Lorsque nous avons appris que Jia Zhangke venait à Paris pour accompagner la sortie de I wish I knew, histoires de Shanghai et qu’il était disposé à nous rencontrer, un sentiment de joie et d’excitation s’est emparé de la rédaction d’ East Asia. Compte rendu d’une interview d’un grand cinéaste ! Par Victor Lopez.
Non seulement ce n’est pas tous les jours que l’on rencontre un cinéaste de cette envergure, mais en plus, son dernier film soulève moult questions et nous avions hâte qu’il nous éclaire sur celles-ci. En une petite demi-heure d’entretien, le cinéaste, pourtant apparemment fatigué par une journée entièrement passé avec des journalistes curieux, a pu répondre avec une grande gentillesse à toutes nos questions, parfois avec enthousiasme (son visage s’est éclairé lorsqu’on lui a parlé de son projet d’adaptation de Su Tong), et toujours avec le mélange de simplicité et de candeur que l’on retrouve dans ses films. A deux reprises seulement, ses réponses se sont faites plus laconiques : lorsqu’on lui a demandé s’il se sentait proche des cinéastes qu’il citait, de Lou Ye à John Woo ou si le fait d’être produit par la Shanghai Film Group Corporation changeait son mode de fonctionnement. Pas d’erreur, le réalisateur a beau être un génie ayant commencé à tourner ses productions de manière clandestine, c’est maintenant un cinéaste officiel, dont le I wish I knew fut produit en vue de l’exposition universelle et dont le prochain film sera un Wu Xia qui bénéficiera d’un budget conséquent.
Cela n’enlève rien à la beauté de ses films et la force de son geste artistique, mais insiste sur le fait que Jia n’est ni un cinéaste contestataire, ni même vraiment politique. Son intérêt pour l’histoire dans I wish I knew va certes à contre courant de la propagande mensongère habituelle, mais, en reliant Taïwan à la Chine, va aussi dans le sens du discours officiel d’une grande Chine unifiée. Ce que filme alors le réalisateur est avant tout l’humain. Son film fait preuve d’une grande tendresse dans sa manière de filmer les hommes, leurs vies, leurs malheurs, et nous fait partager tout cela avec une grâce inégalée. De Xia Wu à I wish I knew, c’est surtout cela qui nous bouleverse dans son cinéma, et qui nous touchera encore dans ses films à venir. Mais laissons parler le monsieur, qui vous donnera mieux que nous envie de voir son dernier film et de (re)découvrir sa filmographie.
A voir
La vidéo de notre entretien exclusif avec Jia Zhangke :
A lire
L’entretien exclusif avec Jia Zhangke
Notre dossier revenant films par films sur la filmographie de Jia
See you, space cowboys !
Victor Lopez.
home@eastasia.fr