Elephant Films sort l’artillerie lourde avec The Machine girl, sommet d’action n’importe quoi gore et trash, à l’enthousiasme communicatif en double DVD et Blu-ray. Quelque part entre Tarantino (époque Grindhouse) et les prod de la Troma en mode nippon, il y a l’univers de Iguchi Noburo. Par Victor Lopez et Olivier Smach.
L’ histoire
Depuis le suicide de ses parents, Hyuga Ami, lycéenne de 17 ans, veille avec bienveillance sur son petit frère Yû. Devenu le souffre douleur d’une bande de racailles, il cache néanmoins à sa sœur les rackets et brimades dont il est victime au quotidien. Un jour, la situation dégénère et il se fait assassiner par le leader du groupe, fils d’un puissant Yakuza. Meurtrie de douleur, Ami va alors se mettre en tête d’exécuter tous les responsables de la mort de son frère, aidée dans sa quête par les parents du meilleur ami de Yû, qui vont lui confectionner une puissante mitraillette rotative sur mesure…
Le Film
Merveille de boucherie kitsh ultra-gore, The Machine girl de Iguchi Noboru renoue avec un cinéma bis et délirant. D’ailleurs, devant cet artisanat à l’amateurisme oublié devant l’enthousiasme communicatif de l’ensemble, on pense aux productions de la Troma de l’époque de The Toxic Avenger : même esprit bon enfant, mêmes délires grotesques et sanguinolents, même passion pour la tripaille exagérément sanglante et la violence choc et gratuite… Même l’histoire est assez proche. Dans le film de Lloyd Kaufman, un geek se faisait martyriser par un sportif psychopathe avant de se transformer en monstre dégueulasse et surhumain pour massacrer sa clique et assouvir sa soif de vengeance. C’est ici un otaku qui se fait assassiner par des salles gosses, dont un fils de Yakuza, et c’est sa sœur qui va s’occuper de les trucider, armée d’une mitraillette remplaçant idéalement son bras tranché. Et autant dire qu’elle ne va pas prendre des gants !
On le voit : le décor évolue, mais la formule reste la même, et fait toujours recette auprès des amateurs du genre, qui prennent autant leur pied devant cette avalanche de tripes à l’air. D’autant plus que Iguchi, ancien réalisateur de film porno, rajoute à cela tout l’excès japonais : pauses iconiques des personnages tout droit sortis d’un manga-live, perversion outrancière, violence paroxysmique, et surtout un bestiaire hilarant allant de Yakuzas excentriques vouant un culte à Hanzo Hattori à des ninjas ridicules.
Tout en trouvant son identité propre, le film accumule les clins d’œil que ne renierait pas le Tarantino de Grindhouse (on pense d’ailleurs bien sûr en voyant le film à Rose Mcgowan et sa mitraillette en guise de jambe dans le Planète Terreur de Rodriguez). Du Evil Dead 2 de Raimi à Tekken, à qui le génial chef de clan des Yakuzas rend hommage en s’inspirant de personnage de Mishima Heiachi, bien connu des amateurs du jeux-vidéo, les références jouissives s’accumulent, et donne un petit plus pop à ce délire total.
Niveau action, les chorégraphies à la Matrix sont d’excellentes factures, avec une mise en scène complètement décomplexée, dont l’originalité réside dans une utilisation de mouvements de caméra et prises de vue emprunts au Sentai (Ultraman, Bioman…): l’ objectif suit avec promiscuité ses personnages en filmant leur pirouettes depuis tous les angles de vue possibles. Le ridicule ne tuant pas, certaines formations de combat atteignent d’ailleurs des sommets, comparable à celles réalisées par les forces spéciales de Freezer dans Dragon Ball Z.
En résumé: The Machine Girl est un excellent divertissement à l’humour omniprésent, où se mêlent à la fois dans un tourbillon effrénée, fun, violence gratuite, sadisme, et qui constitue une très bonne surprise séduisant à coup sûr les aficionados du genre ainsi que les adeptes du moindre effort cérébral.
Les Dvd
Belle édition que celle concoctée par Elephant Film pour ce Machine girl, qui le mérite amplement. Outre un mode “Action non stop” qui permet d’accéder directement aux scènes de fight (bien pratique lorsque l’on veut vanter les excès du film à des amis sceptiques!), un second DVD est entièrement consacré au bonus. On insert la galette dans le lecteur pour tomber sur un menu épileptique et énergique (à l’image du film, donc) nous proposant l’accès aux galeries de photos, à un making of promo centré sur l’expérience de l’actrice Asami Sugiura, mais surtout le court métrage d’ Iguchi Machine Girl Lite !
The Machine Girl Lite, ça troue le cul !
Si vous trouvez que le long est un grand n’importe quoi, le court, sorte de spin-off surréaliste, est un monument de WTF indescriptible. Encore plus outrancier que son modèle, la version Lite (loin d’être light), est un mélange de pur Fan Service et d’hommage touchant dans sa volonté de continuer une aventure, au cours de laquelle toute l’équipe semble s’être bien marrée. Et le spectateur aussi.
On retrouve pour finir une série de bande-annonces, parmi lesquelles on retiendra celles de Vampire Girl vs Frankenstein girl et Tokyo Gore Police, les prochaines sorties Elephant, toutes deux signées du réalisateur Nishimura Yoshihiro, qui œuvre sur les effets spéciaux de Machine Girl.
Olivier Smach et Victor Lopez.
Verdict
The Machine girl de Iguchi Noboru, en double DVD et Blu-Ray, édité par Elephant Films, disponible depuis le 18/01/2011.