Découvert cette année au Festival d’Animation d’Annecy en séance événement, Modest Heroes, la nouvelle production du studio Ponoc, débarquera sur Netflix le 6 septembre. Petite critique pour un petit film !
Le studio Ponoc, à qui l’on doit Mary et la fleur de la sorcière de Yonebayashi Hiromasa, est une émanation du studio Ghibli, créé en 2015 par Nishimura Yoshiaki. Modest Heroes rassemble trois courts-métrages : Kanini & Kanino réalisé par Yonebayashi Hiromasa, Life Ain’t Gonna Lose de Momose Yoshiyuki et Invisible réalisé par Yamashita Akihiko. Initialement, un 4e court-métrage devait compléter le trio, et aurait dû être réalisé par Takahata Isao…
Kanini & Kanino suit les aventures sous-marines de deux frères crabes, partis sur les traces de leur père emporté par le courant suite à un fâcheux accident. On se situe ici véritablement dans un univers Ghibli mais… raté. Yonebayashi, qui a fait ses armes chez Ghibli avec Arrietty, le petit monde des chapardeurs et Souvenirs de Marnie, a gardé le même style en passant chez Ponoc mais n’a pas réussi à développer sa singularité. Le segment n’est pas désagréable à regarder mais semble totalement vain.
Life Ain’t Gonna Lose met scène Shun, un jeune garçon de 8 ans, gravement allergique aux œufs. Si sa mère fait tout pour lui offrir une vie ordinaire malgré tout, le danger s’accentue lorsqu’il est seul… Ce court-métrage centré sur la vie quotidienne d’un enfant, pour qui tout peut représenter un danger, aurait pu être intéressant. Le réalisateur tente même quelques originalités esthétiques, ce qui est rarement le cas dans les films de tranches de vie. Toutefois, l’empathie est insuffisante pour que les enjeux dramatiques ne paraissent pas un poil ridicule (Shun va-t-il manger un œuf sans le vouloir ?!).
Enfin, le film se termine sur Invisible qui suit un homme luttant contre l’invisibilité qui l’envahit. Tandis que la vie commence à lui filer entre les doigts, seule une décision courageuse pourrait le sauver. Le court-métrage, drôle et touchant, a le mérite de proposer un graphisme et un chara-design différents et originaux. Au contraire des deux autres courts, Invisible possède de réels ressorts dramatiques qui impliquent le spectateur dans la vie de cet homme, luttant pour avoir une place dans la société et, tout simplement, être vu. Pour le coup, Invisible mériterait de devenir un long-métrage.
Modest Heroes pose naturellement la question de la direction que prend le studio Ponoc. A priori, vu le nouveau projet du studio, à savoir, un film pour Tokyo 2020 mettant en scène les valeurs olympiques, on se doute que la créativité n’est pas son objectif premier… et c’est bien dommage.
Elvire Rémand.
Modest Heroes du studio Ponoc. 2018. Sur Netflix à partir du 01/09/2019.