Avec Guzaarish, le réalisateur Sanjay Leela Bhansali revient en force et aux sources avec une histoire bouleversante mêlant magie, romance et drame, des personnages poignants interprétés par un casting de premier choix dans une mise en scène soignée et raffinée. Ainsi enchantement, passion et émotions sont au rendez-vous de cette histoire au thème fort et universel : mourir dignement…
Après un premier rejet de sa requête par le tribunal d’instance, Ethan Mascarenhas décide de mettre à profit l’émission de radio qu’il anime et illumine par son esprit et son sens de l’humour aiguisé en sollicitant ses fidèles auditeurs pour soutenir sa cause. Parmi ses auditeurs vont se manifester certains fantômes du passé…
Le réalisateur, Sanjay Leela Bhansali, avoue que l’histoire de cet homme qui se bat pour reprendre le pouvoir sur son corps et sur sa vie lui est venue après l’échec cuisant, autant critique que commercial, de Sawaariya. La profonde déception et l’isolement qu’il éprouva après cet échec, l’amena à s’interroger sur la souffrance, l’enfermement et la mort.
Sorti simultanément sur les écrans indiens, anglais et américains en novembre 2010, le film connaît un succès mitigé en Occident, et est boudé en Inde. Malgré une production 100% Bollywood, Sanjay Leela Bhansali opte pour un format plutôt tourné vers Hollywood. Avec une durée de 2h, quelques chansons, surtout en anglais, notamment interprétées par Hrithik Roshan et très peu de scènes dansées, Sanjay Leela Bhansali pensait pouvoir séduire un public plus international.
Les nombreux flash-back de tours de magie sont l’occasion de scènes dansées, mais elles restent très courtes et assez sobres, malgré une mise en scène enchanteresse. Cette absence de thème musical fort et de scènes dansées expliquent certainement les mauvais chiffres du film en Inde où il ne convainc ni le public ni les critiques. En effet ces dernières sont assez frileuses mais s’accordent sur un point : l’interprétation magistrale de Hrithik Roshan, qui livre une belle performance. L’acteur exprime parfaitement bien la claustrophobie de son personnage paraplégique, notamment dans la scène où Ethan Mascarenhas tente de se débarrasser d’une mouche ou encore celle où il se débat avec les gouttes qui coulent depuis le toit fuyant de son manoir.
Guzaarish doit ainsi beaucoup à la performance de son acteur principal qui porte cette histoire, certes bouleversante, mais dont le scénario présente certaines faiblesses. En effet, nous pouvons reprocher au film certains personnages seulement esquissés, notamment ceux du Dr Nayak et de l’avocate Devyani Dutta. Ces derniers sont interprétés justement par Suhel Seth et Shernaz Patel, mais ne sont pas assez développés. Le point de vue du film est celui d’Ethan Mascarenhas. Tous les protagonistes tournent ainsi en orbite autour de lui. Mais les liens avec les personnages secondaires ne sont le plus souvent qu’ébauchés ou évoqués comme c’est le cas des fantômes qui se manifestent à la radio. On découvre ainsi avec surprise, mais aussi déception, le premier amour du magicien Estella Francis (Monikangana Dutta), dont l’histoire est réduite à cinq minute. Certaines ellipses se révèlent même choquantes, comme celles où Neville D’Souza (Makarand Deshpande), le mari violent et abusif de Sofia D’Souza, débarque et enlève sa femme. Nous comprenons bien que ce qui intéresse le réalisateur dans cette scène est de mettre en exergue l’impuissance du magicien, démuni et frustrée de ne pouvoir protéger la femme qu’il aime, mais ne pas donner de suite à cette scène (aucun appel à la police, pas d’enquête…) rend l’ensemble bancal.
En voulant réduire la durée de son film au maximum pour s’assurer une exploitation internationale, Sanjay Leela Bhansali en vient à sacrifier son scénario qui manque de relief. Guzaarish reste beau grâce aux décors merveilleux et à l’esthétique enchanteresse, et poignant de part son histoire portée par la belle performance de son acteur principal Hrithik Roshan. Acteur dont on vous reparlera très prochainement…
Sonia Recasens.
Verdict :