EN SALLES – Demon Slayer – Le film : Le train de l’infini de Sotozaki Haruo (en salles le 19/05/2021)

Posté le 22 mai 2021 par

Le 19 mai est sorti sur les écrans français le record au box-office japonais, détenu jusqu’alors par Le Voyage de ChihiroDemon Slayer – Le film : le train de l’infini, réalisé par Sotozaki Haruo.

Avant de traiter plus en détails du film, il est important de savoir de quoi l’on parle lorsqu’on évoque l’univers Demon Slayer. Le manga original intitulé Kimetsu no yaiba fait son apparition dans l’incontournable Weekly Shonen Jump en 2016. Créé par Gotoge Koyoharu, le manga raconte les aventures de Kamado Tanjiro, jeune homme qui vit avec sa famille de paysans dans la forêt. Mais un jour, Tanjiro découvre que sa famille s’est faite massacrer par un démon. Seule survivante : Nezuko, sa petite sœur qui, si elle a échappé à la mort, a été transformée en démon par le meurtrier. Commence alors pour Tanjiro un périple qui va l’entraîner auprès d’un maître pour trouver et tuer le démon qui a anéanti sa famille, ainsi que  rendre son humanité à sa sœur. En chemin, il va rencontrer Zenitsu, jeune homme trouillard et amoureux de Nezuko, ainsi que Inosuke, enfant sauvage élevé par des sangliers qui ne jure que par le combat. Un trio improbable mais redoutable, chacun ayant un talent plus ou moins caché pour affronter les démons.

Pourquoi est-il nécessaire d’en savoir un minimum avant de se décider à découvrir le film ? Pour la simple et bonne raison que pour le spectateur qui ne connaîtrait rien de l’univers Demon Slayer, le film ressemble assez basiquement à un très bon divertissement animé, rythmé, mais quelque peu frustrant pour qui n’aurait pas regardé la première saison de l’animé (le film ne regorge pas tant que ça de références à la série, mais on peut louper quelques point importants). Le film étant une suite directe du season finale de la saison 1, on ne saisira pas à qui l’on a affaire. Il vaut mieux être prévenu.

Le film suit donc des évènements qui ont conclu la saison 1, avec notre trio qui, après avoir fait la connaissance des Piliers (nom donné aux tueurs experts de démons), embarque dans le fameux train pour de nouvelles aventures. A bord se trouve un Pilier, Rengoku, mais malheureusement, un démon surpuissant a aussi pris place dans le train, et il a bien l’intention de tuer Rengoku. Mais c’est sans compter Tanjiro et ses amis.

Autant le dire d’emblée, pour le fan de la série, le film est un formidable présent fait par le studio Ufotable, déjà à l’œuvre sur la série. A l’image de son train de l’infini, le rythme du film ne s’arrête absolument jamais, faisant ressembler l’ensemble à une course poursuite de près de 2h. On retrouve immédiatement les personnages que l’on avait laissés, et il ne faut que quelques minutes pour immédiatement y être à nouveau attachés, surtout que même si le plus gros temps de présence est attribué à Tanjiro et Rengoku, le personnage d’Inosuke bénéficie d’une mise en avant surprenante et bienvenue, et sa dynamique avec le délirant Zenitsu est un ressort comique inépuisable.

Le film ne perd d’ailleurs pas de temps non plus à démarrer les hostilités, mais plutôt que de se livrer à une démonstration de savoir-faire dans l’action comme la série a pu nous offrir, le scénario va accentuer progressivement le suspense et faire du Démon une menace sourde et bien sournoise, s’attaquant à ses pourfendeurs de démons dans leur sommeil. La bonne humeur des débuts laisse progressivement place à une ambiance sombre et mortifère, le sommeil des héros faisant remonter de terribles souvenirs, surtout chez Tanjiro. A noter que le démon veut tuer les héros en les frappant au plus fort de leur inconscient. On ne rigole plus trop à cet instant, et le film bascule dans la tristesse et la mélancolie la plus noire au détour d’une scène d’hallucination bouleversante.

Mais, et c’est une qualité incontestable de la série, il y a toujours eu ce talent pour jongler entre drame, horreur parfois et comédie pure, et les ressorts comiques de la série vont tous ici servir à faire repartir le script d’une manière inattendue. Bien entendu, c’est Inosuke et Zenitsu qui vont donner du fil à retordre aux sbires du méchant, qui vont se retrouver face à deux « inconscients » particulièrement gratinés, au détour d’une séquence hilarante, durant laquelle la naïveté touchante de l’un et la mentalité mégalomane de l’autre vont se révéler salvatrices pour nos héros.

Dès ce moment, le film va passer la 4 ème et offrir un enchaînement de séquences qui laissent un grand sourire aux lèvres, mettant en scène des héros prêts à en découdre avec le démon. Tous les personnages seront mis en valeur dans un affrontement à grande vitesse, vertigineux et rempli d’idées folles (la synergie entre les pouvoirs de Tanjiro et la force brute d’Inosuke est ici utilisée à merveille). Mieux encore : des gimmicks qui pouvaient paraître insignifiants ou naïfs dans la série donnent ici lieu à des scènes aussi impressionnantes que touchantes, à l’image d’un destructeur nettoyage de wagon infesté qui se transforme en tendre déclaration d’amour.

Mais le meilleur est encore à venir puisque le film réserve une deuxième surprise : un double climax, qu’on n’avait pas venu arriver. Sorte de feu d’artifice final, il offre en près de 20min un maelstrom émotionnel qu’on n’attendait pas et qui mêle action pure, tendresse, et beaucoup de larmes. D’une puissance folle, il met en avant un personnage considéré comme secondaire en début de métrage : Rengoku. Présenté comme un guerrier sage et affable, il va rapidement se révéler attachant et prêt à tout pour protéger ceux qui lui sont proches, étant aussi au passage un redoutable pourfendeur de démons. Tout le climax lui est consacré, et même le trio de héros s’efface devant ce personnage qui arrive en deux répliques à s’imposer dans le cœur des fans.

D’ailleurs, le cœur et les sentiments des fans vont être mis à rude épreuve lors du dernier acte, d’une tristesse et d’une noirceur surprenantes, loin des lendemains qui chantent souvent promis à nos héros dans la série, confrontés ici au pire de ce qu’ils pouvaient affronter, et aux dialogues déchirants lors d’un tête à tête tout en pudeur et en retenue. Les héros en ressortent grandis mais resteront marqués par cette aventure à bord du train.

En résumé, Demon Slayer – Le film : Le train de l’infini est une excellente surprise, un immense cadeau pour les fans du manga, une immanquable aventure généreuse, spectaculaire, qui divertit et étourdit autant qu’elle émeut.

Romain Leclercq.

Demon Slayer – Le film : Le train de l’infini de Sotozaki Haruo. Japon. 2020. En salles le 19/05/2021