Critique de One Piece Z de Nagamine Tatsuya : une franchise à l’épreuve du temps

Posté le 21 avril 2013 par

Le 15 mai sortira dans nos salles le film d’animation One Piece Z de Nagamine Tatsuya. Les films d’animation sur grand écran se font rares dans nos contrées et quand l’un d’entre eux n’est pas du studio Ghibli, cela attire forcément notre attention, surtout quand il s’agit de l’une des franchises les plus connues et adoubées en France. Confirmation du succès précédent, One Piece Strong World, ou effet de lassitude ? Par Julien Thialon.

Dans l’animation japonaise d’aujourd’hui, One Piece est le point d’union entre la France et le Japon parmi les shōnen à rallonge, Bleach et Naruto ayant été délaissés depuis bien longtemps par nos amis japonais tandis que Fairy Tail (la série est en pause au Japon) essaie de percer. Les records de vente du manga de Eiichirō Oda explosent au Japon et s’octroient dans sa catégorie les premières places dans nos librairies françaises. Côté animation, les chaînes françaises s’assurent une diffusion en version française à un large public et les sites de fansubs sont au taquet si bien que la release du dernier épisode (on approche du 600ème) est disponible le lendemain de sa diffusion au Japon, pour le plus grand bonheur d’une communauté d’otakus qui plébiscitent cette série depuis sa création en 1997 !

One Piece

Comme tout succès, des longs métrages d’animation ont vu le jour au Japon (sans impact scénaristique significatif sur la série, donc dispensable) et le phénomène est tel qu’il a dépassé le cadre du shōnen numéro 1 en France pour être porté sur grand écran. One Piece Strong World a eu cet honneur en août 2011 (voir critique ici), attirant un peu plus de 20 000 fans dans l’hexagone sur 21 copies distribuées. Pour ce 10ème opus, Oda avait participé en tant que superviseur de la production. Le mangaka s’attribue cette fois officiellement le rôle de producteur pour encadrer son manga vedette et s’est amusé à faire le chara design des personnages, « le reste n’a été que souffrances ! (rires) « . Le réalisateur Nagamine Tatsuya, fan assidu du manga, a été facilement convaincu par la Toei Animation, et ses expériences cinématographiques bien que méconnues chez nous (Digimon savers – The Movie, Yes! PreCure 5 The Movie: Great Miraulous Adventure in the Mirror Kingdom!) plaident en sa faveur et nous permettent d’espérer un divertissement de premier ordre.

Eiichirō Oda,

Le film s’ouvre sur une chanson aux airs d’un Pirates des Caraïbes pour rapidement se diriger sur une île où l’on découvre Z (alias Zéphyr), un ancien amiral de la marine reconverti en exterminateur de pirates sous sa fondation Néo-Marine et muni d’un énorme bras droit mécanique – le Smasher – dévastant une à une les vagues de marines déferlant sur sa grande carrure musclé pour faire exploser la première des trois îles dans le but plus sombre encore d’éradiquer la confrérie des pirates même si cela menace la survie du monde entier. Le décor est planté : animation soignée par les mouvements de personnages et l’incrustation des images de synthèse, combats agréables à suivre surtout quand la caméra suit le mouvement des combattants, et bande-sonore efficace.

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Cet hors-d’œuvre fait place ensuite aux retrouvailles avec nos personnages habituels si charismatiques, une nette préférence allant à Chopper et Luffy dont les produits dérivés se vendent comme des petits pains et qui à la moindre mimique feront glousser de plaisir n’importe quel fan à l’instar d’un Totoro de Miyazaki. Et c’est là qu’une problématique paradoxale va se poser et se poursuivra tout le long du film. Comment équilibrer un récit avec du fan service, qui se nourrit de lui-même au profit d’une communauté demandeuse qui ne cesse de grandir, et la volonté de proposer un scénario fluide et cohérent ? Le réalisateur ne semble pas avoir trouvé de réponse à cette question si bien que le film est pris à son propre piège concernant la construction narrative. En effet, la volumétrie des personnages est impressionnante mais la réalisation donne lieu à une uniformisation dans leur temps de présence, chaque personnage ayant sa petite séquence pour s’affirmer. Nagamine Tatsuya choisit de prôner l’équité au détriment du scénario, choix compréhensible et consensuel au vu des publics visés. Néanmoins, cela a pour conséquence une succession de longueurs dans un scénario prévisible qui reprend les recettes inexorables des différents arcs composant la série : flashbacks, baston et charisme. Mais pourquoi s’affranchir d’un procédé universel bien huilé ?

Chopper

En se mettant dans la peau d’un aficionado de la série, il est bien difficile de ne pas se laisser prendre au jeu quand bien même après l’explication fournie précédemment. Offrant de bons ascenseurs émotionnels, un accent a été mis sur les combats où s’extirpe une certaine singularité bien qu’inégale. Outre de bonnes idées sur l’utilisation des fruits du démon de la part des lieutenants de Z, certains combats sont renversants, l’apogée étant atteint dans un face à face caméra embarquée  entre Zoro et l’un des bras droit de Z, les images de synthèse s’incrustant à merveille : sublime et dommage qu’il n’en soit pas toujours ainsi, la confrontation finale pouvant laisser de marbre.

Succès phénoménal au Japon avec près de 6 millions de spectateurs, le film remplit sobrement son office et ravira les fans. Cependant, la série n’étant qu’à peine à la moitié, un effet de lassitude peut commencer à pointer le bout de son nez pour certains.

 

Verdict :

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Julien Thialon.

One Piece Z de Nagamine Tatsuya sortira dans les salles françaises le 15 mai prochain.

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