Bollywood ou la dure vie des préjugés

Posté le 25 avril 2011 par

Première industrie cinématographique produisant près de trois films par jour, Bollywood désigne le genre le plus populaire du cinéma indien. Malgré des exportations dans les pays d’Afrique, du Moyen-Orient, du Maghreb et de l’Asie du Sud Est, les films Bollywood restent encore marginalisés en Occident où règne une vision étriquée, très fortement ethnocentrée voire phallocentrée, cantonnant Bollywood à des films pour midinettes aimant s’extasier devant des histoires « de princesses et d’éléphants magiques » (suivez mon regard). Par Sonia Recasens.

Cette frilosité à l’égard d’un cinéma riche d’une longue et passionnante histoire est assez surprenante. Petit rappel : le premier film à sortir des studios indiens est Raja Harishchandra en 1913, film muet de Dadasaheb Phalke. Il faut attendre 1931 pour voir le premier film sonorisé indien Alam Ara d’ Ardeshir Irani. A cette époque, la production cinématographique en est déjà à 200 films par an. Enfin, c’est à Ardeshir Irani que l’on doit les premiers films couleur en hindi : Kisan Kanya (1937) et Mother India (1938). Malgré une histoire cinématographique longue de près d’un siècle, trop peu d’études sérieuses dédiées à Bollywood dans les revues cinéphiles (on retiendra notamment le n°577 de Positif), et rares sont les séminaires dans les universités qui lui sont consacrés.

Nous est donc donné ici l’occasion de développer une analyse sérieuse et libre d’une industrie cinématographique ouvert sur le monde, passionné de cinéma, s’inspirant des comédies musicales hollywoodiennes, comme des films d’actions, des clips MTV, de la littérature indienne et occidentale. Partant du principe qu’en cinéma tout est permis, les réalisateurs et producteurs de Bollywood s’attachent moins à recréer une vraisemblance, qu’une véritable fiction où se mêle différents registres : drame, comédie, action, romance, politique… le tout dans un seul et même film. Ce mélange des genres faisant le succès et le charme des productions bollywood est appelé masala. Aux antipodes d’Hollywood, le public indien cherche non pas des prouesses techniques ou une histoire crédible mais un film à grand spectacle où l’on chante et danse, où l’on rit et pleure. Car en Inde, le cinéma se vit. En effet dans les salles de cinéma indiennes il est fréquent que le public se lève, chante, danse, cri, applaudisse… Genre extrêmement populaire, Bollywood est un cinéma fédérateur qui n’hésite pas à s’engager en abordant des sujets difficiles : les conflits religieux ( Delhi 6 – 2009), la place des femmes ( Chak De ! India – 2007), les castes, le conflit indo-pakistanais ( Main Hoo Na – 2004), la corruption ( Guru – 2007), etc.

East Asia, plateforme de tous les cinémas asiatiques, vous propose régulièrement un regard aussi éclairé que passionné sur des bollywood qui font l’actualité en Inde comme en France, mais aussi sur des films coup de cœur de la rédaction.

Sonia Recasens.

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