Vidéo – Ip Man Legacy: Master Z de Yuen Woo-ping : un agréable retour aux sources

Posté le 1 mai 2019 par

Yuen Woo-ping, légende du cinéma d’arts martiaux, qui revient à l’univers d’Ip Man, voilà qui ne pouvait que titiller l’amateur de cinéma chinois que nous sommes, d’autant qu’il arrive chez nous en DVD et Blu-Ray grâce à M6 Vidéo. Place à Ip Man Legacy: Master Z !

Yuen Woo-ping est un talentueux réalisateur de cinéma d’action qui nous avait gratifiés de nombreux films durant les années 90, comme Tai Chi Master. Récemment, il avait offert à Netflix la suite un peu trop sage de Tigre et Dragon. C’est aussi un chorégraphe de génie ayant travaillé sur des œuvres aussi diverses que Kill Bill ou Matrix. Yuen Woo-ping se lie à Ip Man, véritable grand maître chinois, ayant enseigné le wing chun et qui a été un des maîtres de Bruce Lee. Considéré comme un héros, Ip Man a eu droit à plusieurs films en son honneur, dont certains incarnés par Donnie Yen. C’est à ces films que se rattache Ip Man Legacy: Master Z puisque le héros de ce film est un des adversaires d’Ip Man/Donnie Yen (nous découvrons d’ailleurs quelques flashback montrant leur affrontement) qui, après avoir perdu face à lui lors d’un combat privé, décide de se ranger des arts-martiaux et de devenir épicier pour élever son fils, recherchant la simplicité d’une vie calme. Évidemment, les choses vont se passer différemment, Ip Man se retrouvant aux prises avec un trafic de drogues, à de la corruption du fait de ces vils Anglais, et devra reprendre les choses en mains, accepter son passé et pratiquer à nouveau le wing chun.

Le scénario, tout comme le déroulement du film, est de ce fait extrêmement classique. Cherchant à revenir aux racines du genre, puisant ses inspirations plutôt dans des films comme Il était une fois en Chine (toutes proportions gardées), Ip Man Legacy déroule une histoire prévisible mais intéressante, dans laquelle nous suivons Cheung Tin Chi avec son fils, menant sa vie simple jusqu’à devoir faire des choix difficiles. Les Anglais sont ici tous des pourris corrompus se serrant les coudes et refusant que les Chinois puissent être autre chose que des gens soumis (tout comme les Coréens avec les Américains, le cinéma chinois se plait ainsi à dépeindre l’Angleterre comme l’Ennemi, utilisant le cinéma de manière cathartique pour lutter contre le sentiment d’invasion que représente la possession de Hong-Kong par l’Angleterre).

Mais, au-delà de cette lutte entre le bien et le mal, d’autres thématiques, aussi classiques qu’attachantes, viennent se greffer. Il y est question de fierté. La fierté de l’Anglais d’être en terrain conquis, la fierté de Cheung Tin Chi qui refuse de se considérer comme un laquais, tout comme c’est la fierté qui l’a poussé, après une défaite, à quitter le monde des arts martiaux et même, quand il combat, à refuser d’utiliser l’art qui l’a fait connaître. Le trafiquant de drogue chinois refuse la compassion, quand sa maladie se déclenche, allant jusqu’à brutaliser les personnes la montrant, et a toujours l’impression de n’être que le petit frère de leur grande chef. Cette dernière souffre dans sa fierté le refus de personnes plus « honorables » à l’accepter dans leur monde. Tout tourne ainsi autour de la fierté, mais aussi d’une quête, qui est la place de chaque personnage, chacun cherchant à savoir qui il est et surtout à s’accepter, bien entendu. Quand Cheung Tin Chin s’acceptera, se relèvera et utilisera le wing chun, rien ne pourra lui résister.

Le casting pour mettre en avant cette histoire est de toute beauté. Max Zhang reprend son rôle avec brio, et se retrouve aux côtés de Michelle Yeoh, toujours très impériale, de Dave Bautista qui campe un méchant des plus charismatiques, ou de Tony Jaa, hélas bien trop sous-exploité. Pour ce dernier, il est d’ailleurs dommage que Yuen Woo-ping ait chorégraphié un combat typiquement chinois, l’affrontement entre lui et Max Zhang atténuant grandement les capacités martiales de Tony Jaa.

Ip Man Legacy alterne des moments sentimentaux, et les combats superbement chorégraphiés, bien qu’un peu classiques. Yuen Woo-ping connaît son travail à la perfection, et les morceaux de bravoure sont nombreux et passionnants, mais manquent de prises de risques, tout comme, finalement, l’œuvre dans son intégralité. Et c’est en fait le seul reproche que l’on puisse faire à Ip Man Legacy: Master Z, c’est qu’il ne tente jamais d’innover, restant sagement dans ses marques, évitant les prises de risques.

Et cela se révèle un peu décevant, mais il serait dommage de bouder son plaisir face à un beau moment de cinéma d’arts martiaux, certes très classique mais maîtrisé, qui ne pourra que plaire à tout amateur du genre et qui mérite amplement que l’on s’y attarde, d’autant que le Blu-Ray est techniquement des plus correct.

Yannik Vanesse.

Ip Man Legacy: Master Z, de Yuen Woo-ping. Chine-Hong Kong. 2018. Disponible en DVD et Blu-Ray chez M6 Vidéo le 10/04/2019.

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