Netflix – Pandora, de Park Jong-woo : Héroïsme larmoyant et patriotisme manichéen

Posté le 14 avril 2017 par

Netflix, continuant à étoffer son contenu, nous permet aujourd’hui de découvrir Pandora, film catastrophe centré sur une centrale nucléaire. En ces temps où l’écologie est au cœur de beaucoup de préoccupations, mais où les hommes politiques semblent continuer à s’en moquer, le cinéma essaie, avec plus ou moins de brio, de brasser les thématiques du risque du nucléaire. Sono Sion avait ainsi livré le chef d’œuvre Land Of Hope, et c’est donc au tour de la Corée de s’y intéresser avec Pandora.

Park Jong-woo, le cinéaste derrière cette œuvre, livre ici son tout premier film. Cependant, avec un budget confortable, une durée assez longue (plus de deux heures) et un sous-texte mystique (la boite de Pandore), nul doute que le but était ici d’offrir un blockbuster, tout autant une œuvre impressionnante qu’un moyen de glorifier la Corée toute entière luttant contre un fléau qui la dépasse.

pandora

Et c’est ainsi que le film débute, de manière certes maladroite mais pas inintéressante. Après une voix off faisant référence à la célèbre boîte donnant son titre au film (et donc allégorie sur le nucléaire), des enfants parlent du bonheur d’avoir une centrale proche de la ville, offrant électricité, travail et confort aux habitants. Puis le spectateur découvre ces enfants qui ont grandi. Ils travaillent tous à la centrale, seul endroit offrant du boulot ou presque, et se révèlent désabusés. Sauf le héros, bien entendu, qui hait cette centrale et ne rêve que d’une chose, quitter cette ville pour gagner sa vie d’une autre manière. Personne ne comprend ses velléités contre la centrale, et tout le monde essaie de noyer ses ambitions.

Passée cette longue présentations de personnages certes charismatiques mais classiques, qui se révèlent attachants, le film démarre véritablement avec la catastrophe qui va être au cœur du récit. Un tremblement de terre, mettant à mal la centrale vieillissante, va créer une fuite de radiations, qui va s’intensifier alors que plusieurs explosions surviennent, et que le risque de voir la moitié de la Corée rasée et irradiée devient envisageable. Fort logiquement, le président, complètement dépassé, découvre qu’on lui a caché des rapports alarmants et, ne sachant pas quoi faire, laisse les autres décider pour lui. On dissimule donc les risques, on essaie d’enfermer les survivants pour taire la panique, on empêche l’utilisation d’eau de mer pour éteindre l’incendie, espérant pouvoir réutiliser la centrale, et bien d’autres choses.

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Si mettre en avant la peur des gens, leur incompréhension face aux risques des irradiations et les manipulations des politiciens n’est pas original, bien traité cela aurait pu se révéler intéressant et extrêmement crédible. Hélas, ce n’est qu’un moyen de montrer le président se ressaisissant et, assumant ses responsabilités, osant s’excuser et faire des choix judicieux. Ce n’est qu’un moyen de montrer des hommes simples, galvanisés par le courage du président, et osant se sacrifier pour la survie du pays, le tout avec des séquences larmoyantes de pathos mal géré s’étirant de longues, très longues minutes.

Et c’est ainsi que Pandora, mis à part quelques séquences catastrophes plutôt bien mises en scène, devient patriotique et larmoyant sur toute sa durée et, malgré de véritables qualités, que ce soit dans la réalisation, parfois anxiogène ou montrant avec brio des séquences de panique, ou dans le jeu d’acteurs, ne fait qu’agacer. Les scènes de paniques ne sont que des moyens de montrer le courage de vrais patriotes, et la vilenie de certains hommes politiques, la bonne solution pour montrer à quel point le président se doit d’être courageux.

Yannik Vanesse.

Pandora, de Park Jong-woo (2016). Disponible sur Netflix.

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