Après une critique assassine de notre envoyé spécial en Chine Maître Shifu, on aurait pu faire passer The Great Magician de Derek Yee pour un film de Jingle Ma. Pourtant ma séance au FCCF s’est révélée être un agréable moment. The Great Magician nous parle de spectacle, de magie, de cinéma, et d’amour. Mais est-il un bon divertissement pour autant ? Par Jérémy Coifman
Le long métrage prend place dans une Chine troublée, en pleine mutation. Les pouvoirs sont chancelants. Au milieu de ce marasme, on va suivre Lei, dit le Bœuf (Lau Ching-Wan), leader régnant d’une main de fer. Il est craint de tout le monde, attise la convoitise d’une multitude de femmes. Pour preuve, il a 7 concubines. Tout va pour le mieux. Seulement, il n’aime qu’une seule de ses 7 femmes, Yin, belle et dangereuse concubine. Repoussant toutes ses avances, elle provoque la colère du Bœuf, qui perd toute contenance devant la belle. En parallèle, il y a Chang Hsien, le beau et ténébreux magicien (Tony Leung Chiu-Wai) ; un charmeur au grand cœur qui est rongé par un bien douloureux passé.
Dans The Great Magician, il ne faut pas se fier aux apparences. Personne n’est ce qu’il semble être. Ce qui provoque bien des quiproquos et autres mises en abîme. Cet aspect, bien qu’il ne soit pas traité de la manière la plus fine, rend le film assez sympathique et charmant d’emblée. L’emballage est soigné, les décors, les costumes, les effets spéciaux, tout est là pour nous mettre dans le bain. Que reste-t-il au-delà de tout cela ?
Il faut reconnaître que l’intrigue est des plus confuses, que bien des personnages ne sont pas bien développés et quelque peu inutiles (on pense à Lam Suet sous-exploité), que Lau Ching-Wan et Tony Leung font le show et enchaînent cabotinages sur cabotinages. Remarquons également un penchant pour un humour pachydermique à coup de gags burlesques bien lourdauds. Mais une fois la chose acceptée, on se prend au jeu. Le tour de magie fonctionne.
Oui, j’ai ri à la vue d’un Lau Ching- Wan déchaîné, oui j’ai pris du plaisir à voir évoluer un triangle amoureux qu’on a déjà vu des dizaines de fois. Le film dans le film, les faux semblants, le discours sur l’industrie du spectacle est réjouissant. C’est peut-être trop dans le même film, ou plus sûrement ce n’est pas bien traité, mais cela donne un divertissement presque touchant tant il parait sincère. Les acteurs s’y amusent (Tsui Hark aussi), Derek Yee fait le boulot (la mise en scène est parfois inspirée).
On le sait, ce n’est pas le film de l’année. The Great Magician est le genre de film où les défauts sont tellement apparents, le chaos tellement présent, les idées tellement foutraques, que ça en devient vraiment attachant. Alors oui, The Great Magician remplit son office. On ne s’y ennuie pas, on y prend même du plaisir. On rit bien grassement, en toute connaissance de cause, parce que parfois ça fait juste du bien de ne rien prendre au sérieux.
Verdict :
Le grand Magicien (The Great Magician / 大魔术师) de Derek Yee sera présenté au festival du cinéma chinois en France du 14/05/2012 au 12/06/2012.