La collection Cinéma(s) de L’Harmattan accueille un curieux petit livre de 120 pages, écrit par l’essayiste Jean Claude et dédié à balayer d’un coup d’œil l’ensemble du cinéma sinophone, comme une vaste introduction en la matière. Il s’intitule Quelques ombres électriques, petit guide du cinéma chinois à l’usage du paresseux curieux.
Lorsque l’on s’intéresse au cinéma sinophone, on se rend compte de l’immensité du continent cinématographique auquel on a affaire. Entre les différents Etats, les zones géographiques, les périodes et nouvelles vagues, ainsi que le gouffre entre le cinéma commercial et d’auteur (et l’entre-deux), il est difficile pour un néophyte intéressé de s’y retrouver – et même pour un commentateur confirmé de pouvoir prétendre tout maîtriser. La vertu première du livre de Jean Claude est le choix des films présentés, exactement 43. Ces 43 films, regroupés en 7 sections (les classiques des premiers temps, le cinéma de genre culte, les chefs-d’œuvre de la période 1980-2000, les années 2000, les années 2010, les temps inquiets contemporains et l’animation) forment en effet une sélection de choix pour voir « de tout », parmi les films les plus importants ou les plus remarqués par la critique et le public en leur temps, en se concentrant sur un titre par réalisateur. Il s’agit donc dans le même temps d’une amorce de 43 cinéastes chinois, hongkongais, taïwanais (avec un petit détour par des œuvres d’une réalisatrice sino-américaine et une réalisatrice ouïghoure résident hors de Chine). Les mouvements les plus importants et fédérateurs ne sont pas oubliés : les classiques shanghaïens, le wuxia de la Shaw Brothers, l’heroic bloodshed de John Woo, le polar de la Milkyway, le nouveau cinéma taïwanais, les 5ème et 6ème générations continentales. Tous les films cités sont soit incontournables, soit extrêmement pertinents dans le contexte chinois (le film ouïghour Nikah) ou tout simplement des chefs-d’œuvre.
Le problème de ce livre, en revanche, réside dans sa rédaction. Le style n’est que très peu analytique, et relâché dans son expression, à base d’un résumé, d’une courte phrase d’accroche, de « 3 points » à retenir et d’un « pour aller plus loin » qui permet d’élargir la liste initiale de 43 films. Il est certes induit dans le sous-titre de l’ouvrage que nous ne sommes que dans une phase d’introduction au cinéma chinois, et pas plus, mais il aurait été plus heureux de resserrer tous les commentaires de chaque film en un véritable paragraphe de présentation et d’analyse qui fasse office de commentaire. On attend un minimum de consistance de la part d’un livre papier, par rapport à des sources internet. Dans l’ensemble, Quelques ombres électriques donne une impression de trop peu, qui en voulant se montrer expressément bref, manque d’extraire la substance des films dont il parle pour l’offrir à ses lecteurs et ouvrir une fenêtre sur le cinéma chinois.
Maxime Bauer.
Quelques ombres électriques, petit guide du cinéma chinois à l’usage du paresseux curieux de Jean Claude. Disponible chez L’Harmattan en décembre 2024.