Nishimura Yoshihiro, Pen-ek Ratanaruang ou encore Miaoyan Zhang à Genève ? Ce n’est certainement pas pour le Salon de l’Automobile mais pour la 12ème édition du Black Movie Festival et autant vous dire que ça va quand même faire beaucoup de bruit ! Par Kit Silencer.
Depuis 2001, ce festival suisse se montre très différent de ses congénères, voulant éviter les cinémas normalisés. Nouveaux talents ou cinéastes confirmés, novateurs et décalés, 10 jours de découvertes absolument surprenantes. Son point fort, outre ses choix pertinents et hormis les réalisateurs présents ? Une organisation étonnante mais tellement juste. C’est parti pour le décryptage par section !
Les petits
Ce sont encore des enfants et pourtant ils luttent déjà comme des grands dans un monde malveillant où des adultes égoïstes et démissionnaires les maltraitent ou les abandonnent. Figures farouches et énergiques, ils ont l’âge d’y croire.
Pas moins de neuf films du monde entier avec, entre autres, le Costa Rica, la Grèce, l’Australie ou encore l’Argentine mais aussi ce qui nous intéresse le plus : Singapour, la Corée du Sud et la Chine. Passons sur Tatsumi, sorti en salles récemment et dont nous vous vantons la qualité depuis des mois ! Passons aussi sur End of Animal puisque nous étions présents lors de sa diffusion au 6ème Festival Franco-Coréen du Film et penchons-nous plutôt sur La Rivière Tumen. Réalisé par Zhang Lu (Rêve de désert), qui sera d’ailleurs présent au festival, ce long métrage a déjà plusieurs prix à son actif : Ours de cristal à Berlin en 2010 ou encore le prix Netpac à Pusan la même année. Cette coproduction sud-coréenne et chinoise nous raconte l’histoire de deux enfants dans un village frontière devenant amis. Mais l’un étant réfugié nord-coréen et l’autre autochtone, le racisme et le rejet provoqués par les nombreux passages de clandestins menacent leur amitié.
Les Tendres
Fous d’amour au milieu de la tourmente, ou inexorablement en quête de l’autre, ils cherchent la tendresse, b… !
Une section principalement asiatique (5 films sur 7) mais de nombreux films connus. Love and Bruises du chinois Lou Ye, sorti dans les salles françaises le 2 novembre dernier ou encore Oki’s Movie de Hong Sang-soo sorti le 7 décembre. Du même réalisateur, The Day He Arrives, dont vous pouvez lire la critique ici, sera également à l’affiche. Il y aura aussi l’avant-première de I Wish (Nos vœux secrets) de Kore-eda Hirokazu sortant sur nos écrans le 21 avril et le tant attendu Himizu de Sion Sono dont vous pouvez voir le trailer.
Les solitaires
Héros qui cheminent seuls par choix ou par nécessité, leurs aspirations se heurtant au monde de plus en plus calibré qui les entoure.
Des films sombres, de tout horizon, et pour ce qui nous intéresse, un OFNI coréen et deux thrillers thaïlandais. Commençons par l’étrange Night Fishing, cet OFNI de 33 minutes, co-réalisé par Park Chan-wook et Park Chan-kyong, tourné avec un Iphone 4, mélangeant rock, fantastique et documentaire ethnologique, et qui nous raconte comment une pêche nocturne permet de communiquer avec les morts. Carrément fou ! Côté Thaïlande, deux thrillers. Le premier, Headshot de Pen-Ek Ratanaruang, dont les droits ont été achetés par Wild Side pour une future sortie. Vous pourrez lire sa critique faite lors du TIFF 2011 juste ici. Le second, P-047, réalisé par Kongdej Jaturanrasmee, déjà présent au festival des 3 continents à Nantes. Les réalisateurs respectifs de ces deux films seront présents pour l’occasion !
Les fauchés
Sans autre ressource que leur force de travail, les prolétaires de tous les pays s’individualisent et tracent des sillons de survie dans l’économie souterraine.
9 films, 3 asiatiques dont 2 chinois et 1 coréen. Black Blood, réalisé par Miaoyan Zhang, est sorti sur nos écrans le 23 novembre,vous pouvez lire la critique ici, et People Mountain People Sea de Cai Shangjun, un western sans concessions, où Lao Tai se lancera dans une quête sanglante à la recherche du meurtrier de son frère. Puis The Journals of Musan, ou l’histoire de Jeon Seungchul, trahi par les premiers numéros de sa carte d’identité. Un homme d’origine nord-coréenne qui aimerait tant la dissimuler afin de pouvoir trouver travail et amis… Un film souvent récompensé et réalisé par Park Jung-Bum. Notons que Park Jung-Bum, Miaoyan Zhang et Cai Shangjun seront présents lors du festival !
Les aliénés
À bout, ils ont basculé un jour du côté des fous ou des marginaux, allant même parfois jusqu’à pactiser avec le diable.
Voici la catégorie où l’Asie sera la moins représentée. Seulement deux films. Le premier, Chatrak n’est pas inconnu pour les lecteurs d’East Asia puisque nous vous en avions fait une petite critique lors de son passage à Cannes l’année dernière mais sachez que son réalisateur, Vimukthi Jayasundara, sera là lors du festival. Le second, Arirang fut l’un des plus gros coups de cœur de Cannes et nous vous invitons à (re)découvrir notre critique enthousiaste !
Les armés
Samouraïs déchus qui se font seppuku ou guerriers en quête d’une vengeance sanglante, ils tirent à vue. Ailleurs, poussés à bout par les injustices de régimes totalitaires, des peuples se soulèvent. Armes au poing.
Kim Jee-Won, Takashi Miike ou encore Yoshihiro Nishimura, voici une section des plus alléchantes. Outre certains classiques comme Tokyo Gore Police ou Le bon, la brute et le cinglé, ceux qui auraient raté Hara-Kiri de Takashi Miike pourront se rattraper. Mais il y a aussi plusieurs inédits comme Helldriver, de Yoshihiro Nishimura, où la jeune Rikka doit tuer sa mère pour sauver le Japon d’une invasion de zombies extraterrestres ; Deadball de Yudai Yamagochi, où Jubei doit vaincre une équipe de baseball d’une prison adverse après avoir éclaté la tête de son père avec un tir surpuissant ; ou encore Scabbard Samurai d’Hitoshi Matsumoto et son samouraï pitoyable qui, pour sauver sa vie et celle de sa fille, doit réussir par tous les moyens à faire rire un jeune prince trop morne. Ajoutez à cela la présence de Yoshihiro Nishimura avec son rendez-vous public pour nous expliquer son monde et vous avez de quoi frétiller de plaisir !
Les rembobinés
Retour à l’aube du deuxième millénaire pour voir comment quatre de leurs réalisateurs fétiches imaginaient la fin du monde il y a dix ans…
Une section 100% asiatique avec quatre classiques. Le troisième volet de Dead or Alive de Takashi Miike, Kairo de Kiyoshi Kurosawa, After Life de Kore-Eda Hirokazu et The Hole de Tsai Ming-liang.
Sachez que les plus jeunes ne sont pas oubliés et qu’ils ont le droit à leur petit Black Movie. Même si cette année, le petit frère s’est orienté vers la Scandinavie, quelques œuvres asiatiques ont réussi à se faufiler comme Cheburashka, sorti début octobre dans nos salles ou encore Origine de Sugiyama Keichi.
Voici en tout cas un sublime festival avec de prestigieux invités et un choix cinématographique éclectique mondial à la frontière française… Aucune excuse pour se priver, alors foncez du 17 au 26 février à Genève !
Toutes les informations et planning ici !
Kit Silencer.