une parole sur l’image, comment elle se forge, d’où elle nous vient, et comment elle se fraie un chemin entre les discours dominants. On saisit l’intention à la lecture des numéros, certains plus réussis que d’autres ; révéler toujours plus l’Asie en toute confidentialité.
Merci à Davide Cazzaro.
Stephen Sarrazin.
À lire aussi :
DC Mini, la chronique de Stephen Sarrazin – chapitre 1 : Unforgiven (sur Dans un recoin de ce monde)
DC Mini, la chronique de Stephen Sarrazin – chapitre 2 : Dimmer (sur Vers la lumière)
DC Mini, la chronique de Stephen Sarrazin – chapitre 5 : Osugi Ren, last man standing
DC Mini, la chronique de Stephen Sarrazin – chapitre 6 : Festival des ex, les aléas de Tokyo Filmex
DC MINI, la chronique de Stephen Sarrazin – Chapitre 9 : L’Enfance Dehors
DC MINI, la chronique de Stephen Sarrazin – Chapitre 10 : Le Fermier samurai
DC MINI, la chronique de Stephen Sarrazin – Chapitre 11 : NANG