En salles – Hirune Hime, rêves éveillés de Kamiyama Kenji (sortie le 12/07/2017)

Posté le 17 juillet 2017 par

Présent cette année au Japan Expo, le cinéaste Kamiyama Kenji a une double actualité en France. D’abord la ressortie en haute définition de sa série Ghost in the Shell : Stand Alone Complex, prolongement haletant et passionnant des œuvres développées en manga et anime par Shirow Masamune et Oshii Mamoru. L’autre événement est la sortie en salle de son long métrage d’animation, Hirune Hime, rêves éveillés. Le film aura la lourde tâche d’occuper la case estivale et d’offrir une réelle alternative aux mastodontes US. A-t-il seulement les épaules suffisamment larges ?

Eurozoom et @anime proposent déjà depuis plusieurs années un éventail assez large de la qualité et de la variété de l’animation japonaise. Une spécialité locale trop souvent effacée par ses illustres aînés adorés du public et de la critique qui voient toute autre proposition avec un regard condescendant et la renvoyant aux vieux clichés sur la programmation du Club Dorothée.

Hirune Hime est l’occasion de découvrir un artisan de l’animation japonaise qui a gravi les échelons en travaillant à divers postes du stade de production avant d’être propulsé au rang de réalisateur. S’il s’est fait une solide réputation au sein de la franchise Ghost in the Shell, on connaît moins son travail d’auteur. Malgré ses indéniables qualités, le film Rêves éveillés est loin de tenir ses promesses.

Brillant sur un plan technique, le film a été produit par Signal MD, branche toute numérique du Studio IG. L’animation est d’une rare fluidité et l’intégration d’outils CGI au service d’un rendu 2D se fait avec une réelle harmonie visuelle. Et c’est là où réside la partie la plus enthousiasmante du métrage. Kamiyama fait plus la preuve d’un bon illustrateur que d’un conteur d’histoires chevronné.

Dans ce récit de quête initiatique ballottée entre deux univers, l’un réel et l’autre fictionnel, le réalisateur peine à créer des passerelles entres les deux mondes. Son introduction très didactique dans la fantaisie s’avère assez laborieuse malgré le soin apporté aux dessins, simples mais expressifs, ses designs oscillant entre le conte de fées façon steampunk et le kaiju kawai, sans oublier ceux aux charmes rétro-futuristes élégants.

Concernant l’emploi scénaristique d’une menace colossale venue de l’extérieur contrecarrée par des robots géants, il rappelle trop évidement la franchise Evangelion pour paraître tout à fait honnête. Et l’un des regrets dans l’avancement du récit est qu’une fois l’origine de cet univers fantaisiste révélée, l’auteur oublie d’assumer ses influences et, au lieu de saluer toutes les idoles de la pop culture qui ont nourri cet imaginaire, il ne les fait apparaître que comme un amas de fan service un peu encombrant.

L’histoire se tient beaucoup mieux dans son intrigue réaliste avec des enjeux solides et ses personnages bien plus attachants. Car au-delà de cette histoire de sauvetage d’un père, inventeur solitaire assez génial qui élève seul son adolescente de fille, il y a une belle quête d’identité au travers de cette figure absente de la mère dont les contours flous vont peu à peu s’éclaircir à mesure que l’histoire avance. Un récit qui va, malgré un départ difficile, se simplifier une fois les liens interdimensionnels définis pour se concentrer sur le véritable enjeu. Si seulement Kamiyama s’était contenté de cela, de jouer la carte de l’émotion et se recentrer sur ses personnages… Trop effrayé d’ennuyer ses spectateurs, il opte pour le grand n’importe quoi. Bien qu’elle n’ait pas de raison de revenir, voilà que la dimension fantaisiste reprend du service pour un climax artificiel avec un duel de robots géants. Et tout cela est d’autant plus frustrant que l’on aimerait savoir ce qu’il advient vraiment de notre jeune héroïne ; mais non, on a l’impression que Kamiyama s’est gouré de scénario et qu’il anime le nouvel épisode de Gundam.

Pour couronner le tout, l’une des scènes des plus émouvantes du métrage n’apparaît que pour illustrer les crédits de fin, alors qu’elle aurait bien mieux mérité sa place au sein de l’intrigue. On peut dire que le réalisateur s’est vraiment pris les pieds dans le tapis pour ce dernier acte raté.

Kamiyama Kenji, s’il déçoit clairement en tant qu’auteur, reste un brillant technicien qui peut faire des merveilles au sein d’une production bien calibrée. On reste cependant curieux de le voir de retour sur la franchise Ghost in the Shell malgré sa collaboration annoncée avec le décevant Aramaki Shinji. Cette demi-déception n’entache en aucun cas notre soif de découverte et nous attendons avec grande impatience les prochains titres prévus par Eurozoom.

Hirune Hime, rêves éveillés de Kamiyama Kenji. Japon. 2016. En salles le 12/07/2017.

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