Un livre indispensable, à coup sûr. Indispensable pour les amoureux de l’œuvre de Yang (notons que ce cinéaste mort en 2007 demeure trop peu connu en France). Indispensable pour ceux qui n’ont vu que son film le plus fameux, Yi Yi (et ont été touchés, voire bouleversés par ce film, quand bien même on pourrait en pointer les limites). Indispensable enfin pour tous les amateurs de cinéma. Asiatique ou non. Par Antoine Benderitter.
C’est dire à quel point le livre de Frodon relève haut la main le défi posé par son statut de première étude sur Yang à destination du public français. Défi qui en fait d’emblée un ouvrage de référence: il se devait donc d’être accessible. Il le paye par un découpage un peu scolaire: on commence par la biographie ; on poursuit par l’analyse film par film ; suivent l’iconographie, les hommages, les réflexions diverses sur l’homme et l’œuvre. Le plaisir de lecture n’en pâtit guère: l’académisme de l’approche ne vire jamais à la sécheresse, et sait nous restituer les multiples facettes d’un homme attachant. Les néophytes se réjouiront de cette approche rationnelle, didactique, qui aurait sans doute plu à l’ingénieur que Yang était aussi. Quant au passionné, gageons qu’il trouvera lui aussi de quoi se sustenter, tant la matière est riche.
Bref, une fois encore, voilà un achat indispensable. Sa plus belle vertu : nous donner l’envie pressante de découvrir tous les films de Yang, dont à ce jour seul Yi Yi est édité en DVD dans l’Hexagone. À quand une sortie de A Brighter Summer Day et des autres ? Une absence étrange, qui confine au scandale.
Antoine Benderitter.
Le Cinéma d’Edward yang, de Jean-Michel Frodon. Disponible aux éditions Eclat Eds De L’ depuis novembre 2010.
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Dossier: Hommage à Edward Yang par Anel Dragic.