Le réalisateur de Machine Girl revient avec un hommage à la fois jouissif, décalé et respectueux au Super Sentaï en réactualisant Zaborgar ! FIGHTO ! Par Victor Lopez.
Après les Yakuza Weapon et les Ninja Kids, place au Karate-Robo ! La chouette prod signé Sushi Typhon vient conclure de belle manière notre petite escapade débilo-trash nippone en attendant les japonais en sélection cannoise comme Miike Takashi (aussi bien présent au marché !) ou Sono Sion (dont Cold Fish était produit par… Sushi Typhon). S’il n’y avait pas Kawase, on pourrait presque complétement abolir les frontière entre la respectabilité de la sélection et les zéderies déviantes cachés sous le tapis rouge (soit au marché du film) vu que ce sont les mêmes qui les signent ! Dans les esprits de la plupart des festivaliers, ce n’est cependant pas encore ça : ce sont les mêmes qui font des gros yeux éberlués quand je leur dis que je vais voir Ninja Kids qui vont faire la queue pendant des heures dans l’espoir d’avoir une invitation pour LE Miike.
En attendant, dans la petite salle du marché qui présentait ce nouveau Zaborgar , on n’était pas beaucoup (moins d’une dizaine !), mais on s’est bien marré ! Ré-actualisation d’un Super Sentaï des années 70, le film réussit à être un hommage sensible à l’œuvre originale : musique, chorégraphie, mise en scène à base de zoom dans des terrains vagues, costumes ridicules, monstres pittoresques, méchas en plastoc, méchants hyperboliques qui passent leur temps à rire en planifiant de détruire le monde ; tout y est ! L’amateur de Sentaï y trouve son compte (l’allergique au genre peut quant à lui passer son chemin…).
Mais la force du film est de rajouter juste ce qu’il faut d’ironie, de second degré, de déviance, pour faire marrer l’adulte qui a grandi avec ce genre de programme. La réussite est que la version 2011 n’est pas une réappropriation de petit malin, qui se moque des facilités et des ficelles de la série des années 70, au contraire, c’est une véritable lettre d’amour à la production originale !
Vrai Sentaï et vraie œuvre réflexive, un peu à la manière dont Planète Terreur de Rodriguez et Boulevard de la mort de Tarantino étaient un Grindhouse et un hommage / réflexion sur ce type de prod, Zaborgar prend de plus en cours de route une direction étonnante… Le film suscite même une certaine émotion dans une deuxième partie que l’on peut lire comme une réflexion sur la fin d’un genre, et sa tentative de résurrection réussie ! Une belle œuvre, à ranger à côté du Zebraman de Miike Takashi…
Victor Lopez.
Verdict :