C’est un Jackie Chan toujours en quête de reconnaissance artistique qui revient dans Rob-B-Hood (rebaptisé avec beaucoup d’originalité, L’Expert de Hong-Kong), comédie d’action réalisé par Benny Chan. Bien Jackie, quoi qu’on (il) en dise, c’était mieux avant… Par Jérémy Coifman.
On est reparti pour un tour. Tong (Jackie) est un voleur au grand cœur. Oui ,c’est un joueur invétéré ! Oui, il kidnappe un bébé ! Mais il essaye de gâter sa famille, de changer, le pauvre Tong. Il fait équipe avec Padatong (Louis Koo) et «Le Proprio » (Michael Hui, qu’on est heureux de retrouver).
On retrouve à peu près tout les clichés des films de ce genre. Louis Koo interprète le beau gosse volage, mais qui est sympa quand même, Michael Hui le vieux voleur, marié à une folle et qui veut arrêter parce qu’il est « trop vieux pour ces conneries » et Jackie, bien, il fait du Jackie…
Bien qu’on soit fan inconditionnel du bonhomme, on ressent parfois ce léger ras le bol. Jackie Chan veut des rôles un peu plus soigné, mais il ne change réellement que trop peu. Il veut tellement prouver au monde qu’il est plus qu’un acrobate, qu’il verse avec Rob-B-Hood dans la bonne grosse comédie familiale sans saveur.
L’élément perturbateur de ce film, c’est le bébé. Trognon à souhait, il en fera voir de toutes les couleurs au trio. Mettre un bébé dans le film était l’idée du film. Le film tend alors vers le cinéma Américain (on pense à Baby-Sittor avec Vin Diesel pour le côté « héros d’action dans un film avec un bébé »), mais aussi avec l’influence évidente de Trois Hommes et un couffin (même si je soupçonne Jackie de n’avoir vu que le remake Américain !). On se retrouve encore une fois avec du réchauffé (Jackie Chan et Louis Koo qui chantent pour calmer le bébé, la drague avec le bébé). Les gags inhérents à ce genre de production sont tous présents.
Malgré tout, on se prend par moment au jeu. Surtout grâce à une complicité entre Jackie Chan et Louis Koo assez perceptible. N’en déplaise aux détracteurs (et ils sont nombreux) de Louis Koo, sa prestation dans Rob-B-Hood est tout à fait honorable et même attachante. Puis on retrouve Michael Hui, superstar comique. On est toutefois déçu de sa sous-utilisation. Le récit est articulé autour du duo Chan-Koo et Hui ne sert finalement que de faire valoir. Il arrive toutefois en quelques instants à nous faire sourire et c’est déjà pas mal. Les seconds rôles sont également assez sympathiques (notamment Yuen Biao, Charlene Choi ou Ku-Feng dans un rôle assez touchant).
Mais le grand problème de Rob-B-Hood, au-delà d’une intrigue complètement stéréotypée, c’est son rythme. Tenez-vous bien, le film dure 2h10 ! L’intrigue tenant déjà sur un ticket de métro est diluée à l’extrême. C’est long. Les scènes d’action se faisant rare (il faut garder en mémoire cette volonté de Jackie de faire l’acteur !), on s’ennuie ferme. Même si c’est souvent bien chorégraphié (la scène d’action avec Yuen Biao), ce n’est pas assez pour emporter l’adhésion. Rob-B-Hood aurait gagné beaucoup en coupant au moins 40 minutes de métrage.
Côté réalisation, rien à dire. C’est impersonnel au possible (Benny Chan est capable de mieux on le sait, même si ce n’est pas un génie). On sent la patte (imposante) de Jackie un peu partout. Le réalisateur rend une copie correcte en assurant donc le strict minimum.
C’est au final, un Jackie Chan bien médiocre que ce Rob-B-Hood. Il est très difficile d’adhérer tant le film est trop long, mal rythmé et bourré de clichés. Pire, le film tombe dans la mièvrerie un peu trop souvent. Ce qui passe dans une bonne production Hong-Kongaise, rend la vision encore plus pénible ici.
Si le spectateur est dans de bonnes dispositions, il peut toutefois se laisser porter par le côté attachant de l’entreprise, notamment grâce aux seconds rôles et à la présence du bébé (vraiment trop mignon).
Jérémy Coifman.
L’expert de Hong-Kong de Benny Chan avec Jackie Chan, disponible en DVD et Blu-Ray chez Metropolitan depuis le 01/07/2011.