DVD/Blu ray – The Assassins de Linshan Zao : wu xia pian esthétisant

Posté le 18 février 2014 par

Si le cinéma chinois est d’une grande richesse, la plus grosse partie des films nous parvenant sont des wu xia pian, films en costumes se déroulant à une époque reculée. Nouveau représentant du genre, The Assassins arrive dans une belle édition DVD, hélas dénuée de bonus.

La Shaw Brothers a fait beaucoup pour le wu xia pian mais, depuis quelques années, les Tigre et dragon et autres Hero ont pris le relais, avec des moyens bien plus conséquents, souvent aidés par l’armée ou le gouvernement chinois. Hélas, parfois, une idéologie quelque peu douteuse se glisse dans le tableau, et c’est le cas de The Assassins.

the assassins

Le métrage narre la formation, dure, atroce, d’un groupe d’assassins, depuis leur enfance. On les maltraite, les torture, pour faire d’eux les armes ultimes. Seuls deux s’en sortent, et sont envoyés, l’un comme eunuque, l’autre comme courtisane, tuer l’homme le plus puissant de la terre. Il ne s’agit pas de l’empereur, fantoche faible et à moitié fou, mais son ministre, général et maître de guerre en apparence impitoyable. Il est incarné par un Chow Yun Fat impérial, capable de jouer la dureté magnifique du personnage, mais aussi ses faiblesses, alors qu’il est hanté par des cauchemars, sa dureté même l’affaiblissant.

C’est là que se glisse l’idéologie quelque peu déplaisante, où l’on découvre que pour avoir un règne de paix, beau, magnifique, il faut d’abord asservir les contrées alentour, que les populaces paysannes sont destinées à remercier d’avoir un toit sur leur tête, et qu’elles doivent cultiver et remercier le ciel. Notre général n’est ainsi pas un homme rêvant de devenir empereur, il dirige le royaume parce que son supérieur est trop faible pour le faire. Cependant, il protège l’empereur et le défend par tous les moyens, y compris contre lui-même.

Ce message a dû plaire au gouvernement chinois, à n’en pas douter, et le film est ainsi nanti de moyens conséquents. Nombreux figurants, décors superbes, costumes magnifiques, apparaissent sous les yeux des spectateurs, alors que Linshan Zao, réalisateur du film, s’attache à l’esthétique du métrage. Les personnages évoluent lentement, parlant et dissertant beaucoup, et la réalisation nous dévoile les atermoiements intérieurs de ces êtres, que ce soit par la voix off de la courtisane, qui bien sûr, découvre qu’elle ne doit pas tuer sa cible, trop importante pour le monde, ou encore par les ralentis, les gros plans sur les visages ou sur les armes des hommes, ennemis ou amis, tombés, et que le ministre conserve précieusement. Il est d’ailleurs assez difficile de croire, au vu du passé de la jeune femme, courtisane et assassin, qu’elle soit si faible psychologiquement, incapable de se croire de taille, persuadée qu’elle ne peut ni ne doit tuer cet homme si important.

Si le film est beau, l’ennui s’installe bien souvent, tant le message est vu et revu, et assez gênant, et tant, finalement, il ne se passe pas beaucoup de choses. Il y a quelques séquences intéressantes, comme ce moment où Chow Yun Fat, qui porte le film sur ses épaules, fait manger de l’ours cru aux personnes ayant essayé de l’assassiner, mais The Assassins tire vraiment en longueur. Et, quand l’action s’installe, le réalisateur montre immédiatement qu’il n’est pas vraiment intéressé par elle. Ralentis et accélérés cherchent à accroître le côté dramatique, mais les chorégraphies sont souvent assez moyennes, et l’action se déroule de nombreuses fois hors champs.

The Assassins est ainsi un beau film, mais au message dérangeant, et enlisant trop ses spectateurs dans de longs moments où il ne se passe pas grand chose, pour convaincre. Reste un acteur principal impressionnant, qui à lui seul permet de conserver l’intérêt du film.

Yannik Vanesse.

The Assassins, de Linshan Zao, disponible en DVD et Blu-ray depuis le 21 janvier 2014.