BIFFF 2016 – Demon, de Marcin Wrona : Mariage, alcool et possession

Posté le 6 mai 2016 par

Le Brussels International Fantastic Film Festival est l’occasion de découvrir des cinématographies peu diffusées chez nous, excepté en festival. Ainsi, cette 34ème édition proposait Demon, co-production israëlo-polonaise, permettant de voir un film eastasien concourir pour le prix européen – et remporter le Méliès d’argent.

Marcin Wrona scénarise et réalise ce Demon, plutôt alléchant sur le papier puisqu’il décide d’utiliser pour son film une créature issue du folklore juif. Hélas, le film, soufflant le chaud et le froid, se révèle finalement assez classique, le côté démon juif n’apportant finalement rien, et il est difficile de comprendre ce qui a motivé le jury pour nominer ce film.

Demon

Demon s’intéresse à Piotr, qui vient d’arriver en Pologne. Il doit se marier à la superbe Zaneta et, même si son beau-père n’est pas effroyablement joyeux à cette idée, ce dernier organise un mariage digne de ce nom – avec musique et alcool qui coule à flot, dans le jardin de la grande maison que va retaper Piotr. Mais le jeune homme devient bizarre depuis qu’il prétend avoir trouvé des os dans un trou du jardin, et se révèle finalement possédé, tandis que le beau-père essaie de conserver la dignité du mariage qu’il a organisé – et de sa famille.

Les acteurs sont, il faut le dire, très bons ! Itay Tiran, qui incarne Piotr, parvient parfaitement à jouer sur les différents tons que lui impose son rôle et la possession qui va avec (d’autant qu’il devient, à un moment, une jeune femme franchement pathétique). Agniezka Zulewska (Zaneta) est aussi belle que sensuelle, triste et terrifiée quand elle voit son homme basculer dans la folie (ou disparaître, devenant quelqu’un d’autre) et Andrzej Grabowski joue magnifiquement bien le déni teinté (et le mot est faible) d’alcool.

Demon

Passée la scène d’exposition, le gros de l’intrigue se déroule durant le mariage, alternant fête débridée (et alcool à foison) et séquences bizarres, tandis que Piotr se fait de plus en plus posséder, les séquences devenant de plus en plus étranges (exorcisme et autre). La réalisation, très bonne, parvient à alterner mystère malsain et humour avec brio (le personnage du toubib alcoolique refusant d’admettre qu’il a jamais touché à l’alcool même quand il tient à peine debout, ou du prêtre ne voulant qu’une chose, rentrer chez lui, est très drôle, de même que le beau-père, cherchant à dissimuler les problèmes par tous les moyens). Le spectateur se laisse ainsi porter par cette ambiance, mélange d’humour noir parfois non-sensique, et de malsain tournant autour de la disparition d’une jeune femme, sans doute tuée des années auparavant.

Hélas, Demon se retrouve finalement très classique, Piotr se transformant en une jeune femme tuée des années auparavant et cherchant à comprendre ce qui lui arrive. Un exorcisme est mis en place, et quelques personnes se rappelant de la jeune femme essaient de comprendre ce qui lui était arrivé à l’époque (ils pensaient qu’elle était simplement partie) et finalement, le démon juif n’apporte pas grand chose à une intrigue plutôt prévisible, et surtout originale par son ambiance au sein du mariage.

Demon 2

Cependant, si certains moments de la cérémonie sont assez drôles ou étranges, beaucoup de scènes de danse, de musique ou de discussions imbibées se révèlent plutôt longues, et, même si, grâce à elles, le réalisateur essaie de soigner son ambiance et de développer les personnages, l’ennui n’est jamais loin.

Ainsi, Demon n’est certes pas mauvais, mais reste trop moyen pour véritablement convaincre.

Yannik Vanesse.

Demon, de Marcin Wrona (2015), diffusé lors de la 34ème édition du Brussels International Fantastic Film Festival