Le Brussels International Fantastic Film Festival est un événement unique en son genre. Un des plus grands festivals fantastiques européens, à l’ambiance complètement unique, et à la programmation éclectique, s’est déroulé à Bruxelles du 29 mars au 10 avril 2016. East Asia y était, bien entendu. Petit tour du festival !
Assister à une séance au BIFFF se révèle difficilement oubliable, tant l’ambiance est particulière. D’ailleurs, pour s’y habituer et l’apprécier à sa juste valeur, quelques éditions du festival peuvent être nécessaires. Pourquoi est-ce spécifique ? Parce que le public participe comme nulle part ailleurs, applaudissant, riant, s’exclamant durant les films. Certaines phrases reviennent régulièrement, comme « La Porte ! » ou « Pourquoi est-il si méchant ? » ou le classique « Mais quel bon film ! » à la première scène de sexe ou de nudité féminine (il est même possible d’acheter des badges avec ces citations). Sans oublier cette tradition qui consiste à exiger de tout invité venu parler d’un film qu’il chante sur scène. Une tradition tellement bien ancrée que les invités répètent leur prestation future et ne sont plus pris au dépourvu depuis longtemps.
Oui, le BIFFF, c’est cela, et bien plus encore ! Car, outre ces projections de films on ne peut plus participatives (mais qui peuvent se révéler très studieuses si l’oeuvre est vraiment prenante et sérieuse), outre ces possibilités de boire de bonnes bières entre cinéphiles (la délicieuse Cuvée des trolls est chaque année de la partie), c’est bien entendu des projections variées et exhaustives qui motivent le cinéphile à venir jusqu’à Bruxelles, et cette année ne faisait pas exception à la règle.
Le Festival a certes été tristement malmené du fait de l’horreur survenue à peine une semaine auparavant, mais, mis à part quelques invités qui ne firent pas le voyage (dont Ryoo Seung-wan, qui non seulement voyait son Veteran concourir pour le prix thriller, mais avait aussi droit à une rétrospective), et des contrôles plutôt drastiques à l’entrée, il put voir le jour et attirer un très grand nombre de spectateurs (53 000 spectateurs quand même). Les séances débutaient à 14h, et des films étaient projetés dans deux salles différentes (parfois trois) jusqu’à 00h30 pour la dernière séance. A cela s’ajoute une journée centrée sur le cinéma belge (avec des courts-métrages) et une nuit fantastique, débutant joyeusement par le très fun Hardcore Henry en avant-première (le film est sorti en retard par rapport à la France).
Comme toujours, l’Asie avait une grande place au sein du festival. Outre des filmographies eastasiennes fantastiques peu mises en avant de manière générale (Demon et Jeruzalem venaient d’Israël), deux pays étaient particulièrement mis à l’honneur. La Corée prouvait qu’elle avait encore de nombreuses choses à raconter en proposant de nombreux thrillers, entre le moyen The Tatooist, ou les excellents The Executive: Beat The Devil’s Tatoo, Veteran ou encore The Phone, mais aussi avec le bouleversant film de zombies social Seoul Station.
L’autre grand présent du festival était Taïwan, qui permettait de découvrir un impressionnant film de marionnettes (The Arti: The Adventure Begins), mais aussi deux tentatives d’horreur surfant sur les légendes du pays. Et si The Tag-Along et The Bride sont très imparfaits, ils prouvent qu’un vivier de légendes terrifiantes ne demande qu’à apparaître sur grand-écran. Si le savoir-faire devra être affiné (il faudra surtout que les réalisateurs apprennent à jouer sur le suggéré et le non-dit), le résultat, très honorable, est encourageant.
De nombreux films asiatiques furent primés. Et si Demon, qui a gagné le Méliès d’argent, laisse perplexe (malgré quelques moments surréalistes, le film était bien trop classique pour convaincre, ce qui se révèle dommage), les autres films asiatiques mis en avant méritent amplement le détour. Le jury international a offert une mention spéciale à The Arti: The Adventure Begins, voulant souligner l’originalité visuelle époustouflante de ce film d’animation atypique et, ex-æquo pour le corbeau d’argent, Seoul Station et The Phone qui se doivent d’être vus. Le premier est un film de zombies social à la dureté et au propos sublime, et l’autre un thriller fantastique aussi solide qu’efficace et tendu. Et, toujours asiatique, le corbeau d’or fut remporté par I Am A Hero, de Shinsuke Sato.
La 34ème édition du Brussels International Fantastic Film Festival s’est donc achevée après une dizaine de jours centrés sur le cinéma fantastique au sens large (permettant de voir aussi bien de l’horreur que du thriller, de la fantasy ou des comédies), et il nous tarde déjà d’être à l’année prochaine pour découvrir ce que nous réserva l’édition 2017.
Yannik Vanesse
La 34ème édition du Brussels International Fantastic Film Festival sur East Asia
textes pré-festival
The Unjust, de Ryoo Seung-wan (rétrospective)
Yakuza Apocalypse, de Miike Takashi (hors-compétition)
Entretien avec Nakata Hideo (et Shimazaki Haruka) pour Ghost Theatre
Ghost Theatre, de Nakata Hideo (hors-compétition)
Tag, de Sono Sion (compétition internationale)
The Kings Of Pigs, de Yeun Sang-ho
Veteran, de Ryoo Seung-wan (compétition thriller)
The Virgin Psychics, de Sono Sion (hors-compétition)
Out Of Inferno 3D, d’Oxide et Danny Pang
Critiques
Demon, de Marcin Wrona (sélection européenne)
The Bride, de Lingo Hsieh (hors-compétition)
The Laundryman, de Chung Lee (hors-compétition)
Seoul Station, de Yeon Sang-ho (sélection internationale)
The Exclusive : Beat The Devil’s Tattoo, de Roh Deok (sélection thriller)
The Arti : The Adventure Begins 3D, de Huang Liang Hsun (sélection internationale)
The Tag-Along, de Cheng Wei-hao (hors-compétition)
The Phone, de Kim Bong-joo (sélection internationale)
Assassination Classroom, de Hasumi Eiichirô (hors-compétition)
news
Le Brussels International Fantastic Film Festival 34ème édition dévoile sa programmation