Publié chez Ki-oon depuis le mois de juillet 2010, Pandora Hearts compte à présent 8 volumes traduits en français et s’est vendu à plus de 120 000 exemplaires. C’est maintenant au tour de KAZE d’acquérir la licence de la série animée, comprenant 25 épisodes de 24 minutes chacun et neuf petit OAVs. Édité sous la forme de trois coffrets, le premier est sorti le 6 juillet 2011. Petit aperçu du contenu par Vanessa Harnay.
Pandora Hearts conte l’histoire d’Oz Vessalius, héritier d’une des grandes familles ducales. Le jour de la cérémonie du passage à l’âge adulte, ce dernier se voit précipité dans l’Abysse, une prison située dans une dimension parallèle où seuls sont envoyés les criminels les plus infâmes et dont il est impossible de s’échapper.
Son crime ? Exister…
Dès lors, il n’aura d’autre choix pour s’évader que de nouer un contrat avec une « Chain » : Alice, aussi connu sous le nom de B-Rabbit, qui cherche également à fuir ce monde pour retrouver ses souvenirs.
Hélas, ce genre de pacte est puni par les lois de Pandora, l’organisation chargée de faire respecter l’ordre public. En réalité, elle n’est qu’une façade qui couvre les agissements de cette étrange prison.
S’engage alors une véritable course contre la montre pour Oz, qui, pour survivre, devra percer les mystères de l’Abysse.
La critique :
Comportant neuf épisodes, ce coffret couvre les trois premiers volume du manga.
Outre, les six stickers, les deux cartes postales, et le note book, le packaging offre un beau visuel, tant au niveau de la boîte, que du DVD ou même de l’interface.
Reprenant l’esprit d’Alice au Pays des Merveilles, les épisodes sont titrés sous forme de carte et le curseur revêt la forme d’un cœur.
Côté animation, sachez que c’est Kato Takao, à qui on doit notamment Sorcerer Hunters, To Love-ru ou encore Buso Renkin qui s’occupe de la réalisation. Le scénario à quant à lui était confié à Sekijima Mayori (Angel Sanctuary, Clamp School Detectives…), le character design et la direction de l’animation sont de Kobayashi Chizuru et Yamaoka Shinichi (Canditate for Goddess, D.N.Angel).
Si vous ne saviez pas que Kajiura Yuki était au commande de la musique, l’opening vous aurez immédiatement mis sur la voie, tout comme le reste de la bande son.
Hélas, trois fois hélas, si les compositions sont toujours aussi magnifiques, le rythme de l’action ne lui font pas honneur.
En effet, même si l’animation reste au final assez fidèle à l’œuvre de Mochizuki Jun, les fans risqueraient, sans doute, d’être un peu déçus.
Les titres des épisodes conservent le charme des chapitrages avec leurs en tête en alphabet occidental, doublé d’un sous-titre en japonais, mais passé ce détail, les puristes risquent de crier au scandale.
Et ce, dès le premier épisode où une faute de sous-titrage fait se demander si le traducteur a vraiment pris la peine de lire le manga, ou ne serait-ce que de terminer le visionnage de l’épisode avant de commencer sa traduction.
Une erreur qui peut effectivement paraître anodine, qui n’est qu’un détail – qui se soucie réellement de comment se déroule la cérémonie de passage à l’âge adulte d’Oz ? Mais une erreur impardonnable qui aurait de quoi dégoûter les fans devant ce manque de quoi… ? « professionnalisme » ? (Un manteau, n’est pas une corde !)
La force du manga ainsi que son appréciation résident dans son univers macabre et dans ses personnages charismatiques et décalés. Dans la série animée, l’ambiance lugubre est sans cesse entrecoupée par la touche d’humour chibiesque, faisant ainsi perdre en intensité et en crédibilité l’histoire. La tension dramatique chute et on a parfois du mal à raccrocher. Ce qui apparaissait comme léger et dédramatisant dans le manga – l’auteur elle-même ayant recours à ce procédé – devient lourd et redondant dans l’animation, du fait de sa durée.
Les musiques de Kajiura Yuki, censées apporter plus d’émotion, paraissent à certains moment inappropriées, voir hors contexte.
Mais que les fans se rassurent, après un long détour, on retrouve enfin nos héros et l’atmosphère qui va avec. OUF !
Présenté comme une bande-annonce muette – texte et des images – la preview sera votre lot de consolation et vous tiendra en haleine, vous incitant à poursuivre votre aventure pour percer les mystères de l’Abysse. On fermera donc les yeux sur le faux raccord avec le texte japonais dans l’épisode 9.
Les trois bonus, présentés dans le DVD vous offrent un regard nouveau sur Pandora Hearts.
En effet, tout comme Mochizuki Jun s’amuse à détourner certains passages dans son manga, vous trouverez dans ces micro-épisodes, une courte histoire, digne de la couverture – pour peu que vous ayez songez à en enlever la protection.
Vous avez donc rendez-vous avec le détective Break, Alice assaillie de déclarations et le Lycée Pandora !
Pour ceux qui seraient déçus de ne pas trouver de traduction ou de sous-titres pour le karoake, lors de l’opening ou de l’ending, sachez que vous les retrouverez également en bonus.
Seul hic, ils se trouvent sur le DVD 1 et non le DVD 2 comme annoncé.
L’influence de Lewis Carrol.
Mais peut-on réellement parler de Pandora Hearts sans faire référence à Alice aux Pays des Merveilles ?
Assurément non !
L’histoire est tellement imprégnée de cet univers qu’il est difficile de ne pas y penser.
Ainsi Oz à la même insouciance que la jeune Alice de Carroll, et, tout comme elle, il possède une jeune chatte, prénommée Dinah.
De plus, de part son sceau, il tient aussi du Lapin Blanc : il est pressé par le temps. Mais celle qui possèdent le plus de ces caractéristiques carrrolliennes est sans conteste Alice. Dans un premier temps, elle sert de « guide » à Oz, en plus de posséder le même prénom que l’héroïne du livre éponyme, à qui elle finira par ressembler. En tant que B-Rabbit, elle apparaît également sous la forme d’un Lapin Noir, habillé d’une redingote.
De par son côté excentrique, imprévisible et son penchant pour le thé et les gâteaux, Break est lui-même une grossière caricature du Chapelier Fou. On apprendra plus tard, que sa Chain n’est d’autre que Mad Hatter.
Quant à l’Abysse dans laquelle Oz est plongé, elle n’est pas sans rappeller Alice tombant dans son trou sans fond. Présentée comme un coffre à jouet détraqué, cette prison est le sombre reflet du Pays des Merveille. Avec son décor surréaliste, on se croirait tout droit projeté au coeur d’une des peintures de Dali ou Magritte.
Notons, par ailleurs, qu’au début de l’histoire, Gilbert se fait posséder par Dedlum, qui renvoit directement aux jumeaux Tweedle Dum et Tweelde Dee.
Alice aux Pays des Merveilles a inspiré de nombreux mangas, donnant souvent lieu à des épisodes spéciaux et/ou parodique comme pour Ouran Host Club ou Black Butler.
Au contraire, dans Pandora Hearts, il souffle un vent de Lewis Carrol, distillé savamment au gré de l’histoire, donnant lieu à des personnages et une intrigue à part entière.
Conclusion :
Pour ceux qui souhaiteraient découvrir la série sans passer par le manga, ces épisodes paraissent être un bon compromis. Les fans de Mochizuki Jun, appréciant la profondeur de son récit et des ses personnages, pourront s’avérer déçus, autant pour les fautes maladroites de traduction (trop synthétisée en japonais, trop longue et éloignée de la réalité en français).
Malgré les magnifiques compositions de Yuki Kajiura, l’animation reste assez décevante. La dynamique des planches, essentielle à une telle histoire, s’essouffle au travers le mouvement du dessin.
Vanessa Harnay.
Pandora Hearts, série animé de Tako Takao, disponible en coffrets DVD, édités par Kazé, depuis le 06/07/2011.