DVD – Musashi contre Baiken, d’Uchida Tomu : sixième volet du cycle Miyamoto Musashi

Posté le 13 juin 2015 par

Après avoir conclu tous ses arcs narratifs dans les films précédents, que restait-il à raconter pour Uchida Tomu dans ce dernier volet, qui conclut ce passionnant cycle centré sur Musashi Miyamoto ?

C’est en effet la question qu’il est possible de se poser. Cela, associé au fait que quelques années séparent Musashi contre Baiken du volet précédent, alors que jusqu’à présent le réalisateur réalisait un film par an, peut laisser penser qu’il ne revient au célèbre personnage une dernière fois que pour des raisons mercantiles.

coffret musashi

Ainsi, nous découvrons notre sabreur, toujours à la recherche du perfectionnement ultime en matière de maniement du sabre, cherchant à suivre la voie du samouraï, qui s’arrête dans un coin reculé, où réside un célèbre combattant, utilisant une arme bien particulière. Il désire, comme souvent, en apprendre toujours plus sur le combat. Ce qu’il ignore, c’est que la personne qu’il désire rencontrer est un brigand détroussant les voyageurs, et qu’à cela va s’ajouter une sombre histoire de vengeance…

On le perçoit immédiatement, Uchida Tomu s’inspire des classiques récits d’auberges tenues par des criminels, et fait se rejoindre le scénario avec le reste du cycle en créant un lien avec les exactions de Musashi lors du premier film, alors qu’il portait un autre nom. Pourtant, derrière tout cela, Uchida Tomu entend livrer une conclusion brillante, tétanisante et inoubliable à sa saga.

La simplicité du récit et le peu de décor (une petite maison, la campagne environnante) permet au réalisateur de développer d’autres choses, et de prendre son temps. Ainsi, il provoque des arrêts sur image, régulièrement, pour laisser les pensées des personnages envahir l’écran. D’autre part, certaines séquences s’étirent, engluent le spectateur. Quand les brigands veulent prendre Musashi par surprise, alors qu’il dort, et que les mouvements de la porte hypnotisent le spectateur. Des gros plans, centrés sur les yeux du chef des brigands et de Musashi, envahissent l’écran. Mais le film est aussi l’occasion de montrer un long affrontement, d’abord contre tous les brigands, puis contre le couple de chefs, maniant leur arme de manière mortelle, et obligeant Musashi à faire preuve de ruse, cette dernière étant aisément perçue comme de la lâcheté.

Et, alors que l’histoire progresse, que le spectateur assiste à une lutte épique, il reste tétanisé face à ce qu’ose le réalisateur. En effet, la folie se saisit lentement du chef des brigands, obnubilé par la vengeance, et tout doucement, le film déploie un message pacifiste dont la conclusion apparaitra en toutes lettres à la fin du film, un message marquant, allant à l’encontre de tout ce qu’on aurait pu penser en suivant l’évolution du personnage principal.

Et pourtant, Uchida Tomu avait mis cette idée en place dès les premières images du film, insidieusement, en montrant les différents combats livrés par Musashi. Des morceaux de bravoure ? Pas vraiment, comme le sait le spectateur qui a suivi le cycle dans son intégralité. Ainsi, c’est un message de mort et de destruction, de vies gâchées menant à d’autres vies gâchées, toujours plus, que raconte ce cycle, jusqu’à ce Musashi contre Baiken, où les exactions lointaines du sabreur le rattrapent, et où un homme, tellement obnubilé par la vengeance, serait prêts à sacrifier sa femme et son nouveau né, juste pour faire couler un peu plus de sang.

Au final, Musashi contre Baiken se révèle être une formidable conclusion, qui prend à contre-pied les attentes du spectateur, qui découvre un film aussi simple et classique qu’essentiel dans ses thématiques, déposées intelligemment au fil de l’affrontement que raconte ce film.

Yannik Vanesse

Coffret Miyamoto Musashi, disponible chez Wild Side depuis le 03 décembre 2014.

Critique du premier film

Critique du deuxième film

Critique du troisième film

Critique du quatrième film

Critique du cinquième film

Critique du sixième film