Alors que Japonismes 2018 touche bientôt à sa fin, les plus curieux des cinéphiles ont eu la possibilité durant une année de (re)découvrir des classiques du cinéma japonais, tous genres confondus, ainsi que des œuvres moins connues de certains grands réalisateurs nippons, tout aussi passionnantes. Parmi ces metteurs en scène, on pense d'office à Kurosawa, Ozu, Mizoguchi, et même Honda avec ses kaiju-eiga. Pourtant, si ces maîtres du cinéma ont durablement laissé leur trace dans l'histoire du 7 ème art, il en est un qui ferait presque figure d'outsider mais qui est cher au cœur des cinéphiles amoureux du cinéma japonais : Naruse Mikio. Pour ceux qui ne le connaîtraient pas encore, ou peu, Carlotta a eu la bonne idée de rééditer cinq de ses plus grands films, et permet ainsi au public de faire plus ample connaissance avec un réalisateur passionnant.
Le 11 juillet dernier, Memories of Murder, le deuxième film de Bong Joon-ho, avait eu les honneurs d'une édition prestigieuse éditée par La Rabbia. Celle-ci, en plus de proposer le long-métrage dans des conditions techniques irréprochables, avait réussi à rassembler un nombre assez conséquent de bonus, allant du plus simple module sur les costumes aux deux gros morceaux de choix : un documentaire indispensable de près d'une heure, revenant rétrospectivement sur la genèse et la production du film, et un passionnant making-of du sound design du film. La cerise sur le gâteau étant le story-board complet et traduit fourni dans l'édition prestige. A ce stade, le livre Memories of Murder, l'Enquête aurait pu s'apparenter à un complément d'information prompt à satisfaire le plus curieux des cinéphiles. Il n'en est absolument rien, et l'ouvrage de Stéphane du Mesnildot est tout simplement indispensable.
Hasard du calendrier, le public français va découvrir les œuvres de Shahram Mokri dans l'ordre inverse de leur chronologie. Le 24 octobre dernier sortait sur les écrans Invasion, film au croisement du post-apocalyptique, du film de vampire et du thriller. S'il ne convainc qu'à moitié, sa virtuosité technique n'arrivant pas à faire oublier une austérité rébarbative et un scénario trop complexe, Invasion donnait sacrément envie de découvrir les autres films de Mokri. C'est désormais possible avec la sortie cette semaine, en DVD, de Fish & Cat, sorte de labyrinthe temporel, vertigineux et fascinant.
Dans deux petits jours sortira en salles The Spy Gone North, thriller d’espionnage sur fond de tension entre les deux Corées qui a doublement triomphé à L’Étrange Festival 2018 : le film de Yoon Jong-bin remportant à la fois le Grand prix et le prix du public (soit tous les prix possible pour un long-métrage), après avoir été présenté à Cannes Hors Compétition. Les Parisiens auront également la chance de le découvrir au Festival du Film Coréen à Paris (FFCP), en avant-première !
Après avoir fait un détour par l'horreur avec May The Devil Take You, inventaire fainéant et sans surprise de ce que le fantastique a pu offrir en 10 ans sur un écran, Timo Tjahjanto retrouve Iko Uwais, qu'il avait déjà dirigé dans Headshot, pour un nouveau long-métrage rempli de sang, de coups et de furie, avec des (tout) petits morceaux d'émotion. Si le résultat est loin d’être déshonorant sans pour autant apporter une once de nouveauté, ce n'est pas avec The Night Comes For Us que le cinéma d'action indonésien va réussir à se renouveler.
Cinéaste peu connu sous nos latitudes, Shahram Mokri est un cinéaste iranien, et qui, à l'occasion, porte aussi la casquette de scénariste. Pourtant, le public occidental passe à côté du travail d'un réalisateur exigeant et monstrueusement doué derrière une caméra, et qui grâce aux focus qui lui sont consacrés dans divers festivals, comme ce fut le cas cette année à L’Étrange Festival, est en train de se faire une place de choix dans le cœur des cinéphiles. L'occasion parfaite pour découvrir Invasion, qui sort en salles !