Édito : Le jour où le cinéma asiatique en France choisit son destin

Posté le 10 juin 2014 par

Entre l’arrivée d’un nouvel acteur dans le monde de l’édition et de la distribution, les sorties en grandes pompes et sur grand écran d’un anime qui n’est pas produit par Ghibli et d’un film d’auteur chinois, le mois de juin s’avère décisif pour l’avenir du cinéma asiatique en France. Quelques raisons de se réjouir, mais aussi de s’inquiéter.

Alors que l’on se plaignait dans notre bilan 2013 (à écouter ici) de la frilosité des acteurs du marché asiatique en France, plusieurs événements ont donné ce mois-ci des raisons de se réjouir aux sceptiques que nous sommes. En premier lieu, l’arrivée sur le marché d’un nouveau label, qui porte haut les couleurs de l’esprit de découverte, de passion et d’aventure en ce qui concerne le cinéma asiatique: Dissidenz Asia. Déjà distributeur de Suneung, de La Frappe, et bientôt de A Cappella, Dissidenz lance sa collection de DVD asiatiques, avec 3 titres disponibles depuis le 3 juin : 25 Novembre 1970 : le jour où Mishima choisit son destin, l’excellent dernier film du grand Wakamatsu, Une vie simple d’Ann Hui, dont nous parlons ici et  et Bà Nôi de Khoa Lê sur lesquels nous reviendrons très prochainement. Trois œuvres qui naviguent entre le Japon, Hong Kong et le Vietnam et dressent déjà un panorama varié d’un cinéma multiple, engagé et libre, soit une certaine idée du cinéma asiatique qui est celle que nous défendons ici depuis 4 ans. Et le plus fou reste à venir, avec la sortie d’un film de 9 heures du génial Lav Diaz : Death in the Land of Encatos, aussi bien en vidéo qu’en salles !

PackshotsAsia

Il est alors logique que nous nous associions à un projet aussi enthousiasmant, qui tranche avec la frilosité ambiante et redonne des raisons d’y croire. Et nous vous incitons vivement à faire de même, en soutenant ce projet qui a lancé un petit Ulule ici !

Outre cette belle collection, juin voit enfin fleurir des films asiatiques en salles, avec un véritable soutien derrière. On a ainsi vu un affichage massif et une vraie campagne pour Black Coal de Diao Yinan, notre film de la semaine, dont vous pouvez lire ici notre critique et là notre rencontre avec son auteur. Car il ne suffit pas de sortir un film, il faut aussi s’assurer de sa visibilité et convaincre les exploitants de son potentiel. Grâce au miracle d’un double prix à Berlin dont l’Ours d’Or du meilleur film, et du modèle d’Une séparation, Memento a réussi à mettre en place une sortie nationale sur 200 copies, soit près de 10 fois plus que la plupart des sorties asiatiques de la même ampleur depuis 2 ans. C’est donc à nous et à vous de leur donner raison, en allant voir le film en salles.

black coal2

Car notre scepticisme est prêt à refaire surface à tout moment : la semaine passée, les chiffres salles de L’île de Giovanni, le très bel anime de Nishikubo Mizuho dont nous parlons ici sont tombés et étaient d’après les mots même d’Eurozoom, son distributeur, « catastrophiques », au point d’être inquiet pour l’avenir de la société… Le film est loin de rééditer le succès des Enfants loups, et on peut craindre que Black Coal n’ait pas le même potentiel qu’Une séparation… Mais on espère se tromper.

Donnez-nous tort ! Allez au cinéma ! Allez voir L’île de Giovanni, Black Coal, Ugly… et attendez (ou retournez voir) The Raid 2 sur grand écran en juillet! L’été va également être crucial en ce qui concerne l’avenir du cinéma asiatique en France, avec la sortie du Garreth Evans, du dernier et sublime Takahata le 25 juin, et de la préquelle de Detective Dee par Tsui Hark. Un beau programme estival que l’on peut compléter par la Palme d’or Winter Sleep et surtout par un chef-d’œuvre du cinéma russe, le tourbillonnant Chapiteau Show, sur lequel nous reviendrons très vite avant sa sortie en salles le 16 juillet. Bref, si vous ne partez pas cet été, vous avez largement de quoi voyager à travers les films !

See you, space cowboys !

Victor Lopez.

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