En période de fête, les films d’animation pour enfants arrivent en grand nombre en DVD et Blu-Ray. L’un d’entre-eux, distribué par TF1 Vidéo, nous vient directement de Corée. Que vaut donc ce Dino King ?
Dès le lancement du DVD dans le lecteur, le spectateur réalise quelque chose de déplaisant. Si l’absence de bonus peut se comprendre, il est cependant dommage, au vu de la qualité des images digitales, de ne pas avoir un making of qui permettrait de découvrir comment les dinosaures ont été ainsi incrustés dans des décors semblant réels à tous points de vue. Par contre, l’absence d’une version originale est tout simplement inadmissible. Sous prétexte de livrer un film pour enfants, les distributeurs ne se donnent pas la peine d’incorporer une version originale sous-titrée, et c’est bien dommage, car elle est nécessaire pour apprécier tout le sel d’un film. Le spectateur se retrouve ainsi obligé de suivre les pérégrinations de Dino King alors que la voix off parle en français, et il y a de quoi rager devant ce choix éditorial.
Han Sang-ho, dont c’est le premier film, qu’il scénarise autant qu’il le réalise, nous montre donc Dino King à sa naissance, alors qu’il casse sa coquille pour sortir de son œuf et se joindre à sa famille. Sa voix off, qui ne nous quitte pas de tout le film (assez court cela dit) est d’abord celle d’un enfant, puis celle d’un adulte. Et la voix enfantine n’est pas toujours effroyablement bien jouée, hélas, encore un point qui nous fait regretter une voix originale.
Si l’animation des créatures manque parfois quelque peu de fluidité, leur design et les décors sont par contre magnifiques, et il aurait été intéressant de découvrir ce film en 3D, comme ce fut le cas à sa sortie. En effet, la caméra nous plonge dans cet univers plein de dinosaures, alors que Dino King apprend la chasse, grandit, puis perd sa famille et se retrouve à devoir vivre seul. L’histoire reste donc très classique, mais se révèle intéressante. Le problème du métrage vient plutôt du fait que son réalisateur n’arrive pas à choisir ce qu’il veut offrir à ses spectateurs. Il oscille ainsi entre spectacle d’aventure et film éducatif, sans jamais vraiment opter pour l’un ou l’autre. La voix de Dino King s’attarde ainsi sur différents dinosaures, expliquant qui ils sont, comment ils vivent, comment ils chassent. Tout cela est intéressant, mais parfois un peu survolé, alors que de temps en temps, Han Sang-ho abandonne l’éducatif pour nous montrer des séquences intenses de luttes entre dinosaures, des fuites, de vraies et belles scènes d’aventure et de survie, par moment cruelles et sanglantes. S’il est compréhensible que du sang gicle alors que Dino King affronte un T-Rex vindicatif, les parents de nos chères têtes blondes pourraient être surpris car, entre une certaine violence des images, et une musique plutôt stressante, le résultat dépasse en intensité ce que beaucoup d’adultes ont l’habitude de montrer aux jeunes spectateurs.
Hélas, le côté éducatif prend le pas quand nous aimerions qu’une plus grande personnalité soit donnée au méchant de l’histoire, le fameux T-Rex borgne. Chacune de ses apparitions est ainsi superbement mise en scène, le rendant sinistre en diable, mais ses motivations, pour pourrir la vie de notre Dino King, ne sont qu’esquissées, et il aurait été intéressant de lui conférer une personnalité plus fouillée, et que la mise en scène s’intéresse plus à lui.
Un autre regret provient de la durée, assez courte, du film, qui nous laisse sur notre faim, lors d’une conclusion ouverte et pleine d’espoir, mais un peu déplaisante. Dino King n’en reste pas moins un intéressant métrage, aux décors et aux dinosaures magnifiques. S’il est dommage qu’il n’ait pu vraiment choisir entre aventure et instruction, les deux apportent quelque chose, et c’est finalement avec un peu de regret que l’on quitte cet univers.
Yannik Vanesse.
Dino King, disponible en DVD depuis le 04 décembre 2013