BIFFF 2016 – entretien avec Nakata Hideo (et Shimazaki Haruka) pour Ghost Theatre, à l’Etrange Festival 2015

Posté le 28 mars 2016 par

Nakata Hideo était de passage à Paris pour la première mondiale de son nouveau long métrage, Ghost Theatre, qui se tenait à L’Étrange Festival au Forum des Images, événement qui avait consacré quelques années auparavant une carte blanche au cinéaste japonais. Marquant son retour au genre qui l’a rendu célèbre, le réalisateur de Ring et Dark Water est venu accompagné de son actrice principale, l’idole Shimazaki Haruka, ex-membre du groupe AKB 48. Ghost Theatre étant projeté lors de la 34ème édition du Brussels International Fantastic Films Festival, il était normal de remettre en avant les paroles de son réalisateur.

Pourquoi revenir au film de fantômes ?

Nakata Hideo: C’est très simple, mon précédent long métrage The Complex a très bien marché. Il s’agissait d’un projet réalisé en partenariat avec Akimoto Yasushi et d’autres producteurs. C’est le créateur du groupe d’idoles, les AKB 48, dont l’actrice principale Maeda Atsuko est l’une des membres principales. Suite au succès du film, ils m’ont proposé de collaborer de nouveau avec eux sur une production similaire.

Ghost Theatre rappelle votre court métrage The Cursed, réalisé en 1992 dans une anthologie d’horreur Curse, Death & Spirit? Quel lien y a-t-il entre les deux films ?

Les deux films n’ont rien à voir. Le seul point commun est la poupée. Il s’agit en fait d’un court métrage de 20 minutes que j’ai réalisé pour la télévision, mais il n’y a aucun rapport avec mon nouveau film.

Dans la scène d’ouverture, vous jouez habilement avec le spectateur sur la perception du réel et de la fiction. Pour quelles raisons ?

Je peux parler à présent de points communs avec mon premier long métrage Ghost Actress réalisé en 1996. Dans les deux longs métrages, je joue des effets de mise en abîme, de film dans le film, et dans Ghost Theatre d’une pièce de théâtre dans le film. Les deux histoires se focalisent sur les allers-retours entre la réalité et la fiction parcourus par leurs héroïnes. Je m’intéresse beaucoup à cette relation qui existe entre la réalité et la fiction. Je pense que dans la fiction il y a beaucoup d’interstices, c’est à dire des espaces vides où l’on peut imaginer que le démon ou le mal puisse habiter, contrairement à la réalité.

Ghost Theater

Dans les scènes horrifiques, l’image est baignée dans des chromos très vifs qui rappellent les films d’horreur gothiques italiens et notamment ceux de Dario Argento. Était-ce une référence intentionnelle de votre part?

C’était bien intentionnel de ma part. J’aime beaucoup ses films, j’en ai vu beaucoup, notamment Suspiria et Inferno. J’ai d’ailleurs demandé à mon directeur de la photographie de les regarder afin de reproduire cet aspect gothique et sensuel de son cinéma. Je lui rend hommage dans l’une des scènes où l’on voit l’actrice Shimasaki Haruka qui joue le personnage Sara durant les répétitions, et au cours de celle-ci la photographie devient soudain d’un rouge monochrome.

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Dans Ring, vous avez effrayé les spectateurs en faisant rentrer les fantômes japonais dans leurs foyers au travers de la télévision. Votre dernier long métrage a pour cadre une scène de théâtre, lieu qui a popularisé toutes ces légendes au Japon. Pourquoi un tel lieu?

L’idée de choisir pour cadre une pièce de théâtre est venu assez tard. Mon idée initiale était la poupée, la poupée qui fait peur. Il y a déjà eu des films qui ont utilisé ce ressort horrifique comme Jeu d’enfant, mais assez peu finalement. J’ai voulu utiliser une poupée un peu plus grande que la taille humaine, qui agresse les êtres humains et qui fait jaillir le sang et la chair, aspect représenté par le rôle de la jeune Elisabeth dans la pièce de théâtre (pièce de théâtre dont le sujet sont les exactions de la comtesse Elisabeth Bathory qui, au 16ème siècle, sacrifiait de jeunes femmes pour se baigner dans leur sang afin de rester jeune éternellement – ndlr).

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Dans le film vôtre personnage Sara est très consciencieuse dans son approche du métier d’actrice, elle apprend par cœur ses répliques ….

Shimazaki Haruka : Sara est une jeune actrice qui ne pense qu’à jouer. Elle ne pense pas aux loisirs et plaisirs des filles de son âge. Et contrairement à ses concurrentes qui cherchent à percer dans le milieu, pas seulement en tant qu’actrices, mais qui ont de vraies stratégies de carrière, qui multiplient leurs activités que ce soit dans la mode ou la musique, Sara, elle, reste focalisé sur sa passion. J’ai très bien compris les motivations de ce personnage.

… et du coup comment avez-vous abordé ce métier d’actrice pour votre premier film?

J’ai fait pas mal de préparation pour jouer le rôle de Sara. Notamment pour les scènes concernant la pièce de théâtre. J’ai beaucoup répété avant le tournage. Sinon j’ai vu quelques films de Nakata Hideo, trois ou quatre je pense. Pour moi c’était vraiment une première fois dans le métier d’actrice et au cinéma, et j’ai donc donné le maximum.

Haruka

Propos recueillis par Martin Debat à l’Étrange Festival 2015.

Crédits photos : © Max pour Coyote Mag.

Un grand merci à l’interprète Takahashi Shoko et aux attachés de presse du festival, Estelle et Xavier, pour leur disponibilité et leur patience.

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