Chaw de Shin Jung-Won (DVD)

Posté le 4 juillet 2011 par

Cinq Coréens pas contents partent en croisade contre un sanglier géant tueur d’hommes, ça donne pas envie ? Et bien tout ça (et un peu plus) c’est dans Chaw de Shin Jung-Won ! Par Jérémy Coifman.

Le cinéma venu tout droit du pays du matin calme est à la mode, qu’on se le dise. Après une première vague qui a ouvert la voie (avec des réalisateurs comme Park Chan-Wook, Bong Joon-Ho ou Kim Jee-Woon), une multitude de films sortent dans nos vertes contrées, plus en direct to DVD qu’en salle. Bien que la qualité soit inégale, le cinéma Coréen jouit d’une « Hype » à toute épreuve. Aujourd’hui c’est Chaw, superproduction de l’été 2009, qui sort en DVD et Blu-Ray. Avec seulement un film à son actif (Sisily 2KM), Shin Jung-Won s’attaque au film de monstres, mais pas seulement.

Le village paisible de Sa-mae-ri est perturbé par l’arrivée d’un sanglier tueur d’homme. Petit à petit, la terreur vient grimper dans ce village peu habitué à ce genre d’agitation. À la vision de Chaw, il y a deux films qui sont une référence immédiate : The Host de Bong Joon-Ho et Razorback de Russell Mulcahy.

The Host est le meilleur film de monstres qu’on ait pu voir sur un écran depuis bien longtemps. Mariant un humour tout coréen, une tragédie familiale, le film de monstres et bien plus encore, le film de Bong Joon-Ho tenait du petit miracle. Tout se mêlait avec une grande réussite. Avec Chaw, Shin Jung-Won tente à peu près le même pari, mais le résultat n’est pas aussi éblouissant.

Chaw est un film typiquement coréen qui ne changera pas la vision du public occidental. Les personnages sont « haut en couleurs », les situations tendant souvent vers le grotesque. Pendant les 1h50 de métrage, on observe un mix des genres assez désarçonnant.  On pense en mettant la galette dans le lecteur qu’on a affaire un film de monstres pur et dur. Au final, le film est plus une comédie horrifique qu’un film de terreur.

L’écriture des personnages et les situations dans lesquelles ils sont placés sont effectivement un facteur déterminant dans l’appréhension de Chaw. Le film joue essentiellement sur le côté dysfonctionnel et « bras cassés » de ses personnages. On y retrouve toute la panoplie du film comique : les flics incompétents et trouillards, la journaliste prête à tout pour le papier de sa vie, la sorcière du village qui effraie tout le monde, le chasseur surentraîné. Tous sont tournés en ridicule pendant le film. L’attachement au personnage devient difficile et pour un long métrage, c’est assez problématique. De plus, Shin Jung-Won multiplie les personnages inutilement dans sa première partie. Ceux-ci ne sont parfois présents que pour un gag ou une situation, mais  ils ne servent pas le récit, il le dilue.

Dans sa deuxième partie, le métrage semble se reprendre. Comme si le réalisateur s’était rendu compte que son récit partait dans trop de directions différentes. Chaw se recentre sur l’expédition punitive des cinq personnages centraux. Une traque sans merci au cœur de la forêt. Cependant, le ton du film ne change pas. Les personnages ne cessent de se ridiculiser. On peut reconnaitre que ce ton décalé fait souvent son effet, mais ceux qui ne seraient pas prévenus ou pas friands de ce genre d’humour risqueraient de ne pas du tout apprécier.

Quid de la partie majeure du film ? À savoir le sanglier. Et bien de ce côté-là, c’est assez efficace. En mélangeant l’animatronic et les images de synthèses, Chaw parvient à rendre ce sanglier géant assez crédible. On est loin des téléfilms pullulant sur notre chère TNT, rassurez-vous ! Même si les effets sont inégaux (lors des séquences en images de synthèses, comme souvent), et qu’on reste en dessous de la production actuelle, c’est assez plaisant. Les scènes d’action sont très efficaces (notamment la scène de fête du village perturbée par l’arrivée du sanglier ou la scène finale), la mise en scène est correcte, de ce côte le film ne déçoit pas.

La comparaison avec The Host était inévitable, mais Chaw montre trop vite ses limites pour qu’on puisse vraiment y croire. La mise en scène de Shin Jun-Won n’a pas l’amplitude de celle de Bong Joon-Ho. Les personnages ne sont pas assez développés, l’intrigue est trop dispersée.

L’autre film référence était Razorback de Russell Mulcahy (Highlander). Même si la scène finale est une citation directe (le combat dans l’usine), on ne retrouve pas l’intensité et la violence caractéristique du film australien.

En résulte un film hybride, naviguant entre deux eaux, mais toujours plaisant à suivre. On retiendra un humour absurde toujours efficace et des scènes d’actions correctes. Finalement que demander de plus ?

Jérémy Coifman.

Verdict :


Chaw de Shin Jung-Won, disponible en DVD et Blu-Ray, édité par Opening depuis le 06/07/2011.