La 34ème édition du Brussels International Fantastic Film Festival permettait de découvrir, sur grand écran et en 3D, un wu-xia pian de marionnettes taïwanais. Le film, présenté en compétition internationale, a reçu une mention spéciale du jury, qui ne s’est pas trompé en voulant récompenser l’audace et l’inventivité du film.
La famille derrière The Arti: The Adventure Begins est marionnettiste de génération en génération. Aidée ici par des fonds étrangers, elle livre un spectacle assez hallucinant, mais au scénario plutôt classique. En effet, le film suit un frère et sa sœur, cherchant à renouveler l’énergie d’Arti-C, homme de bois créé par leur père. Mo voit en lui son frère et son compagnon, et surtout la seule chose qu’a laissée son père, mort assassiné. Mo est un rêveur et un homme de science (comme l’était son père) et pense que, finalement, le seul capable de le comprendre est le silencieux Arti-C, mais celui-ci s’affaiblit et a besoin de renouveler son énergie. Tong, la sœur de Mo, est jalouse de l’affection de ce dernier pour Arti-C mais, aimant son frère plus que tout, elle le suit et l’épaule, de ses conseils et de ses poings. Ils vont être confrontés à un prince fourbe et cruel, épaulé de combattants en bois, et d’un peuple vivant caché, en accord total avec la nature. Ils communient avec les animaux grâce à une source d’énergie étrange, qui leur donne quelques pouvoirs. A cela s’ajoutent les manipulations d’une femme sensuelle. Ainsi, le spectateur découvre un wu-xia pian très classique dans son récit, avec beaucoup d’Avatar et des elfes du Seigneur des anneaux dans sa manière de présenter le peuple caché et communiant avec la nature, ainsi qu’une grosse touche de steampunk grâce aux guerriers faits de bois.
Les personnages sont cependant attachants, leurs relations, certes classiques, sont bien construites, et l’émotion, toujours présente, déborde de l’écran pour saisir le cœur des spectateurs. De même, les nombreux combats sont superbement mis en scène, entre ralentis et cascades, et l’ennui n’est jamais présent.
Et tout cela est mis en place grâce à des marionnettes, des décors en maquettes impressionnants (un making of, durant le générique, permet d’avoir un aperçu du travail titanesque fourni) et des fonds verts développant digitalement les détails lointains et l’horizon. Visuellement, The Arti: The Adventure Begins est tout simplement à couper le souffle. Les personnages sont extrêmement vivants, leur visage retranscrivant les émotions bien mieux que de nombreux acteurs, et les cascades sont de toute beauté. Les décors dans lesquels évoluent nos protagonistes sont variés, et magnifiques.
Ainsi, c’est avec plaisir que l’on peut se laisser porter par l’histoire, malgré son classicisme, et, emporté par l’émotion et l’action, s’attacher à la famille de héros et espérer les voir affronter de nombreuses épreuves. Arti: The Adventure Begins a peu de chance, de par sa construction, de parvenir un jour sur nos écrans, et c’est bien dommage. On ne peut que remercier le BIFFF d’avoir permis de découvrir dans de belles conditions un tel film, à la 3D très bien utilisée, et qui se révèle visuellement très dépaysant. Reste à espérer que le réalisateur et le reste de sa famille continueront à travailler sur ce genre de films, tout en emmenant ses spectateurs dans une histoire plus originale.
Yannik Vanesse
The Arti: The Adventure Begins, de Huang Wen Chang (2015), projeté lors de la 34ème édition du Brussels International Fantastic Film Festival.