Critique de Le dernier rempart de Kim Jee-woon (DVD/Blu-ray)

Posté le 14 juillet 2013 par

Le Dernier rempart réunit Kim Jee-woon et Arnold Schwarzenegger, qui signe ici son grand retour dans le cinéma. East Asia ne pouvait pas rater la sortie en Blu-ray de ce métrage, que nous offre Metropolitan, dans une édition soignée et emplie de bonus. Par Yannik Vanesse.

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Si Kim Jee-woon est un réalisateur coréen, son amour du cinéma occidental est perceptible à travers toute son œuvre. Le bon, la brute et le cinglé, western fou et esthétiquement magnifique, en est bien évidemment le symbole le plus marquant, mais ses autres films, et en particulier J’ai rencontré le diable, mariaient avec brio esthétique et outrance purement coréenne, ainsi qu’un amour du cinéma d’action américain.

Rien de surprenant donc à le voir s’essayer à Hollywood et, si le retrouver à diriger Arnold Schwarzenegger, icône du cinéma d’action s’il en est, est assez logique, le réalisateur s’attaque peut-être à un roc un peu trop colossal pour lui. En effet, Arnold Schwarzenegger n’est pas un très bon acteur, ce n’est un secret pour personne. Ce n’est pas pour rien si ses meilleurs rôles sont ceux d’un barbare monolithique et d’un robot. Kim Jee-woon, habitué à avoir des acteurs talentueux, eut sans doute quelques difficultés à diriger l’homme, d’autant que son statut de nouveau venu à Hollywood face à l’icône qu’est Arnold pour le cinéma, associé à son bagage politique, n’ont pas dû aider. Ainsi, si dans les scènes d’action Schwarzenegger s’en sort admirablement bien, réussissant à donner un côté fatigué au personnage qui cadre bien avec son âge et évite l’absence de crédibilité d’un Steven Seagal par exemple, ses scènes de comédie pure sont hélas plutôt ratées. Cependant, Le dernier rempart étant rempli, voire débordant, de séquences d’action, Kim Jee-won parvient à dépasser ces problèmes de jeu pour se concentrer sur la sauvagerie et l’action non-stop.

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Et autant dire que l’amateur ne sera pas déçu. Le réalisateur a déjà prouvé son amour de l’action outrancière et esthétique, et Le dernier Rempart reste dans cette lignée. Bien évidemment, il a calmé le côté jusqu’auboutiste et dérangeant d’un J’ai rencontré le diable (incontestablement son chef-d’œuvre) pour se plier au style hollywoodien, en offrant une série B plus tous publics. Cependant, quitte à réaliser une série B, le réalisateur nous offre quelque chose de haute volée, s’amusant comme un enfant avec les moyens mis à disposition pour éviter le plus possible les effets spéciaux digitaux et offrir toujours plus d’action. Ainsi, alors que progresse le film, les séquences vont toujours un peu plus loin. Sulfateuses, roquettes, explosions, Kim Jee-woon n’oubliera rien pour offrir le grand western contemporain et bis qu’il a envie de montrer à ses spectateurs.

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Bien sûr, il ne faut pas rechercher de la grande psychologie ou des twists en pagaille. Le scénario, épuré, oppose un trafiquant de drogue terriblement méchant, face à Arnold Schwarzenegger, qui veut défendre sa ville. Ainsi, le film peut se découper en deux phases distinctes. Tout d’abord, la fuite du méchant à travers les Etats-Unis, au volant d’une voiture ultra-rapide – nous offrant quelques superbes cascades et courses-poursuites assez hallucinantes et outrancières – et les fusillades en pagaille dans la ville. Intenses, sanglantes, sauvages et non-stop, il s’agit de moments de bravoures terriblement intenses, magnifiés par la réalisation de Kim Jee-woon, soignant son esthétique au plus haut point.

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Le film s’autorise de surcroît un joli casting (Forest Whitaker incarne l’agent du F.B.I qui laisse s’échapper le méchant) mais, rien que pour ses séquences d’action, il mérite d’être vu et revu.

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Le making-of est un peu trop promotionnel hélas, mais n’en reste pas moins intéressant. Le documentaire détaillant la course-poursuite au sein d’un champ de blé est passionnant, montrant toute l’inventivité et les trucages déployés pour rendre cette séquence spectaculaire tout en évitant les effets digitaux. « Sur le tournage avec Johnnie Knoxville et Jamie Alexander » montre un peu l’ambiance sur le plateau, sur un ton détendu et humoristique. Pas déplaisant mais dispensable. Les scènes coupées développent les personnages et se laissent regarder avec plaisir et humour.

Yannik Vanesse.

Verdict : Malgré le jeu plutôt approximatif d’Arnold Schwarzenegger, Le dernier rempart est un plaisir coupable de haute volée, empli de séquences sauvages. Kim Jee-woon nous offre une série B sublime et passionnante, à la hauteur de son talent.

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Le dernier Rempart, disponible en DVD et en Blu-ray chez Metropolitan depuis le 29 mai 2013