Cold Fish : mauvaise pêche pour Wild Side ?

Posté le 7 avril 2012 par

Alors que la sortie au cinéma de Guilty of Romance a été confirmée pour juillet au cinéma, le précédent métrage de Sono Sion, Cold Fish, semble refroidir les ardeurs de son acquéreur, Wild Side, qui ne cesse de repousser sa sortie… au point de définitivement noyer le poisson en le sortant uniquement en VoD (ou pas du tout…) ?

Deauville, Mars 2011. Benjamin Gaessler s’avance confiant sur la scène du CID pour recevoir le prix de la critique internationale (ou le Lotus Air France, au choix) décerné à Cold Fish de Sono Sion lors de la clôture du Festival du film asiatique. Le responsable communication de Wild Side nous avait confirmé quelques jours plus tôt la sortie en salles du Sushi Typhoon signé par le réalisateur de Suicide Club sous la houlette du Pacte et de Wild Side. Et ce, même si la politique de la maison est maintenant de limiter la casse en évitant les coûteuses sorties cinéma, afin de se concentrer sur les DTV, plus sûrs et plus appréciés du grand public. Mais alors que la reconnaissance critique de Sono Sion n’allait pas cesser de s’amplifier, entre ce prix et sa présence remarquée à Kinotayo, en passant surtout par une sélection cannoise en mai (sauvant la Quinzaine des réalisateurs de l’ennui, et l’honneur du cinéma japonais à cette édition de Cannes) de son métrage suivant, puis à Venise avec un prix pour Himizu à la clef, la sortie de Cold Fish n’a eu de cesse d’être repoussée, avant d’être finalement annoncée directement en vidéo pour 2012.

Février 2012. Alors que nous relancions Wild Side sur le film et une proposition de partenariat autour de celui-ci, la nouvelle tombe, lapidaire : « Finalement le titre ne sortira pas en physique mais uniquement en VOD.« , sans plus de précisions.

À la base, l’idée peut finalement sembler judicieuse et inaugurer un nouveau type de diffusion, plus en phase avec les modes de visionnage contemporains. Mais cela implique une double condition : d’une part que le titre soit une vraie nouveauté et que les amateurs ciblés par ce type d’opération n’aient pas déjà vu le film par d’autres moyens (en téléchargement illégal), et d’autre part qu’une édition physique, par exemple prestigieuse et limitée, vienne combler les attentes des collectionneurs (qui, eux, ont pu se procurer leur galette en import). Avec un film attendu et repoussé depuis plus d’un an, disponible partout dans le monde et sur la toile, le choix de le diffuser uniquement en VoD ressemble plutôt à un signe d’impuissance de la part de l’éditeur, qui donne l’impression de jeter l’éponge face à un film encombrant dont il ne sait que faire. L’absence de communication sur le titre tend à confirmer cette impression, voire à se demander si le film sortira un jour, ne serait-ce qu’en VoD. À moins que l’éditeur ne surveille ses voisins, pour voir si Sono Sion peut être bankable en France.

Ainsi, à l’inverse des tergiversations du chat noir, Zoothrope Films, qui a acquis les droits de Guilty of Romance, parie sur son film en le sortant en salles le 25 juillet. Nous avons bien sûr envie de saluer cet acte cinématographique fort et courageux, qui va enfin permettre à un public plus large de découvrir le cinéma de Sono Sion. Mais la concurrence va être rude : outre le Dark Knight qui s’envole à la même date, hasard du calendrier, Le Pacte et Wild Side ont choisi ce même mercredi du milieu de l’été pour sortir… Headshot de Pen-ek Ratanaruang. Avec The Raid, qui sort plus malicieusement le 20 juin, (soit avant les blockbusters super-héroïques d’action), et Tokyo Park de Aoyama Shinji, qui touche un autre public fin août (soit avant l’embouteillage de la rentrée), ce sont bien entendu les seuls films asiatiques de l’été, qui ont les mêmes cibles en cette période moins propice aux découvertes et aux aventures cinématographiques… Difficile d’être enthousiaste devant cette mise en concurrence forcée, que l’on peut malheureusement prévoir néfaste pour les deux films. Mais il vaut mieux laisser leur chance aux films en les envoyant à une exécution rapide mais que les amateurs remarqueront peut-être, plutôt que de les laisser mourir à petit feu dans des fonds de tiroirs sans jamais les exposer.

Victor Lopez.