DVD – Vol 7500 de Shimizu Takeshi : Crash aérien

Posté le 25 octobre 2014 par

Shimizu Takashi a déjà prouvé un certain talent pour faire frissonner ses spectateurs, l’efficacité de The Grudge étant là pour le certifier. Mais, s’il a réalisé six fois The Grudge (deux fois pour le marché vidéo, deux fois pour le cinéma asiatique, et deux fois pour le cinéma américain), il est capable de surprendre, avec des métrages comme Marebito, à l’ambiance étrange et fascinante. Son dernier film arrive en France grâce à Metropolitan, qui édite 7500, étrangement retitré Vol 7500.

7500 change donc de nom, peut-être par peur que le spectateur ne comprenne pas de quoi parle le film. Il s’agit d’un métrage américain, mais Shimizu Takashi ayant déjà travaillé à Hollywood (il s’était chargé du remake de son Ju-On, The Grudge), les craintes inhérentes à un premier film américain, avec la gestion d’un casting étranger, des producteurs, ou de méthodes de travail différentes, n’ont pas lieu d’être. De surcroît, le réalisateur, s’il ne fait pas toujours montre d’une formidable originalité (The Grudge est une très classique J-horror surfant sur le succès de Ring), le réalisateur connait les codes de la terreur à la perfection. C’est donc en espérant un voyage dans des montagnes russes horrifiques, une bonne série B, que le spectateur peut lancer le DVD et se plonger dans cette histoire d’avion hanté.

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En découvrant que le vol 7500 se rend à Tokyo, l’impression que l’histoire va utiliser les fantômes japonais se fait sentir, confirmée d’ailleurs par l’apparition, en milieu de métrage, d’une poupée mortuaire japonaise. Le scénariste décide, de son côté, de positionner dans l’appareil des personnages caricaturaux en diable, choix qui peut permettre de raccourcir les scènes d’exposition et, en permettant au spectateur d’identifier en un clin d’œil la personnalité de chacun, ainsi que leur fonction au sein du métrage, se concentrer sur la partie horrifique. Cependant, malgré ce choix, chaque protagoniste se retrouve longuement présenté, la caméra s’attardant sur les déboires de chacun. Nous assistons ainsi à la découverte des deux ravissantes hôtesses de l’air, l’une d’elles étant la maîtresse du pilote, et l’autre ayant peur de franchir le pas du mariage avec son fiancé. Le spectateur rencontre la jolie jeune femme qui a du mal à dire je t’aime à son petit ami, resté loin d’elle (et qui fera plus tard un test de grossesse), le surfer un peu vulgaire, le groupe d’amis, dont deux faisant croire qu’ils sont encore ensemble pour ne pas gâcher les vacances des autres, les jeunes mariés montrant à tout le monde leur photo de mariage (la femme est tellement insupportable que le désir de la voir mourir rapidement étreint très vite le spectateur), la gothique fascinée par la mort… Chaque longue séquence les montrant est ainsi on ne peut plus prévisible, et l’ennui s’installe rapidement, tant tout cela est vu et revu.

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Le spectateur attend donc l’arrivée des fantômes, et le début du massacre pour relever l’intérêt général du métrage. Cependant, ses espoirs risquent d’être déçus, Shimizu Takashi semblant avoir laissé de côté son savoir faire, pour filmer assez platement, sans inventivité et sans véritable envie, les moments de trouille. Entre les jump scares du style « un coffre à bagage s’ouvre violemment et fait sursauter les passagers », ou encore une victime aspirée par un autre coffre à bagage, ou une main surgissant dans les toilettes, envahies par un étrange brouillard pour se poser sur les genoux d’une jeune femme, rien n’est réussi. Difficile de voir dans ce métrage plat le savoir-faire du réalisateur de The Grudge, qui ne semble vraiment pas concerné par ce Vol 7500.

Mais le pire reste à venir, avec un twist final aussi prévisible que raté et mal mis en scène. Outre le fait que les éléments de la mythologies asiatiques, prometteurs et apportés par la découverte d’une poupée mortuaire japonaise, y sont balayés avec mépris par ce script paresseux, le spectateur se retrouve noyé sous des flashbacks inutiles qui, tel le plus mauvais des Saw, justifient ce twist déplaisant qui balaie la plupart des enjeux du métrage et rend inutile quasiment tout ce qui a été filmé.

Vol 7500 ne restera ainsi pas dans les mémoires, heureusement, et il est à espérer que ce film, édité sans bonus par Metropolitan, ne soit qu’un accident de parcours de son réalisateur.

Yannik Vanesse.

Vol 7500, de Shimizu Takashi, disponible en DVD depuis le 13 octobre 2014 chez Metropolitan.