L’année dernière, en plus de se prix habituels, le Festival du Film Coréen à Paris (FFCP) a récompensé un film d’animation du prix FLYANI, Architect A de Lee Jonghoon. Celui-ci a donc été invité cette année à venir présenter des travaux de son cru, mais aussi, en tant que producteur, des créations de son studio VCRWorks.
De quelques seconde seulement, Meow (2024) de Lee Jihye est un joli exemple de fluidité du travail d’animation au service de la représentation onirique du lien entre un chat et sa maîtresse.
Stoning de Gim Boseong, le co-directeur du studio (2020) proposait un joli clip musical au service d’un message de tolérance. Ce réalisateur présentait aussi le beau conte urbain sur l’oubli de la nature Sigh of Sighs (2018) et l’hommage aux artistes musicaux qui ont marqué son imaginaire Dis Covers (2104).
Trois épisodes de la websérie Rythmens de Jeon Eunjin (2021) servaient à présenter le travail du studio sur la forme sérielle, au service d’un regard d’enfant émerveillé sur la nature qui l’entoure.
Toon Blast: Cooper’s Magic Potion de Jeon Soeun (2021) et Brawl Stars: Get the Kit! de Kim Jonghwan et Brawl Stars: Sakura’s Spike EP.5 de Lee Jonghoon lui même représentaient le travail de commande du studio, puisqu’il s’agit de trois exemples de courts métrages conçus comme bonus d’un jeu vidéo. Même pour ce travail de commande, on constate le soin apporté par le studio au dynamisme de l’animation, en hommage au slapstick des toons de l’âge d’or hollywoodien.
Pour montrer l’univers de ses collaborateurs en dehors de cette forme imposée, il avait intelligemment choisi des œuvres plus personnelles : Kim Jonghwan était aussi mis à l’honneur avec une œuvre d’une minute, 1984 Redux (2022), sort de proof of concept pour une histoire de science fiction dans une ambiance cyberpunk et Jeon Soeun présentait une fantaisie cousine de L’Œuf de l’Ange, Cage of Psychee (2024) et Nalsum (2022), une courte fiction dystopique, déjà présentée l’an dernier.
Angels with a Sore Yoke de Noh Yukyung (2024), fort de ses 15 minutes de durée, se permettait de développer plus à fond un joli conte musical sur le deuil et la nécessité d’en finir avec le déni du départ de l’être aimé. Dans un style faussement naïf, cette histoire de sirène aveuglée par la tristesse est une des bonnes surprises de la séance.
Le réalisateur lui-même présentait une nouvelle fois Architect A (2022), dont la suite était en compétition parmi la sélection de courts métrages de cette année, et The StarryNight (2017), une nouvelle fois conte sur le passage du temps et le deuil.
Dans l’échange qui a suivi, Lee Jonghoon a cherché à mettre en valeur la cohérence du travail du studio, avec une appétence particulière pour le conte et les genres de l’imaginaire et une mise en avant du travail sur l’animation des animaux et de la nature. Pour survivre, le studio a nécessairement dû accepter des commandes commerciales, mais, malgré les contraintes de l’exercice, l’expérience semble avoir été bénéfique puisqu’elle leur a permis de développer leur portfolio et de se faire un nom. Le fait que cette séance suive celle des Shortcuts dédiés aux enfants a permis un sympathique échange avec les réalisatrices présentes sur la difficulté de trouver le bon équilibre entre liberté artistique et modèle économique. VCRWorks se construit petit à petit une vraie œuvre qui devraient leur permettre de se lancer dans des projets de plus en plus ambitieux. Ils jouent déjà avec l’idée de développer l’univers d’Architect A dans un long métrage ou une série. Quoi qu’il en soit, nous savons que le FFCP saura nous en tenir informés.
Pour information, la plupart des courts sont disponibles sur la chaîne Youtube ou le site officiel du studio VCRWorks, ce à quoi renvoient les liens sur cette page
Florent Dichy
Séance et rencontre organisées lors du FFCP 2024
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