Kinotayo 2010 : Hana no Ato de Nakanishi Kenji

Posté le 25 novembre 2010 par

Hana no Ato est le second métrage historique en compétition du festival Kinotayo avec The Last Ronin. Mais ce dernier n’affiche pas du tout les mêmes prétentions que le Blockbuster lacrymal… Par Olivier Smach.


L’histoire : Dans la région d’Unasaka, Ito, une charmante jeune femme, est l’unique héritière d’un bretteur hors pair. Lors d’une promenade durant laquelle elle admire les cerisiers en fleurs, elle est interpellée par un jeune et séduisant samouraï, répondant au nom d’ Eguchi Magoshiro, qui vient la défier pour avoir battu tous les meilleurs disciples du dojo auquel il appartient. Cette dernière accepte. Devant la fougue de cet épéiste émérite, le cœur d’Ito s’enflamme. Il n’aura fallu qu’un duel pour sceller leur amour. Cependant, son père l’a déjà promise à un homme, étudiant à Edo. Quand à Magoshiro, il est fiancé à Kayo, une jeune femme d’un rang supérieur à celui de sa famille puisqu’elle est la fille du seigneur local. Pour l’honneur de sa famille, il est prêt à abandonner la voie du sabre pour se consacrer uniquement à sa future position d’émissaire. Ito apprend malgré elle que Kayo trompe secrètement Magoshiro avec un haut dignitaire du fief…

Un air de déjà vu

Hana no Ato fait fortement penser à la trilogie de Yamada Yoji, auteur des films Le samouraï du crépuscule (2002), La servante et le samouraï (2004), et Love and Honor (2006). Cette similitude n’est pas une coïncidence puisqu’au même titre que Yamada, Nakanishi Kenji s’est également inspiré d’une nouvelle de Fujisawa Shuhei pour réaliser son film. Hana no Ato se focalise donc également sur le conflit intérieur de ses personnages et leur développement, pour les faire arriver à maturité et aboutir sur une confrontation finale. De plus, tout comme chez Yamada, la réalisation de Nakanishi est très sobre et classique ce qui augmente encore d’ avantage le doute. Très bon point également pour la bande son qui accompagne le film, la musique (assez discrète) est très jolie.

 

Une portée didactique

Ce film est intéressant sur plusieurs aspects : d’une part, il met en avant le poids des obligations inhérent à la société japonaise et montre également à quel point le quotidien des filles de bonnes familles n’était pas si rose qu’on puisse le croire, dans une société aussi patriarcale que celle du Japon féodal.

Ito en est l’exemple type : elle se doit d’être douée dans tous les domaines, que ce soit pour l’écriture, les règles de bienséance… Bien entendu, elle n’a pas son mot à dire concernant le choix de son mari puisque le mariage arrangé avec le meilleur parti est une nécessité pour assurer la prospérité du clan.

Hana no Ato

Dans son cas, la pression est même encore plus intense, puisque fille unique d’un sabreur de renom sans héritier, elle a été élevée par son père de manière très austère afin d’en faire un bretteur imbattable. A ce sujet, les combats, bien que rares sont de toute beauté et magistralement chorégraphiés !

Le scénario est bien ficelé autour de cette dramatique histoire d’amoureux transis. Les deux tourtereaux s’aiment mais les obligations liées à leur rang et leur statut passent avant tout. Malgré cela, la fatalité va les rattraper et ils vont en faire les frais.

 

Un casting d’exception

Une très bonne surprise est liée au casting qui s’annonçait à première vue plus que douteux. En effet, l’héroïne jouée par Kitagawa Keiko est déjà bien connue du public japonais pour avoir incarné Sailor Mars à plusieurs reprises dans le trop kitsch manga live, Bishôjo Senshi Sailor Moon. Nous avons également pu apercevoir la belle dans The Fast and the Furious : Tokyo Drift. Donc au vu de ses précédent choix artistiques, on aurait pu craindre le pire… Mais au contraire, elle s’en sort admirablement bien et joue son rôle avec beaucoup de simplicité et de pudeur ! Par ailleurs sa maitrise du sabre n’a rien à envier à l’actrice d’ Azumi.

Le reste du casting est également d’excellente facture et regroupe des acteurs issus de différents registres. Les acteurs ne sur-jouent pas, réussissent bien à faire passer les émotions, et on rentre rapidement dans le film.

Hana no Ato

Le beau gosse de service, Magochiro Eguchi, est joué par Shuntarô Miyao qui est également danseur de ballet dans la vie. Bon vivant mais trop gougeât sur les bords, le futur mari d’Ito, Saisuke, incarné par Kômoto Masahiro est un personnage qui apporte beaucoup de fraicheur à la narration par son charisme et sa bonhomie constante. Enfin Kunimura Jun qui joue le père d’Ito, est également très bon, et réussit même à s’attirer la sympathie du spectateur ce qui prouve son talent d’acteur. En effet, on a pu récemment voir le bougre dans le génial Outrage, incarnant Ikemoto l’un des pires enfoirés au sein des Yakuzas de bas étages dépeints par Kitano.

 

En résumé : Concrètement, mis à part l’utilisation répétée du flash back (quatre fois !) du duel de nos deux héros dans les passages mélancoliques qui amuse plus qu’autre chose en final, il n’y a pas vraiment grand chose à reprocher, et pour un second film (Blue Bird en 2008), Hana no Ato est une belle réussite !

Une histoire de samouraï simple, avec son lot de trahison, une histoire d’amour qui met en évidence le poids des responsabilités mais qui ne fait vaciller à aucun moment l’intégrité et la droiture de ses héros.

Même si l’on n’y croit que très moyennement, on n’a plus qu’à espérer qu’une sortie salle se fasse prochainement dans nos contrés.

Olivier Smach.

Verdict :

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