Icône du Visual Kei, Yoshiki revient sur la musique d’X Japan et la création du documentaire We Are X (lire notre critique ici) à l’occasion de la présentation du film au Club de l’Etoile et à la Japan Expo, en attendant sa sortie en salles le 4 octobre prochain.
A propos de We Are X, étiez-vous impliqué sur le projet depuis ses débuts ?
Les gens autour de moi me demandaient toujours « Pourquoi ne fais-tu pas un documentaire sur X Japan ?« . Comme vous le savez, l’histoire du groupe est très dramatique. Je répondais que c’était trop douloureux de replonger dans ces souvenirs. Notre histoire est remplie de douleur, pas seulement dramatique, mais aussi douloureuse et triste. A un moment, les gens ont commencé à me dire : « Ton histoire pourrait inspirer et aider certaines personnes. » C’était une bonne raison de de créer un documentaire, donc il y a trois ou quatre ans on a décidé de se lancer dans le projet.
Quelle a été votre réaction quand vous avez appris que des personnes aux Etats-Unis voulaient faire un documentaire sur X Japan ?
C’est intéressant. Mon agent est aux Etats-Unis. On m’a proposé de créer le documentaire, et j’ai appris qu’il y avait un producteur et un réalisateur qui voulaient le faire. Je leur ai juste demandé de ne pas faire de notre histoire un film d’horreur, car celle-ci peut être très sombre. Je leur ai demandé de faire en sorte que le public puisse sentir des ondes positives. C’était ma seule requête. A part ça, ils pouvaient utiliser toutes les images qu’ils voulaient. C’était vraiment cool. Les gens au Japon connaissent généralement bien notre histoire, ils peuvent avoir une idée de ce que X Japan a été, mais le réalisateur n’avait aucune idée de ce qu’était le groupe, donc il a fallu partir de zéro. C’était d’ailleurs une très bonne manière de faire les choses, car ce film a aussi était fait pour que les gens qui n’ont aucune idée de ce qu’est X Japan, ou qui ne s’intéressent pas à la musique, puissent aussi être inspirés.
X Japan est un des premiers grand groupes de Visual Kei, et vous êtes fan de Kiss. Pouvez-vous nous dire si d’autres artistes glam rock, comme Bowie ont eu un impact sur votre carrière ?
Enormement ! Etant japonais, j’ai grandi en regardant un tas de dessins animés japonais. Et puis mes parents tenaient un magasin de kimonos. A cause de ça j’ai été inspiré par le style des kimonos japonais, le kabuki. J’aime aussi David Bowie, Kiss, Sex Pistols et le punk rock, le glam rock et le hard rock. J’ai été très influencé par eux, surtout David Bowie. Il était très fashionable et en même temps très expérimental. Il a tenté tout un tas de trucs et ça m’a inspiré.
La scène glam métal américaine des années 80 a-t-elle aussi influencé X Japan?
Je crois que Taiji était très influencé par les groupes de glam américains, il adorait ça. Au début de X, j’étais très inspiré par Bowie et le punk rock. Je nous identifiais comme un groupe punk. Avant que Taiji nous rejoigne, lorsque l’on jouait dans les clubs, on a tous eu plusieurs groupes et nous jouions tous dans des groupes punk, pas des groupes hard rock. J’étais le gamin punk, et Taiji était le gamin glam rock américain. hide aimait beaucoup d’artistes anglais. X Japan est une combinaison de tout ça.
J’aimerais revenir à la période où hide et Taiji composaient également pour X. Votre monde est plutôt sombre, parle de douleur et de souffrance, mais selon vous quel était le monde de hide et Taiji ?
hide et Taiji étaient des génies, ils étaient très charismatiques. Non seulement c’étaient des musiciens extraordinaires, mais c’était aussi des bêtes de scène, ils illuminaient un concert par leur présence. Cela m’a toujours inspiré. Bien que Taiji et moi avons eu nos différends, parfois nous échangions des coups, c’était un des bassistes les plus incroyables que j’ai rencontré. Sans eux, je ne serai pas là. Je ne pense pas que X Japan serait devenu aussi gros sans eux. On peut dire que nous avons créé X Japan ensemble. Ils m’ont fait réaliser que j’étais aussi légitime qu’eux. Ce que je faisais avant de m’associer à Toshi, et ensuite avant qu’ils ne se joignent à nous, je voyais ça juste comme un groupe punk assez fou. Nous ne pensions pas musicalement. Taiji et hide avaient une réputation, ils étaient déjà très respectés par la scène rock et par les critiques avant de rejoindre X Japan. Ensuite ils ont rejoint X Japan en se disant que ça pouvait être un groupe avec une certaine légitimité. Encore une fois, ça a donné un groupe punk un peu fou. Nous voulions tout détruire. J’avais un instinct de mort, je voulais me suicider, mais ils ont apporté un côté positif au groupe. Avant de les rencontrer je voulais tout détruire, mais ils m’ont appris à créer également.
C’est un challenge pour des artistes japonais de percer dans le monde entier. A un moment vous vouliez que le prochain album soit intégralement en anglais mais il semblerait que vous ayez changé d’avis. Pensiez-vous qu’il était préférable de laisser parler la musique ?
Le prochain album sera à 99% en anglais, bien que j’ai gardé quelques mots en japonais. Je pense qu’il faut essayer. C’est comme au début de notre carrière… nous venons de la préfecture de Chiba, près de Tokyo. Nous étions déjà connus là-bas mais nous voulions conquérir Tokyo. On a donc fait une tournée des clubs. Ensuite notre objectif a été de se faire signer par un gros label et on a signé chez Sony Music Japan. Certains avaient pour ambition de remplir des salles, ou d’essayer d’autres styles musicaux, mais il nous fallait toujours de nouveaux défis. C’est pareil avec l’album en anglais. Je veux viser un marché plus grand. Il se pourrait que ça ne fonctionne pas, mais on va essayer, parce que rien est impossible. Je suis très confiant.
Cet été vous allez faire une tournée au Japon. Suite à votre opération [Ndr: qui empêche Yoshiki de rejouer de la batterie pour le moment], travaillez-vous à réarranger les morceaux et ainsi offrir quelque chose de différent des tournées précédentes ?
Complètement ! La tournée démarre la semaine prochaine. Nous réarrangeons quasiment tout. C’est un vrai défi mais je pense que ça sera mémorable. Il y a une chanson, Kurenai, qu’on n’a jamais vraiment joué en version totalement acoustique. Je veux faire ça, avec des cordes et pourquoi pas un orchestre. C’est très intéressant.
Sur quels projets parallèles travaillez-vous en ce moment ? Lady’s X ?
Je veux produire un girls band. Le rock c’est la liberté et pas seulement pour les hommes, donc je veux créer ça. Le groupe ne devra pas forcément jouer du X Japan, c’est le style qui importe. Je veux apporter ma contribution au développement de ce type de groupe. Je travaille aussi sur de la musique classique, j’écris une symphonie. J’ai aussi un projet avec Marylin Manson, nous écrivons une chanson ensemble. Mais à cet instant, ma priorité est de finir l’album d’X Japan.
Propos recueillis le 6 juillet 2017 à Paris par Anel Dragic.
Remerciements : Stephane Ribola, Mickaël Lemesle & Le Club de l’Étoile.
We Are X de Stephen Kijak. Japon-USA-G.-B.. 2016. En salles le 04/10/2017.