Festival Allers-Retours 2020 – Together Apart de Qu Youjia

Posté le 26 février 2020 par

Parmi la belle programmation de cette troisième édition du Festival Allers-Retours se trouvait le premier moyen-métrage de Qu Youjia : Together Apart.

L’histoire se déroule comme suit : Xiaoqin retrouve chez elle son père récemment décédé. Elle et sa mère doivent alors lui dire au revoir une dernière fois pour qu’il puisse définitivement reposer en paix.

On tâtonne pendant les premières minutes de ce film. Un homme âgé est de retour chez lui, mais sa femme, comme sa fille, ne semblent pas comprendre ce qu’il fait là. On suspecte que l’homme a la maladie d’Alzheimer et s’est par exemple échappé d’un hôpital. On reste dans l’expectative d’un diagnostic, d’une explication à sa présence, jusqu’à comprendre que le grand-père est en fait décédé, et que la famille rentre tout juste de ses funérailles. La mère et la fille se demandent alors la cause de ce retour, et chacune se questionne sur sa part de responsabilité. Un mensonge ou encore un oubli lors du rite mortuaire vont alors construire ces retrouvailles et les teinter d’inquiétudes, et d’introspection.

 

Qu Youjia nous livre un film délicat, qui brasse de vastes thématiques comme le regret, ou la capacité à faire son deuil. Le réalisateur dédie ce film à son grand-père, et ce n’est pas surprenant quand on voit la place du petit-fils et la relation qu’il entretient avec son grand-père dans le film. Cet enfant, de par sa jeunesse, vient questionner notre rapport au temps et au souvenir. La plus belle scène de ce moyen-métrage voit ce petit garçon regarder des photos de ses ancêtres, jusqu’en arriver aux photos de sa mère. Les photos deviennent alors une métaphore du temps qui passe et de notre mémoire qui s’efface comme ces photos datées.

A l’instar de Gu Xiaogang, avec son Séjour dans les monts Fuchun, le montage est ponctué de plans sur la nature, qui a ici une portée quasi surnaturelle. Le bruit des oiseaux, la rivière ou la forêt sont comme des réverbérations d’un au-delà que le grand-père devra inexorablement rejoindre. Cela permet d’instaurer un climat doux-amer, entre réunion inespérée et chagrin des adieux. A cela s’ajoute une utilisation ingénieuse de la lumière qui vient conforter cette ambiance fantasmagorique.

Together Apart est donc un joli métrage qui nous donne envie de suivre son réalisateur, et confirme nos espoirs dans la nouvelle génération de cinéastes chinois.

Marie Culadet

Together Apart de Qu Youjia. Chine. 2019. Projeté au Festival Allers-Retours 2020

 

 

 

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