Entre deux films de la compétition, rien de mieux qu’un film de Miike Takashi pour se reposer le cerveau. Le cinéaste japonais avait déjà embrasé la Quinzaine des Réalisateurs il y a deux ans avec le rigolo mais un peu trop long Yakuza Apocalypse. Il tente de réitérer l’expérience en présentant cette fois-ci Blade of the Immortal, son adaptation du manga L’Habitant de l’infini en hors-compétition.
On le sait, Miike Takashi et les adaptations, ça flirte souvent avec le navet intersidéral, surtout qu’un manga est toujours très difficile à retranscrire en long-métrage sans subir une simplification extrême. Néanmoins, n’ayant pas lu l’œuvre d’origine, on va se concentrer uniquement sur les arguments intrinsèques du film sans réellement juger le travail d’adaptation. De toute façon, le point de départ est très commun. On suit le samouraï Manji, devenu immortel à la suite d’une malédiction, qui décide de s’associer en tant que garde du corps à la quête de la jeune Rin, dont la famille a été massacrée par les membres d’Ittô-Ryû, une école qui cherche, sous l’impulsion de leur chef Kagehisa Anotsu, à unifier tous les dojos sous leur bannière, en utilisant la force s’il le faut. S’en suit une longue série d’affrontements contre les piliers de l’organisation, qui va constituer l’essentiel du fil rouge de l’intrigue.
Passer après la trilogie Kenshin n’est pas une chose aisée, tant l’œuvre de Otomo Keishi offre une belle relecture du genre chanbara, en plus d’être une adaptation tout à fait honorable du manga d’origine. Miike lui se contente de recycler son univers débridé, s’appuyant sur le surjeu des acteurs et ses délires habituels. Le film commence pourtant fort avec un combat en noir et blanc entre Manji et une centaine de bandits. Les différents protagonistes sont introduits avec une certaine classe. On sent que Miike s’inspire de l’imagerie manga en iconisant ses personnages à outrance. Mais très vite les séquences se répètent, les combats s’accumulent jusqu’à l’overdose, le rythme s’étiole et l’ennui pointe le bout de son nez. Le réalisateur japonais ne lésine pas sur les effets gores et parvient à nous réveiller de temps en temps grâce à un moment un peu plus délirant que les autres, ou grâce à affrontement un peu plus original contre l’un des boss de l’organisation, mais ça ne suffit pas à garder notre attention jusqu’à la fin.
Malgré tout, Miike soigne esthétiquement son film, et se permet quelques plans de toute beauté, tirant le maximum de ses décors naturels. Blade of the Immortal dispose d’un vrai travail de représentation et de reconstitution qui lui donne un certain cachet. Le potentiel se voit clairement à l’image, et on aperçoit par intermittence le grand film de sabre que ça aurait pu être, mais Miike retombe très vite dans ses travers, le systématisme de la narration finissant par provoquer un sentiment de lassitude irrémédiable.
Nicolas Lemerle.
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