VIDEO – Return of the Street Fighter d’Ozawa Shigehiro

Posté le 11 mai 2023 par

Nous poursuivons la découverte du coffret Blu-ray de la saga The Street Fighter sorti chez Le Chat qui fume avec son deuxième opus, Return of the Street Fighter de Ozawa Shigehiro, initialement produit en 1974.

The Street Fighter

Nous retrouvons donc notre mercenaire bad boy Tsurugi Takuma, interprété par Sonny Chiba, dans une nouvelle aventure qui l’oppose cette fois-ci à la mafia japonaise. Un vol de statue de bouddha en or massif amène notre anti-héros sur la piste d’une organisation criminelle détournant des fonds dédiés à financer des centres d’apprentissage d’arts martiaux. Face à ce nouveau défi, Takuma peut compter sur ses alliés karatéka, rencontrés dans le premier film, ainsi que sur Boke (Ichiji Yoko), une jeune orpheline qu’il a pris sous son aile.

On prend les mêmes et on recommence, telle pourrait être l’accroche de ce Return of the Street Fighter, pour le meilleur, comme pour le moins meilleur. Une fois de plus, la technique cinématographique d’Ozawa Shigehiro alliée aux aptitudes martiales de Sonny Chiba font mouche dans les scènes de combat, toujours plus nombreuses et inventives. On note même, à ce niveau, une amélioration du réalisme de la représentation de la violence. The Street Fighter fascinait par les chorégraphies spectaculaires de Chiba mais les passages « gores » souffraient d’un aspect trop artisanal pour fonctionner de façon épidermique. Dans Return of the Street Fighter, mis à part quelques effets encore trop grossiers pour être totalement pris au sérieux, l’impact des coups semble davantage résonner et n’épargne pas le spectateur. Certaines séquences impliquant des armes blanches sont troublantes de réalisme dans l’effet d’enfoncement des lames dans la chair. On imagine sans peine la douleur des personnages, ce qui donne à cette suite un aspect dérangeant assez convaincant. On envisage bien mieux ce que cherchait probablement déjà Ozawa à montrer dans The Street Fighter sans forcément avoir les ressources nécessaires pour. On retrouve également une attention portée à l’art du karaté avec des scènes d’entraînement toutes aussi intéressantes et agréablement filmées que dans le premier opus.

Néanmoins, au niveau du scénario, on ne peut s’empêcher de ressentir une impression de vide, malgré les tentatives des scénaristes et du réalisateur. Le film est très court, mais il semble pourtant se perdre dans ce qu’il essaie de raconter et de tirer sur la corde pour tenter à tout prix d’atteindre une durée standard de long-métrage. De nombreuses scènes de The Street Fighter sont reprises dans leur intégralité, ce qui amène à se demander si l’on cherche réellement à recontextualiser des éléments, ou simplement à gagner du temps. De même, le film surexplicite parfois certains enjeux avec plusieurs séquences à visée similaire qui auraient pu être condensées plus efficacement. Il est d’ailleurs dommage d’accorder si peu d’attention à Sonny Chiba et au personnage de Takuma, qui paraît presque délaissé au profit des intrigues de détournement de fonds de la mafia, nettement moins enthousiasmantes. Lorsqu’on lui accorde enfin de l’attention, malheureusement, on n’en apprend guère plus sur lui que lors du film précédent et on ne note aucune évolution particulière (mis à part éventuellement une plus grande facilité à se lier aux autres personnages). Sa comparse Boke souffre d’un traitement encore plus décevant, puisque son personnage pourtant prometteur se retrouve bien vite à jouer le ressort comique de fortune, en minaudant et en arborant les trois mêmes expressions faciales en boucle. Si The Street Fighter n’était pas particulièrement innovant ni progressiste dans l’écriture de ses personnages féminins, ils avaient au moins un semblant de personnalité.

Return of the Street Fighter est plus frustrant qu’il n’est raté ou inintéressant. Il est simplement dommage de ressentir ce sentiment de sur-place après deux volets, alors que les éléments sont réunis pour espérer assister à mieux. Sonny Chiba reste très bon et convaincant dans son rôle, les chorégraphies de combat sont impressionnantes et l’histoire de mafia peut tout à fait fonctionner. Manque seulement une véritable volonté d’approfondissement des enjeux, malheureusement absente de cet opus.

Bonus :

Le Retour du Street Fighter par Fabien Mauro : Mauro poursuit son analyse de la saga, en notant que ce film souffre d’une intrigue beaucoup moins complexe, toujours avec énormément de références et de sérieux. Il évoque aussi rapidement les problèmes de distribution de ce genre de fictions asiatiques à l’époque avec notamment le choix de ce fameux titre français donné sur le moment : Autant en emporte mon nunchaku.

Sonny Chiba par Fathi Beddiar : LE spécialiste de Sonny Chiba français nous raconte par le menu toute la vie de l’artiste japonais. Tout en détaillant de façon extrêmement intéressante la carrière de l’acteur, il raconte aussi l’évolution de la réception du cinéma d’art martial asiatique en France à l’époque des cinémas de quartier et des services de location de VHS. Un bonus passionnant et bourré d’anecdotes et de conseils de visionnage.

Elie Gardel.

Return of the Street Fighter d’Ozawa Shigehiro. Japon. 1974. Disponible en coffret Blu-ray chez Le Chat qui fume en mars 2023.

Imprimer


Laissez un commentaire


*