En 1999, Yamamoto Jun’ichi réalise un court-métrage intitulé Meatball Machine, montrant des créatures mi-hommes mi-mécha se faire la guerre. Le succès du dit film permet au réalisateur d’en faire un remake, aidé de Yamaguchi Yudai, mais aussi de Nishimura Yoshihiro, ce dernier s’occupant des effets spéciaux. Nishimura revient, après un film plus sage, The Ninja War Of Torakage, à Meatball Machine, en réalisant une déclinaison de l’oeuvre. Le film est présenté au Black Movie 2018.
En ces temps où la littérature s’est appropriée le steampunk, devenu à la mode, le dénaturant complètement (les auteurs, bien souvent, ajoutent quelques machines fonctionnant à la vapeur, et cela suffit) en oubliant que dans steampunk, il y a punk, il est agréable de voir Nishimura Yoshihiro arriver avec ce Meatball Machine Kodoku, aussi steam que punk, et s’y livrant à son outrancière vision de la société et du cinéma.
Cependant, le film commence plutôt calmement. Yuji, le héros, est un collecteur de dettes. Il est mou, il se laisse martyriser, et son seul plaisir est de voir la jolie commerçante du quartier. Tout le début du film tourne ainsi autour du Dieu Argent. Ceux qui n’en ont pas ont du mal à vivre, et ceux qui en ont cherchent à en avoir plus. Entre les dettes que veut collecter notre héros, ses erreurs qui fait qu’il se retrouve lui aussi endettés, ou encore la jolie commerçante qui l’emmène dans son temple, où l’inscription coute bien évidemment de l’argent, tout tourne autour de cette nécessité d’être riche. Certes, le propos n’est pas nouveau, mais le réalisateur le déploie avec un sérieux inébranlable, et d’autre part met ses thématiques en avant au sein de scènes outrancières avec des personnages décalés qui ne sont pas sans rappeler l’univers de David Lynch. Entre les policiers/samouraïs, le club pour adultes complètement barré, ou encore cette étrange jeune femme que notre héros ne cesse de croiser, trainant derrière elle une machine à roulette traçant une ligne blanche dans la rue, tout est fait pour que le spectateur se retrouve dans une ambiance des plus particulière.
Puis, comme nous sommes dans l’univers de Meatball Machine, les humains vont se transformer en monstres de métal et s’affronter violemment. Au sein de ce chaos, le personnage principal, métamorphosé mais ne perdant pas son identité, n’a qu’une seule envie : retrouver la jeune femme qu’il aime.
Nishimura Yoshihiro se laisse alors aller à toutes les excentricités. Des créatures improbables mais logiques (toutes les personnes transformées ont été croisées humaines auparavant, et leur apparence, ainsi que leurs armes, sont des déclinaisons logiques de ce qui les fascinait auparavant), des effets spéciaux magnifiques, que ce soit sur le plateau ou digitaux, et du gore par hectolitres.
Oui, nous sommes dans un film de Nishiura Yoshihiro, et la folie outrancière de son réalisateur est communicative. Cependant, l’amateur ne peut qu’apprécier, tant l’inventivité de la réalisation est présente (malgré un scénario plutôt classique et linéaire, avec cependant un twist final assez grandiose) et les effets spéciaux recherchés et superbes (surtout les effets directement sur le plateau)
Au final, Meatball Machine Kodoku est une excellente suite de Meatball Machine (qui peut se voir complètement indépendamment) et qui prouve une nouvelle fois le talent de son réalisateur.
Yannik Vanesse.
Meatball Machine Kodoku, de Nishimura Yoshihiro (2017).
Projeté au BLACK MOVIE (Festival International de Films indépendants) de Genève.