BIFFF – Horror Stories 2 : folie et horreur scato au pays des démons coréens

Posté le 13 mai 2014 par

Le gagnant (ex-aequo) du corbeau d’argent de cette 32ème édition du Brussels International Fantastic Films Festival est le film à sketchs coréen Horror Stories 2. Petit retour sur ce métrage.

Les films à segment représentent souvent un pari risqué, tant faire tenir une cohérence n’est pas aisé (The Profane Exhibit l’a d’ailleurs prouvé, avec un film certes de qualité, mais partant thématiquement dans toutes les directions). De plus, en prenant des réalisateurs différents, avec des sensibilités artistiques différentes, ces métrages sont souvent inégaux. Horror Stories 2 n’échappe pas à la règle, avec ses trois courts-métrages, liés entre-eux par un quatrième.

Horror_Stories_2

Quatre réalisateurs se lancent donc dans cette aventure, en réalisant et scénarisant cette suite. Deux avaient déjà participé à la création du premier (Jeong Beom-Sik et Kim Hwi), et ils sont rejoints par Kim Sung-ho, réalisateur de Into The Mirror, et par Min Kyu-Dong, co-réalisateur de Memento Mori.

Le segment qui sert de lien entre les autres films montre deux personnes, dans un sous-sol. Elles semblent étudier des dossiers d’assurances, chacun représentant un segment différent. L’une des deux personnes présente est médium, et ses dons lui permettent de découvrir la vérité cachée derrière chaque affaire. Ce métrage, entrecoupé par les films représentant le corps de Horror Stories 2, fait quelque peu penser aux Livres de sang, de Clive Barker, avec cette étrange manière qu’ont les fantômes d’utiliser un médium pour raconter leur détresse ou leur souffrance. L’idée est intéressante, et relie les différents courts-métrages de manière intelligente, mais la fin peut laisser perplexe. Difficile à dire si elle sera développée dans un troisième opus mais, en l’état, il manque quelques clés pour une compréhension totale. Cependant, ce n’est pas vraiment grave, puisque ce court n’est pas le plus important du film.

Le premier segment, La Falaise, projette un duo d’amis, coincés sur une corniche, le long d’une montagne. L’histoire se veut au départ anxiogène, et bascule tout à coup dans le fantastique, après une réaction malheureuse de l’un des deux hommes. Le pitch est intéressant, bien que très classique, mais le réalisateur/scénariste positionne une fin diablement ironique qui ne peut que remporter l’adhésion. Le déroulement est plaisant, mais il manque un peu de tension, pour vraiment ressentir le désespoir d’être coincé là. Le réalisateur déroule ses jours, nous montrant les deux jeunes hommes terrifiés, frigorifiés, alors que la faim les tenaille et commence à faire ressortir les plus bas instincts, mais jamais le spectateur n’a l’impression d’être étouffé avec eux.

Cependant, il est visible que le réalisateur veut nous emmener ailleurs, et s’intéresse surtout à ce qu’il se produit ensuite, quand le paranormal s’invite dans l’histoire. Les jump scare sont certes prévisibles, et manquent de subtilité (une constance dans Horror Stories 2) mais se révèlent efficaces et nous emmènent doucement jusqu’à une fin redoutable, qui ne peut que faire frissonner.

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Le deuxième segment représente le maillon faible de ce film. Beaucoup trop prévisible, il nous montre un groupe de jeunes et ravissantes demoiselles, ayant un accident alors qu’elles vont se réapprovisionner en alcool. Le trio de jeunes femmes est hélas proprement insupportable, en en faisant des tonnes dans leur rôle de poufs superficielles, et il est difficile, dans ces conditions, de s’identifier à elles (le spectateur aurait plutôt tendance à prier pour les voir se faire trucider à la hache). Elles se perdent dans les bois, après s’être extraites de leur véhicule. Le spectateur assiste à un déroulement prévisible jusqu’au bout des ongles, que ce soit dans son histoire ou dans sa chute. Le cabotinage des actrices ne fait qu’accroître le désir de les voir disparaître dans d’atroces souffrances, et les cordes pour effrayer le spectateur se montre usées et éculées. Jump scare classiques, vieux mystérieux au fond des bois, rien ne sera épargné au spectateur, jusqu’à une chute qu’il a vu venir dès les premières minutes. Dommage, ce segment aurait pu être classique mais efficace, mais se montre surtout indigeste.

Le dernier court, lui, remporte l’adhésion totale et mérite à lui seul la vision de Horror Stories 2. S’il n’est pas vraiment effrayant, il se montre généreux dans ses effets gore. Mais c’est surtout son mélange d’humour scato et potache, attaché à une folie surnaturelle proprement effarante, qui fascine de la première à la dernière image. Le réalisateur nous présente un héros totalement pathétique, et l’envoie dans un autre monde, glauque et malsain. C’est là que le métrage se lâche et part dans toutes les directions. Délires gores, blagues fréquentes à base d’urine, rien ne sera épargné au spectateur, pris dans un maelström généreux et complètement barré mais d’une inventivité redoutable. En effet, entre les délires sur la manière de rentrer chez lui, une fin hallucinante et osée, et des blagues bien grasses, ce segment emmène son spectateur aux confins du mauvais goût avec un engouement irrésistible.

Ainsi, Horror Stories 2 se révèle bien évidemment inégal, comme toujours avec un film à sketchs, mais mérite grandement le détour, ne serait-ce que pour son troisième segment, tellement portnawak qu’on ne peut passer à côté.

Yannik Vanesse.

Horror Stories 2, de Jeong Beom-Sik, Kim Hwi, Kim Sung-ho et Min Kyu-Dong, diffusé dans le cadre de la 32ème édition du Brussels International Fantastic Films Festival.