J’ai rencontré le Diable de Kim Jee-woon (Cinéma)

Posté le 7 juillet 2011 par

Le cinéma coréen, qu’on se le dise, à un principal défaut : il manque cruellement d’originalité et d’innovation. Cependant, cette tare cache une qualité : chaque film sortant du lot en se montrant inventif, bien réalisé et bon, est une claque. C’est ainsi que l’on voit de temps à autre des perles absolues émerger de Corée là où peu de monde les attendent. Ce fut le cas de The Chaser, en 2008, qui fut une claque de mise en scène et la révélation d’un réalisateur. Et c’est aujourd’hui le cas de I Saw the Devil, sixième film de Kim Jee-Woon, qui explore cette fois ci le thriller à base de vengeance, de violence, et de sadisme. Par Tony F.


Concrètement, le film tourne autour d’un tueur psychopathe, sadique et violent, qui va un jour tuer la mauvaise personne : une jeune femme fiancée à un agent des services secrets. Ce dernier va alors se lancer dans une traque sans pitié du meurtrier, cherchant la vengeance à n’importe quel prix, une revanche froide, minutieuse et appliquée qui mènera le jeune homme sur une pente raide et dangereuse, le faisant petit à petit perdre ce qui composait sa vie et son être.


Nous parlons ici de vengeance avec un grand V (pas pour Vendetta… quoique) , celle qui va faire mal et qui va faire saigner. A ce titre, la violence va de paire avec l’histoire, et on sait le cinéma asiatique sans concession lorsqu’il s’agit de montrer tripes et sang par hectolitres. Ici, le film bénéficie déjà d’une réputation sulfureuse, la censure de son pays l’ayant restreint à une sortie  en classification – 18. Chez nous, ce sera un « simple » interdit aux moins de – 16 ans qui sera apposé.

Un « revenge movie » de base se déroule généralement selon l’une ou l’autre des deux voies scenaristiques suivantes : La vengeance c’est bien, ou : la vengeance c’est mal. En pratique, le premier cas sera celui d’un Kill Bill (pour prendre un exemple qui parlera à tout le monde.), et le second sera celui d’un Old Boy, où chaque acte de revanche en entrainera un autre plus terrible. Le point à retenir dans tout ça sera que I Saw the Devil choisit une troisième solution narrative, à la fois intelligente et originale : considérer la vengeance comme une lame à double tranchant, et en explorer les deux côtés, son aspect à la fois salvateur, la pulsion et le besoin de se faire justice qui la domine, tout en montrant à quel point elle peut s’avérer destructrice pour qui la mène. Basé sur ce concept, le film prends des allures de lutte psychologique du personnage dont les assauts physiques se feront de plus en plus durs face à un tueur qui pour sa part semble totalement hors de portée de cette idée de vengeance, mentalement du moins. Impassible, insensible même, celui-ci terrifie par son manque de remords, son absence de sentiment, et les personnages se « motiveront » l’un l’autre dans cette escalade de la cruauté, rendant chacune de leur rencontre un peu plus violente et sadique que la précédente, allant jusqu’à détruire les vies des deux protagonistes ainsi que celles de leur entourage, jusqu’au climax. Ici, la scène finale du film, ambigüe et troublante, laissera le spectateur dans sa reflexion sur le sujet, sans lui apporter de réelle réponse.

Côté casting, les connaisseurs du réalisateur et du genre seront en eaux connues, puisque les deux rôles principaux seront campés par Lee Byung-Hun (A Bittersweet Life ; Joint Security Area) dans le rôle du Secret Serviceman, et par (Old Boy) dans la peau du psychopathe. Deux très bons acteurs qui donneront à leurs rôles respectifs toute l’intensité qu’il leur faut.

C’est donc une excellente surprise, passionnante et haletante, misant sur sa capacité à explorer à fond l’idée de la vengeance, dans ce qu’elle à de meilleur et de pire à montrer. Nous tenons très probablement là l’un des films les plus intelligents du moment dans la catégorie « Revenge Thriller ». Une nouvelle claque made in korea qui, comme à son habitude avec ce cinéma, se fait rare, mais toujours grande. Un film à la fois malsain et viscéral (ou viscéralement malsain, au choix) qui ne peux laisser réellement indifférent. A voir sans détours !

Tony F.

J’ai Rencontré le Diable, de Kim Jee-woon, en salle le 06/07/2011.

A lire :

La Materclass du réalisateur Kim Jee-woon

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Un commentaire pour “J’ai rencontré le Diable de Kim Jee-woon (Cinéma)”

  1. Pour les retardataires, J’ai rencontré le diable joue encore dans 8 salles en france, dont l’excellent cinéma de nos amis du Central à Puteaux (136, rue de la République)! De quoi patienter jusqu’à la sortie du DVD en Novembre !

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