BIFFF 2016 – The Virgin Psychics de Sono Sion

Posté le 21 mars 2016 par

Enième méfait de Sono Sion, The Virgin Psychics fait le tour des festival et arrive au Brussels International Fantastic Films Festival cuvée 2016. Alors, il s’essouffle le père Sono ? Tout dépendra de ce que vous attendez du monsieur.

Chaque nouveau Sono Sion est un évènement (au moins à l’échelle des amateurs de cinéma asiatique, et même de manière un peu plus vaste chez les amateurs de films barrés). On ne vous mentira pas, chez East Asia on guette chacune de ses nouvelles réalisations avec une ferveur sans égale. Du coup, à chaque festival, c’est un peu la même rengaine : on attrape le programme (PIFFF, L’Étrange Festival, Kinotayo…), on l’épluche d’abord d’un regard en diagonal à la recherche du dernier Sono, et puis on y revient une deuxième fois pour l’observer plus méticuleusement. Vous imaginez bien qu’avec cinq films à son actif en 2015, c’était un peu Noël pour les fans. Le BIFFF ne nous a pas fait faux bon, et plutôt qu’un Shinjuku Swan et un The Whispering Star encore inédits chez nous, les gars ont choisi, entre-autre, la comédie sexy du réalisateur, et ça tombe bien parce qu’on avait sérieusement besoin d’une bouffée de chaleur.

L’étoffe des zéros

 The Virgin Psychics est une nouvelle adaptation de Minna! Esper dayo!, manga déjà adapté en série télé en 2013 (quelques épisodes sont réalisés par Sono), suivi d’un téléfilm en 2015 (mis en scène par vous savez qui). On reprend quasiment tous les acteurs du drama et on repart à zéro, donc.

Yoshirô Kamogawa (Shôta Sometani, déjà vu dans Himizu et Tokyo Tribe) est un jeune branleur (littéralement) qui, un soir, par l’effet combiné de son passe-temps et d’un placement astral particulier, se verra doté du pouvoir de lire dans les pensées des gens. Il rencontrera vite quelques personnes (des branleurs aussi !) ayant également bénéficié de différents pouvoirs cette fameuse nuit. Baptisés Esper, ils s’uniront pour affronter d’autres Espers, plutôt maléfiques ceux-ci.

The Virgin Psychics

Plus inspirée que sa version télé, et malgré quelques idées de mise en scène repiquées ici et là, cette adaptation ciné se montre assez dynamique, le film reposant souvent sur ses effets de mise en scène plein d’espièglerie et sur ses personnages. Difficile en effet de résister à une galerie d’individus aussi libidineux, qu’il s’agisse de Teru-san, propriétaire vieillissant d’un café et obsédé notoire capable de déplacer les objets érotiques par la pensée, ou encore des parents de Yoshirô dont l’attrait pour le sexe oral déborde dans chacun des regards qu’ils se lancent. Mentionnons également le Professeur Asami (Ken Yasuda), accompagné de l’Esper Takako Akamiya (Megumi Kagurazaka, madame Sono Sion à la ville) qui ne peut utiliser son pouvoir que lorsqu’un individu la regarde droit dans les seins. Ces idées loufoques sont constamment appuyées par des effets coquins et cheap pleins d’idées, conférant immédiatement au film un caractère attachant. Si passé la première partie le film se relâche un peu, peut-être est-ce dû autant au côté répétitif qui s’instaure qu’à nos zygomatiques fatigués.

Collège Fou Fou Fou

Au cœur de cette vague de film de super-héros, The Virgin Psychics fait un peu office de rencontre entre la série Heroes et ces comédies érotiques pour gentils pervers dont sont remplis les rayons mangas. L’intrigue est simple, mais l’humour souvent hilarant. Se dégage également une certaine candeur, voir naïveté que l’on retrouvait déjà dans Love & Peace. Difficile de résister à la générosité du réalisateur devant ces hordes de bombasses. Vous avez payé votre ticket ? Vous aurez de quoi vous rincer l’œil ! Et si Sono Sion pointait du doigt l’idée de femme comme objet de fantasme dans Tag, ici il cède plus facilement dans la complicité voyeuriste avec le spectateur. De ce point de vue, le drama était un peu plus nuancé que le film et s’attardait plus longuement sur l’ambivalence entre le désir protecteur de Yoshirô pour les femmes et ses besoins d’adolescent onaniste. Se démarquant de la version télévisée, le film aborde plus concrètement la recherche du grand amour, aboutissant sur l’idée que chaque femme de la vie de Yoshirô est potentiellement celle qui lui est destinée.

VIRGIN PSYCHICS

Bon, il faut bien l’avouer, The Virgin Psychics n’est pas le film le plus terrifiant de la sélection du BIFFF, bien au contraire. Malgré son postulat fantastique, on se retrouve ici face à un film potache au niveau généralement situé sous la ceinture. Mais est-ce une réussite ? Si avec son pitch de départ on se doutait évidemment que ça ne serait pas du Bergman, The Virgin Psychics est pourtant pleinement un film de Sono Sion. On retrouve autant ces personnages de losers qu’il a souvent chéris que ces idées artistiques à la fois folles et libres dans lesquelles le récit peut basculer à tout moment. C’est certes un film de commande, mais ce n’est pas un film de vendu. C’est pourquoi on encouragera les spectateurs plus amateurs du pan plus auteuriste de sa filmographie de se détendre, d’appeler quelques amis, de boire quelques verres et de laisser sortir le petit coquin qu’ils ont au fond d’eux. Les nymphes de Sono Sion s’occupent du reste.

Anel Dragic

The Virgin Psychics de Sono Sion. Japon. 2015. Présenté au Brussels International Fantastic Films Festival (BIFFF 2016).

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