Hana no Ato est le second métrage historique en compétition du festival Kinotayo avec The Last Ronin. Mais ce dernier n’affiche pas du tout les mêmes prétentions que le Blockbuster lacrymal… Par Olivier Smach.
Un air de déjà vu
Hana no Ato fait fortement penser à la trilogie de Yamada Yoji, auteur des films Le samouraï du crépuscule (2002), La servante et le samouraï (2004), et Love and Honor (2006). Cette similitude n’est pas une coïncidence puisqu’au même titre que Yamada, Nakanishi Kenji s’est également inspiré d’une nouvelle de Fujisawa Shuhei pour réaliser son film. Hana no Ato se focalise donc également sur le conflit intérieur de ses personnages et leur développement, pour les faire arriver à maturité et aboutir sur une confrontation finale. De plus, tout comme chez Yamada, la réalisation de Nakanishi est très sobre et classique ce qui augmente encore d’ avantage le doute. Très bon point également pour la bande son qui accompagne le film, la musique (assez discrète) est très jolie.
Une portée didactique
Ce film est intéressant sur plusieurs aspects : d’une part, il met en avant le poids des obligations inhérent à la société japonaise et montre également à quel point le quotidien des filles de bonnes familles n’était pas si rose qu’on puisse le croire, dans une société aussi patriarcale que celle du Japon féodal.
Ito en est l’exemple type : elle se doit d’être douée dans tous les domaines, que ce soit pour l’écriture, les règles de bienséance… Bien entendu, elle n’a pas son mot à dire concernant le choix de son mari puisque le mariage arrangé avec le meilleur parti est une nécessité pour assurer la prospérité du clan.
Dans son cas, la pression est même encore plus intense, puisque fille unique d’un sabreur de renom sans héritier, elle a été élevée par son père de manière très austère afin d’en faire un bretteur imbattable. A ce sujet, les combats, bien que rares sont de toute beauté et magistralement chorégraphiés !
Le scénario est bien ficelé autour de cette dramatique histoire d’amoureux transis. Les deux tourtereaux s’aiment mais les obligations liées à leur rang et leur statut passent avant tout. Malgré cela, la fatalité va les rattraper et ils vont en faire les frais.
Un casting d’exception
Une très bonne surprise est liée au casting qui s’annonçait à première vue plus que douteux. En effet, l’héroïne jouée par Kitagawa Keiko est déjà bien connue du public japonais pour avoir incarné Sailor Mars à plusieurs reprises dans le trop kitsch manga live, Bishôjo Senshi Sailor Moon. Nous avons également pu apercevoir la belle dans The Fast and the Furious : Tokyo Drift. Donc au vu de ses précédent choix artistiques, on aurait pu craindre le pire… Mais au contraire, elle s’en sort admirablement bien et joue son rôle avec beaucoup de simplicité et de pudeur ! Par ailleurs sa maitrise du sabre n’a rien à envier à l’actrice d’ Azumi.
Le reste du casting est également d’excellente facture et regroupe des acteurs issus de différents registres. Les acteurs ne sur-jouent pas, réussissent bien à faire passer les émotions, et on rentre rapidement dans le film.
Le beau gosse de service, Magochiro Eguchi, est joué par Shuntarô Miyao qui est également danseur de ballet dans la vie. Bon vivant mais trop gougeât sur les bords, le futur mari d’Ito, Saisuke, incarné par Kômoto Masahiro est un personnage qui apporte beaucoup de fraicheur à la narration par son charisme et sa bonhomie constante. Enfin Kunimura Jun qui joue le père d’Ito, est également très bon, et réussit même à s’attirer la sympathie du spectateur ce qui prouve son talent d’acteur. En effet, on a pu récemment voir le bougre dans le génial Outrage, incarnant Ikemoto l’un des pires enfoirés au sein des Yakuzas de bas étages dépeints par Kitano.
En résumé : Concrètement, mis à part l’utilisation répétée du flash back (quatre fois !) du duel de nos deux héros dans les passages mélancoliques qui amuse plus qu’autre chose en final, il n’y a pas vraiment grand chose à reprocher, et pour un second film (Blue Bird en 2008), Hana no Ato est une belle réussite !
Une histoire de samouraï simple, avec son lot de trahison, une histoire d’amour qui met en évidence le poids des responsabilités mais qui ne fait vaciller à aucun moment l’intégrité et la droiture de ses héros.
Même si l’on n’y croit que très moyennement, on n’a plus qu’à espérer qu’une sortie salle se fasse prochainement dans nos contrés.
Olivier Smach.
Verdict :