Metropolitan Filmexport sort enfin en DVD et en édition limitée Combo DVD/Blu-ray le très attendu Septet, bel ode nostalgique à Hong Kong signée par la crème des grands réalisateurs de la ville : Johnnie To, Sammo Hung, Ann Hui, Patrick Tam, Yuen Woo-Ping, Ringo Lam et Tsui Hark.
7 réalisateurs, 7 regards, 7 histoires, 1 ville : Hong Kong. Initiateur du projet, Johnnie To accompagné de 6 autres réalisateurs unissent, pour la première fois, leurs talents pour composer une symphonie d’histoires en hommage à leur ville. Entièrement tourné sur pellicule, Johnnie To, Sammo Hung, Ann Hui, Patrick Tam, Yuen Woo-ping, Ringo Lam et Tsui Hark, nous partagent leurs visions d’une ville fascinante, des années 50 à aujourd’hui.
Septet est un poignant et ambitieux film collectif voyant 7 des réalisateurs les plus emblématiques du cinéma hongkongais signer un film à sketches en forme d’hommage à leur ville. Johnnie To est à l’initiative du projet et producteur, à la tête d’un prestigieux ensemble réunissant Sammo Hung, Ann Hui, Patrick Tam, Yuen Woo-ping, Ringo Lam et Tsui Hark. L’un des défauts du film à sketches est souvent la qualité inégale de ses segments, mais Septet est clairement une belle réussite à ce niveau. C’est bien simple, hormis un Johnnie To en petite forme avec son récit des bouleversements économiques et sociaux (sur fond d’épidémie de SRAS) vu depuis la table d’un dinner, les 6 autres parties sont de belle tenue même si le Ringo Lam un peu sage brille davantage par son émotion nostalgique que par la rugosité à laquelle nous avait habitués le réalisateur.
Un des points marquants de l’ensemble, c’est la patte de chacun des réalisateurs, parfaitement identifiable, pour le féru du cinéma hongkongais, tant thématiquement qu’esthétiquement sur chacun des sketches avant même le nom de l’auteur visible. Sammo Hung, dans L’Entraînement, rappelle ses difficiles années d’apprentissage au sein de l’Opéra de Pékin, dans une sorte de condensé réussi de Painted Faces d’Alex Law (1988) qui évoquait cette période. Patrick Tam signe un merveilleux Tendre est la nuit narrant l’ultime nuit de deux jeunes amoureux tandis que la fille s’apprête à migrer en Angleterre avec ses parents. L’esthétique pop stylisée épouse le romantisme le plus naïf et sensuel dans un film rappelant les meilleurs moments suspendus de Nomad (1982) ou My Heart is that Eternal Rose (1988). Il est question aussi de romance, mais cette fois chargée de regret car probablement non consommée dans Le Directeur d’école d’Ann Hui. La narration entre passé et présent, la tonalité feutrée et la touche nostalgique oscillent entre la Ann Hui des années 2000 (un parfum de July Rhapsody (2002) ou Une Vie simple (2011) plane) et celle plus explicitement romanesque des années 80/90 (Song of the Exile (1990), Eighteen Springs (1997)).
Malgré la sensibilité forcément singulière des différents artistes, une vraie cohérence se dégage du film. Les sketches suivent une progression chronologique de l’histoire de Hong Kong, mais aussi sociologique. Ainsi Retour au pays de Yuen Woo-ping prolonge le propos sur la migration de Tendre est la nuit qui le précède, mais troque la romance pour le rapprochement générationnel entre une adolescente et son grand-père maître d’art martiaux. La séparation par l’exil du sketch précédent se mue ici en cohabitation espiègle, puis belles retrouvailles célébrant la tradition locale après l’expérience de l’étranger, mais aussi l’ouverture des anciennes générations.
C’est un temps qui passe pourtant difficile à surmonter pour le Simon Yam de La Voie de Ringo Lam, avec cette fois un exilé perdu et mélancolique dans un Hong Kong moderne au sein duquel il cherche les vestiges de son passé. Simon Yam est particulièrement touchant en bougon nostalgique se voyant reproduire le refus du présent autrefois observé chez son propre père. Le jeu de miroir entre passé et présent fonctionne de manière collective (la superposition des photos anciennes des quartiers avec leur aspect contemporain) et intime lorsque Simon Yam entame un dialogue mental avec son père.
Tsui Hark signe un épilogue génialement farfelu avec Conversation profonde, name-dropping des grandes figures HK au sein d’un asile et mise en abyme absurde dans laquelle se glissent quelques éléments biographiques – notamment concernant Ann Hui apparaissant en guest au côté de Tsui Hark.
Septet est un petit bijou propre à enthousiasmer les novices pour creuser l’œuvre passée de ses participants, en enchantant les connaisseurs qui retrouveront leurs icônes dans une forme artistique intacte.
BONUS
Un livret de 56 pages contenant la note d’intention plus personnelle de Johnnie To rendant hommage à son ami Ringo Lam. Puis un autre sur la note d’intention globale, les origines (souvent mélanges d’anecdotes et d’expériences personnelles) et les ramifications entre les différents sketches tout en soulignant une forme de « bottage en touche » de Tsui Hark avec son segment assez différent. On nous y explique également le cheminement difficile du film jusqu’à l’international, entre épidémie du Covid 19 et foudre de la censure qui y a vu « une œuvre affectée par le passé colonial, où les personnages se définissent comme hongkongais avant d’être chinois ».
Le résumé et le contexte de chacun des sketches est présenté individuellement, avec une biographie de chaque réalisateur, suivit là aussi d’un court texte de présentation de leur part.
Un ensemble de virtuose (1min36) : Une featurette promotionnelle se partageant entre scènes de tournage, séquences du film et quelques courtes interventions de Johnnie To, Patrick Tam, Tsui Hark et Ann Hui.
Un travail harmonieux (1min32) : Même type de vidéo promotionnelle mélangeant extraits, moments de tournage et interview des réalisateurs auxquels s’ajoutent ici Yuen Woo-ping.
Justin Kwedi
Septet – Souvenirs de Hong Kong de Johnnie To, Sammo Hung, Ann Hui, Patrick Tam, Yuen Woo-Ping, Ringo Lam et Tsui Hark. Hong Kong. 2020. Disponible en DVD et Edition Limitée Combo DVD/Blu-ray le 11/04/2025 chez Metropolitan Filmexport