Au menu du Neuchâtel International Fantastic Film Festival (NIFFF) 2022, les fous du volant se font dévorer par un lézard papillon géant en plein désert de Thaïlande. Cela s’appelle Leio et c’est signé Chalit Krilead Mongkol et Chitpol Ruanggun.
Il est toujours intéressant de se pencher du côté de l’Asie pour voir ce qu’il se fait en termes de cinéma d’action et de blockbuster. C’est ce que nous propose en exclusivité le festival de Neuchâtel cette année avec un film largement promu en Thaïlande via les réseaux sociaux. Alors, qu’est-ce que ça raconte Leio ? Et qu’est-ce que cela apporte au cinéma d’action thaïlandais en 2022 ?
Leio nous propose un récit simple mais efficace. On y suit deux chanteurs de Thaï-pop retournés dans la région de leur grand-père défunt au nord de la Thaïlande suite à des mésaventures. Ils y retrouvent une amie d’enfance, Fon, devenue une influenceuse célèbre. Le lieu de son enfance étant devenu une zone asséchée, elle décide de lancer un grand concours où les premiers à trouver une source d’eau sur ces terres désertiques se verront récompensés d’une énorme somme d’argent. Seul hic, dans les souterrains de ce désert sommeille un énorme reptile (d’où son titre)…
C’est un film catastrophe “à grosse bébête” classique et qui fait largement l’affaire. La tension autour de la créature est bien amenée et on ne tarde pas à nous la présenter frontalement. Ce qui s’en dégage avant tout est un aspect véritablement ludique dans la mise en scène. Elle joue avec les différents niveaux de l’espace pour faire évoluer le lézard et rendre sa menace d’autant plus omniprésente. Cela se passe sur trois niveaux : les sous-sols avec ses galeries d’où la bête peut surgir instantanément, la terre ferme pour les courses poursuites, mais aussi les airs avec des attaques en piqué (les lézards papillons sont des animaux planants). Le désert dans lequel évoluent les protagonistes est un terrain vierge avec pour seul relief une petite montagne depuis laquelle le lézard prend son envol. Ce terrain vierge permet de poser directement la confrontation entre ce groupe d’humains, nos protagonistes et le monstre. Rien d’extérieur ne vient interférer cette confrontation, ce qui allège et rend le récit plus efficient. Aussi, la mise en scène fait de chaque élément de décor un terrain de jeu et de tension pour cette partie de chasse entre les humains et le reptile. Donc, mise à part une CGI à qualité variable (question de budget ? de timing ?) pour le lézard géant, on passe vite outre tant le traitement autour de la créature est ludique, rythmé, et inventif dans ses scènes d’action.
Par contre, n’allons pas chercher du côté de Leio autre chose qu’un film de monstre et d’action. Ce n’est pas sa prétention d’ailleurs. Le scénario bien qu’efficace et cohérent (le problème de sécheresse est dû au nid du lézard) ne casse pas trois pattes à un canard. On a, pour accompagner le récit, des personnages peu développés qui sont caricaturaux et stéréotypés parce qu’ils ont été pensés comme tels : les chanteurs/influenceurs, le groupe de hippie, les voyous du village, et la mafia des “foreurs” (pseudo antagonistes). Une bande de joyeux lurons hauts en couleur, qui nous rappellera furtivement les fous du volant à chaque fois qu’ils se lancent dans la course avec leurs engins. Un grand nombre de personnages sont peu développés car ils ont pour rôle principal d’être de la chair à canon. Morts et massacres sur lesquels le film ne lésine pas, et redouble d’inventivité, frôlant parfois de peu le mauvais goût et le ridicule. Pour autant, cela ne va pas gâcher le film car son ton n’est pas sérieux et cela ne crée pas de décalage, au contraire. La tonalité du film se situe à l’équilibre entre l’horreur et le comique, ce qui nous offre un film catastrophe assez plaisant à regarder. On ne s’y ennuie jamais car l’action suit toujours un cours effréné. Pas le temps de traîner, la bête arrive !
En clair, Leio est un film qui est à la hauteur de ses ambitions : un slasher-reptilien dynamique et ludique avec de l’action à tous les étages. Si jamais vous avez l’occasion de croiser la route de ce film, n’hésitez pas à vous y pencher. A défaut de révolutionner votre vision du cinéma d’action, vous passerez un moment très divertissant.
P.S : La scène post-générique laisse entendre une suite. Vers un Leio 2 ? Qui sait…
Rohan Geslouin.
Leio de Chalit Krilead Mongkol et Chitpol Ruanggun. Thaïlande. 2022. Projeté au NIFFF 2022