DVD – La Légende de Miyamoto Musashi d’Uchida Tomu, premier volet du cycle Miyamoto Musashi

Posté le 13 juin 2015 par

Wild Side a édité il y a quelques mois, dans un coffret de toute beauté, un cycle de chanbara s’étant étendu sur plusieurs années (de 1961 à 1970) et reprenant un guerrier mythique japonais : Miyamoto Musashi

Au départ des films, il y a une oeuvre littéraire en deux parties : La Pierre et le sabre, et La parfaite Lumière, de Yoshikawa Eiji. Ce cycle reprend l’histoire d’un personnage célèbre, mais en le romançant pour faire de lui un héros quasi-mythique. Le cycle d’Uchida Tomu adapte très fidèlement l’oeuvre littéraire.

coffret musashi

Ce premier film pose les personnages, et peut se voir comme une belle introduction au cycle. Musashi Miyamoto est encore Takezo, un jeune homme fougueux, une force de la nature, un animal sauvage. La Légende de Miyamoto Musashi nous le fait découvrir, alors qu’il retrouve son meilleur ami dans un charnier, après une guerre à laquelle il a choisi de se joindre, et qui les conduira à la défaite. Les deux hommes sont gravement blessés et ne peuvent s’en sortir seuls. Secouru, Takezo décide finalement de rentrer dans son village pour annoncer à la mère de son ami, et à la fiancée de ce dernier, qu’il est inutile de continuer à l’attendre, mais que la mort ne les a pas fauché. Recherché par les autorités victorieuses, il est piégé par la rancœur des membres du village, et ne verra son salut que grâce à l’intervention d’un moine retors et taquin.

La force de ce premier film est que Takezo est presque un personnage secondaire. La perception de la situation tendue de cette période trouble, ainsi que les personnalités complexes des membres du village, sont surtout perçus à travers les actes commis par Takezo (et souvent, la caméra est spectatrice de ses actions après coup, et ne voit donc pas les batailles ou les meurtres) et par les paroles du très ambigu moine, qui semble vouloir détruire Takezo pour mieux le reconstruire, mais n’hésite pas à faire montre, pour cela, d’une certaine dose de cruauté.

la légende de miyamoto musashi

Seuls deux protagonistes se révèlent manichéens. L’ancienne fiancée de l’ami de Takezo représente la pureté dans ce monde en pleine déliquescence. Souffrant d’avoir été trahie par son ancien amoureux, elle se raccroche à Takezo, et incarne toutes les beautés terrestres, une promesse d’un avenir meilleur entre les bras de l’être aimé. C’est aussi l’amour le moteur du personnage le plus mauvais et vindicatif du film, à savoir la mère de l’ami du héros. Aveugle à tout ce qui pourrait entacher la beauté de ses sentiments pour son fils, elle rejette toutes les fautes sur Takezo, et cette rancoeur la conduit à toutes les bassesses. Trahisons, joie face à la souffrance, désir de torture, elle représente le côte noir de ce film.

Takezo, lui, pour survivre, devra rejeter la violence de ses sentiments, bons ou mauvais, et accepter la quête initiatique que lui propose notre moine retors, le suivant aveuglément à travers tourments et souffrances, qui lui permettront de mourir et de renaître à nouveau, en un plan final à la portée des plus fascinante !

La Légende de Miyamoto Musashi est un film d’une grande puissance ! Bien que prenant son temps, il ne provoque jamais l’ennui grâce à de nombreuses intrigues secondaires, et dépeint la société et l’être humain avec une grande justesse et un certain pessimisme. Le spectateur ne peut que se laisser embarquer dans ce voyage dans les tréfonds de l’âme humaine, vivant le film autant qu’il le voit, dans lequel un homme doit souffrir au-delà du raisonnable pour renaitre plus pur.

En bonus de ce film, Wild Side laisse la parole à Fabrice Arduini, programmateur de la Maison de la Culture du Japon, à Paris, qui revient avec des propos passionnants en expliquant la genèse du film et son importance.

Yannik Vanesse

Coffret Miyamoto Musashi, disponible chez Wild Side depuis le 03 décembre 2014.

Critique du premier film

Critique du deuxième film

Critique du troisième film

Critique du quatrième film

Critique du cinquième film

Critique du sixième film

Imprimer


Laissez un commentaire


*