The Street Fighter

VIDEO – The Street Fighter d’Ozawa Shigehiro

Posté le 8 mai 2023 par

Initialement sorti en 1974, The Street Fighter d‘Ozawa Shigehiro débarque dans un très joli coffret Blu-ray chez Le Chat qui fume, nous offrant l’occasion de nous repencher sur le premier opus de la saga d’arts martiaux mettant en scène l’inénarrable Sonny Chiba.

The Street Fighter

Dans ce premier opus de la saga, nous découvrons le personnage de Tsurugi Takuma (Sonny Chiba), mercenaire sans foi ni loi adepte des arts de combat et tout particulièrement du karaté. Tsurugi est chargé d’aider à l’évasion d’un prisonnier condamné à mort par le frère et la sœur de celui-ci. Or, une fois l’homme tiré d’affaire, les commanditaires de l’opération n’ont pas suffisamment d’argent pour rembourser le contrat de Tsurugi. Le frère meurt par accident en tentant de se battre, et Tsurugi vend la sœur à des proxénètes pour rembourser ses dettes, prouvant par là qu’il tient davantage du anti-héros que de l’archétype du mercenaire au code moral inébranlable. Tsurugi se voit ensuite confier une nouvelle mission par les membres d’une triade hongkongaise, celle de kidnapper Sarai, la fille étudiante d’un magnat du pétrole fraîchement décédé, pour lui dérober sa fortune. Il refuse cette proposition, ce qui lance le groupe hongkongais à ses trousses, aidé par le prisonnier évadé et sa sœur qui veulent désormais venger leur frère.

Si le synopsis de The Street Fighter peut sembler complexe lorsque l’on tente de le résumer, dans les faits, le film se laisse suivre sans effort. La narration est très fluide et intuitive et le cœur du film ne réside pas tant dans un scénario novateur et approfondi que dans les prouesses athlétiques de son casting. À cet égard, Sonny Chiba ne déçoit bien évidemment pas et on comprend aisément que la saga d’Ozawa Shigehiro l’ait fait basculer au rang d’acteur culte d’action à l’international, aux côtés de Bruce Lee. L’acteur fait preuve d’une aisance et d’une précision de mouvements que la longueur des plans met très intelligemment en valeur. On pourrait le regarder combattre des heures, tant sa maîtrise fascine. En dehors des scènes d’arts martiaux, Chiba se montre également très convaincant. Il incarne son rôle d’anti-héros avec une intensité et un charisme qui parviennent à rendre crédibles ses variations entre cruauté et une certaine bienveillance pour certains de ses pairs, notamment son acolyte. Si Chiba est véritablement la star du film à tous les égards, on note également quelques autres belles prestations, notamment celle de Shihomi Etsuko, pourtant encore au tout début de sa prolifique carrière.

The Street Fighter confirme également son statut de film culte d’arts martiaux par ses expérimentations très novatrices pour l’époque. Pour qui a depuis observé de nombreux plans en rayon X dans la pop culture (sans parler du jeu vidéo Mortal Kombat), la technique de celui de The Street Fighter peut désormais légèrement prêter à sourire, néanmoins il est très appréciable d’assister à pareilles innovations et l’influence du film sur ses successeurs saute réellement aux yeux. Même en dehors des procédés employés pour filmer l’action, la cinématographie est de belle facture et on apprécie l’attention portée aux plans, notamment en extérieur. Comme le fait très justement remarquer Fabien Mauro dans le bonus joint au Blu-ray, le visionnage est parfois teinté d’un comique probablement involontaire, dû à la grandiloquence du jeu de Chiba ou du vieillissement parfois rude de certains effets, mais cela ne nuit pas vraiment au film. La surenchère permanente de violence montrée à l’écran couplée à l’aspect quasi-absurde de certaines séquences offre un regard, certes moins premier degré, mais toujours efficace. On ne s’ennuie pas une seule seconde devant The Street Fighter. On peut toutefois regretter des traitements très datés et parfois gênants des personnages féminins et noirs, ainsi qu’une conclusion assez précipitée et légèrement confuse, mais tout le chemin pour y parvenir vaut certainement le coup d’œil.

Les amateurs de films de combat n’auront probablement pas besoin de ce conseil de visionnage, mais s’ils n’ont pas encore vu la saga d’Ozawa Shigehiro, ils doivent résolument se pencher sur cette œuvre culte, ou à minima sur son premier opus. Pour ceux qui cherchent par où commencer pour se plonger dans le cinéma d’arts martiaux, The Street Fighter peut constituer une très bonne porte d’entrée, du fait de son efficacité, du charisme de Sonny Chiba et la qualité de sa mise en scène de l’action.

Bonus :

The Street Fighter (24 mins) par Fabien Mauro :  Fabien Mauro nous expose la carrière de Sonny Chiba et les spécificités de son jeu et tout particulièrement en ce qui concerne les scènes d’action et de combats. On y apprend de nombreuses informations sur la vie de l’acteur, ainsi que sur le paysage cinématographique du cinéma d’action asiatique, et notamment de celui de la Tôei dans laquelle il évoluait à l’époque. Mauro nous raconte également toute l’histoire du rendez-vous filmique raté entre les deux titans du cinéma d’arts martiaux Bruce Lee et Sonny Chiba à l’origine de la saga. Il revient également sur ce premier opus et détaille les nombreuses références qu’il contient, et à retrouver dans des films ultérieurs. Un bonus très complet et enrichissant qui permet de recontextualiser chaque aspect du film.

Elie Gardel.

The Street Fighter d’Ozawa Shigehiro. Japon. 1974. Disponible en coffret Blu-ray chez Le Chat qui fume en mars 2023.

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