BIFFF 2016 – The Bride, de Lingo Hsieh : du renouveau dans l’horreur asiatique ?

Posté le 5 mai 2016 par

Lors de cette 34ème édition du Brussels International Fantastic Film Festival, plusieurs films taïwanais étaient à l’honneur. Grâce à The Bride (hors-compétition) et The Tag-Along, il était possible de découvrir une tentative assez intéressante de renouer avec l’horreur japonaise post-Ring, tout en utilisant le vivier des légendes locales. The Tag-Along était intéressant par certains côtés, mais pas toujours réussi. Qu’en est-il de The Bride ?

The Bride, c’est tout d’abord un court-métrage de la réalisatrice Lingo Hsieh qui, sous la tutelle du producteur japonais Ichise Taka (The Grudge), le transforme en long-métrage (assez court cependant, le film faisant 1h20). Il serait intéressant de découvrir le matériau originel, pour voir à quel point le court-métrage était prometteur ou pas.

the bride

Toujours est-il que la scénariste et réalisatrice est partie d’une légende aussi intéressante qu’effrayante pour son film. A Taïwan, une femme qui meurt alors qu’elle n’est pas mariée est maudite. Aussi, la famille de la défunte conçoit tout un stratagème pour forcer un jeune homme à épouser la malheureuse, pour éviter qu’elle ne devienne un spectre potentiellement extrêmement dangereux. The Bride nous révèle que de nombreux pays pratiquent le mariage entre vivants et morts, mais qu’à Taïwan, cette pratique est légalement reconnue.

Sur ce point de départ, Lingo Hsieh s’intéresse à un jeune homme, producteur d’une série télévisée documentaire, qui va bientôt se marier avec une charmante épouse. Il fait cependant d’étranges rêves qui semblent remonter à une vie antérieure, et paraît harcelé par une jeune femme fantomatique. En parallèle, une adolescente voit d’horribles choses sortir de son placard ou la suivre à la piscine et, terrifiée, elle essaie de comprendre ce qui lui arrive.

the bride

Oui, The Bride suit un canevas très simple. Le héros, hanté, doit comprendre le pourquoi de sa malédiction, qui remonte visiblement à une vie antérieure, et son destin va se lier avec celui de l’adolescente capable de voir les spectres. Ainsi, le spectateur habitué sait rapidement comment va évoluer The Bride et ce qu’il va raconter.

Pourtant, The Bride possède de nombreuses qualités et de nombreux défauts – les mêmes, en fait, que The Tag-Along. Quand la réalisatrice joue sur le suggéré, le film se révèle très efficace. Il sait ainsi créer l’angoisse, quand notre adolescente regarde la porte de son placard qui s’entrouvre et quelque chose qui l’observe à l’intérieur, par exemple, ou encore le mariage entre la morte et le vivant, particulièrement malsain et assez sanglant. Hélas, comme dans The Tag-Along, la réalisatrice ne sait pas s’arrêter et, tout à coup, nous montre tout. Voir les mains d’un cadavre jaillir de sous le lit pour remettre les chaussons de l’héroïne en place ne peut que faire rire, et, quand la caméra plonge dans l’eau de la piscine pour montrer aux spectateurs un fantôme numérique accroché aux jambes d’une gamine, le ridicule s’invite à la fête. A cela s’ajoutent des séquences ne servant pas forcément le propos (cette histoire de fantôme dans la piscine n’est pas forcément utile, le spectateur ayant déjà compris les pouvoirs de la jeune héroïne et son rôle futur) mais permettant, comme souvent avec un court-métrage transformé en long, de rallonger la durée du film un peu artificiellement.

the bride 2

The Bride souffle ainsi le chaud et le tiède, jusqu’à un twist final certes assez prévisible, mais plutôt bien mis en scène, franchement malsain dans ce qu’il montre et qui fait froid dans le dos. Finalement, le film est loin d’être inintéressant et prouve, comme The Tag-Along, une volonté du cinéma taïwanais d’utiliser les légendes locales pour construire un cinéma horrifique qui aurait sa propre identité. Visiblement, les réalisateurs lorgnent encore un peu trop du côté de la J-horror et manquent de pratique, mais cela se révèle prometteur. Reste à voir comment ce type de cinéma évoluera mais, au vu des légendes utilisées et de la qualité de certaines scènes, il serait intéressant d’en observer l’évolution.

Yannik Vanesse

The Bride, de Lingo Hsieh (2015). Diffusé lors de la 34ème édition du Brussels International Fantastic Film Festival

Imprimer


Laissez un commentaire


*