Critique DVD : Le voleur de lumière d’Aktan Arym Kubat, carte postale du Kirghizistan

Posté le 28 août 2013 par

Neuf ans après Le singe (Maimil), l’attachant réalisateur kirghiz Aktan Arym Kubat revient avec Le voleur de lumière, disponible en DVD. Une fenêtre ouverte sur le petit pays d’Asie centrale rarement vu au cinéma. Par Victor Lopez.

Le Voleur de lumière

Le titre néo-réaliste du dernier film d’Aktan Arym Kubat ne ment pas sur le positionnement du cinéaste, qui axe sa dernière œuvre sur la volonté du cinéma italien d’après-guerre (dont Vittorio De Sica et son Voleur de bicyclette) de montrer le réel d’un pays et sa situation sans fard. C’est ainsi d’abord l’aspect social du film qui saute aux yeux, son parti pris documentaire, qui prend comme prétexte les mésaventures d’un électricien distribuant aux plus démunis la lumière d’un petit village perdu au milieu d’un pays déjà au milieu de nulle part, pour présenter un mode de vie rarement vu à l’écran.

C’est à la fois une force et une faiblesse : nous ne nous plaindrons pas d’un côté d’avoir une carte postale d’un pays si peu représenté ces dernières années au cinéma (le réalisateur, qui a pourtant bénéficié d’une reconnaissance internationale avec ses derniers films a mis 9 ans pour boucler le budget de celui-ci), mais de l’autre, cela lui confère les tares d’un cinéma ethnographique, basé sur une observation minimaliste du réel. D’autant que paradoxalement, c’est un sentiment de déjà-vu qui prévaut à la vision des codes que l’on peut retrouver dans ce cinéma d’Asie centrale, produit par les boîtes européennes (souvent allemandes et françaises) pour l’Occident, comme dans celui de Byambasuren Davaa, réalisatrice de Mongolie ayant signé Les deux chevaux de Gengis Khan. Toujours cet attachement exotique à la description de coutumes, que la modernité tend à faire disparaître.
Le Voleur de lumière

Heureusement, le film ne joue pas uniquement sur le pittoresque. Cette modernité menaçante pour le mode de vie du village est incarné par un homme politique aux dents longues, bien décidé à mettre la main sur les richesses du village (même si celles-ci sont si peu nombreuses que l’on se demande au bout d’un moment ce qu’il cherche vraiment ici…). Se nouent alors les prémisses d’une fable morale et mafieuse qui mêle corruption, oppose les générations – entre ceux qui veulent défendre leur village et se retrouvent muselés et les jeunes sans scrupules, qui parle des immigrés partant sans succès faire fortune en Russie, et de l’omniprésence de la Chine, rendant compte de la situation géographique du pays.

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Mais le film reste assez flou sur tout cela  et perd ses débuts d’intrigues dans un flottement vague. Rien ne semble se nouer, rien n’aboutit vraiment. Les pistes de cette lecture politique sont bien montrées, elle est présente par touches impressionnistes, mais on aurait aimé les explorer plus avant.

Reste alors l’écriture des personnages, qui arrive à les rendre touchants et attachants, surtout le couple meurtri que forme notre héros, M. Lumière, et sa femme. Mais c’est finalement bien peu pour un film qui semble s’évaporer au fur et à mesure de sa vision. Dans l’interview qui accompagne le DVD, le cinéaste explique avoir travaillé sans scénario, ce qui explique cette structure lâche, procédant par scénettes documentaires manquant un peu de souffle venant unifier tout cela.

Verdict :

Mouais copier

Plaisante et instructive, la dernière œuvre d’Aktan Arym Kubat se suit avec plaisir et sans ennui, mais on ne peut s’empêcher de demander plus à un cinéaste qui n’arrive pas à pleinement actualiser les atouts de son film, qui reste ici comme en germe.

Victor Lopez.

Le voleur de lumière, disponible en DVD édité par Zed Productions depuis le 18/06/2013.

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