LIVRE – Ringo Lam : L’incendiaire de Sébastien Lecocq

Posté le 1 février 2023 par

Après avoir écumé l’histoire du cinéma hongkongais dans Hong Kong Action : Le sabre, le poing et le fusil de Marvin Montes, les éditions Aardvark reviennent sur l’un de ses plus éminents auteurs avec Ringo Lam : L’incendiaire de Sébastien Lecocq, paru le 6 décembre 2022.

Contrairement à beaucoup de ses pairs de la même époque, acteurs ou réalisateurs, Ringo Lam a toujours quelque peu joué le rôle d’outsider. Parfois dans le moule, parfois iconoclaste, l’enfant de l’archipel hongkongais navigue sur beaucoup de tableaux mais reste aujourd’hui dans les mémoires comme l’un des cinéastes de Hong Kong les plus authentiques de son temps. C’est tout naturellement qu’un ouvrage francophone devait un jour lui être dédié à titre posthume.

Sébastien Lecocq, programmateur de festivals et journaliste de longue date pour les colonnes de Cinémag Fantastique et pour le site HK Mania, prête sa plume aux éditions Aardvark, d’ores et déjà habituées des cultures underground et asiatiques contemporaines. Qui d’autre que Ringo Lam en personne pour s’éloigner des études habituelles sur le cinéma clinquant de l’ex-colonie britannique et s’enfoncer dans les entrailles du véritable Hong Kong, sa violence intrinsèque et son chaos urbain en toiles de fond ? Très vite, Sébastien Lecocq annonce la couleur. Si l’introduction de l’ouvrage pouvait déstabiliser le plus coutumier des lecteurs, en ce qu’elle tend à répéter des acquis et à reproduire le schéma-type de la découverte du cinéma sulfureux de Hong Kong à l’époque des vidéoclubs, la direction choisie par la suite offre un portrait plus que fidèle de Ringo Lam, aussi riche en informations biographiques qu’en analyses esthétiques. Ce dernier qui n’est par ailleurs pas le seul concerné puisque son parcours est indubitablement indissociable de grands noms tels que Tsui Hark, Chow Yun-fat ou Johnnie To. C’est tout le cinéma hongkongais d’avant et d’après la rétrocession qui se laisse alors découvrir au travers de la caméra enragée de Ringo Lam, d’un point de vue plus authentique et intime que ne veut bien permettre celui des studios de production et du star-system.

A contrario de la révolte intérieure primale que peuvent transmettre des métrages comme School on Fire (1988), Full Alert (1997) ou Victim (1999), Ringo Lam est décrit comme la force tranquille du cinéma hongkongais. Engagé et endiablé politiquement mais serein. Plus attaché à parler de sa famille et de sa ville que de son œuvre, nous apprend David Martinez, rédacteur en chef de la défunte revue HK : Orient Extrême Cinéma, lors de passionnants entretiens venant appuyer le texte du livre (en plus des rencontres avec François Cau, Aurélien Gouriou-Valès, Julien Sévéon, Lelo Jimmy Batista et Arnaud Lanuque). Ringo Lam apparaît comme un paradoxe à lui tout seul et que sa filmographie confirme à chaque instant, de la violence brute aux sentiments, de la comédie au polar, de l’artisanat d’un projet aux plus importants budgets alloués à ses productions. Et c’est bien ce que l’on recherche dans un tel ouvrage : être surpris, emballé et conquis par le voyage implacable dans les ruelles fumantes de Hong Kong que Ringo Lam promet à son audience, et que Sébastien Lecocq pérennise en retour.

Richard Guerry.

Ringo Lam : L’incendiaire de Sébastien Lecocq. Paru aux éditions Aardvark le 06/12/2022.

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