Le Film de la semaine : Still The Water de Kawase Naomi – Nature vivante

Posté le 1 octobre 2014 par

Il y a dans Still The Water, le dernier Kawase Naomi en sélection officielle à Cannes, toute une attention pour la nature et ses remous à découvrir en salles le 1er octobre.

La mort sera de tous les plans. Dès les premiers, c’est une chèvre que l’on égorge dans Still The Water. De retour après Hanezu en 2011, la Japonaise est une habituée du festival, ayant remporté dès 1997 la Caméra d’Or avec Suzaku (primée la plus jeune, et première fois pour une Japonaise) ainsi que le Grand Prix pour La forêt de Mogari en 2007.

Ayant perdu sa mère adoptive en 2013, Kawase Naomi ne cache pas, comme dans beaucoup de ses films, la part personnelle de ses fictions. Comme en réponse, le jeune couple de personnages principaux voit sa situation familiale chamboulée. Une mère va mourir, l’autre perd aux yeux de son ado de 16 ans sa « pureté ».

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Pas si éloigné d’une forme de mysticisme qu’on trouve chez Terrence Malick, le film se construit par à coups, alternance de scènes familiales où la jeune Kyoko se prépare au deuil avec celles où elle fait du vélo avec son amoureux Kaiko, drôle de gamin des villes quasi muet. La répétition, très verbale, de principes stoïques, de l’amour du grand tout et d’un panthéisme cher à Kawase, pourra laisser certains de marbre, mais la croyance confiante de la cinéaste dans ces principes de vie a quelque chose de puissamment apaisant (notamment au milieu de la bourrasque de films cannois pessimistes) dans sa litanie presque New Age.

Tourné sur l’île d’Amami, avec seulement une scène à Tokyo, le film embrasse les éléments naturels, impliquant les arbres et la mer dans la promotion des valeurs « kawasiennes ». La cinéaste procède par une mise en scène gracile, aussi délicate que ses comédiens, alternant caméra instable/ image sale qualité DV avec plans sous-marins grand angles , pour le coup très lissés. Deux méthodes d’enregistrement du monde, deux sensibilités, fictionnelle et documentaire, d’égale importance.

Still the Water

Kyoko (Yun Yoshinaga) dans l’eau

Le troisième tiers du film est moins éthéré, avec l’arrivée d’une tempête et le réveil colérique d’un personnage, faisant du bien au rythme du film. Il faut au moins relever ses deux scènes majeures : l’enregistrement « en direct » de la mort de la mère de Kyoto, grande scène de transe ahurissante, et enfin, la découverte par les ados de l’amour physique au milieu des mangroves que l’eau a abandonnées. Deux moments symboliques, exaltant la pureté du départ et le début d’une grande aventure amoureuse, que la cinéaste construit comme personne.

Pauline Labadie

Still The Water, de Kawase Naomi. Japon. 2014. En salles le 01/10/2014.

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