Coup de cœur AsiaFilm 2011 : Puella Magi Madoka Magica

Posté le 1 janvier 2012 par

Pour bien commencer l’année, AsiaFilm et East Asia échangent leurs chroniqueurs le temps d’évoquer un coup de cœur de l’année 2011. Victor Lopez d’East Asia se penche sur le sang contaminé chinois de Black Blood, Wam d’AsiaFilm évoque les étonnantes Magical Girls de l’anime japonais Puella Magi Madoka Magica. Par Wam.

Parti-pris graphique gagnant…

Derrière le Ghibli annuel fédérant désormais le grand public à la cause de l’animation japonaise, se cache une industrie regorgeant de talentueux artisans. Capables de créer des univers fantastiques, d’explorer des histoires tout en faisant preuve d’ingéniosité visuelle. Et en cette année 2011, Madoka Magica est l’une de ces petites pépites inattendues mais tellement réjouissantes.

ORIGINALITÉ

Dans un pays où la production live comme anime se résume à 90% d’adaptations, avec des mangas faisant office de scénarios, et des producteurs évitant au maximum de prendre trop de risque, la série Madoka Magica est une exception.

Avec son histoire originale, la série partait avec de sérieux handicapes : absence de fan-base pour soutenir cette production, des spectateurs qui vont devoir découvrir une histoire plutôt que de savourer une variation anime sans surprise…

En rajoutant la tonalité surprenante d’une série qui contraste sévèrement l’image habituelle des « magical girls ». Ces jeunes filles se transformant en héroïnes magiques pour faire le bien, combattant le mal coûte que coûte.

Pop Culture dans ta tronche

ENFER ET DAMNATION

Très simplement, Madoka Magica suit des jeunes collégiennes dont l’existence se voit brusquement bousculée par une incroyable possibilité. Acquérir des pouvoirs magiques pour sauver le monde. Seule obligation de départ, faire un souhait qui se réalisera.

Après une introduction chaotique sur fond de fin du monde, la série s’ouvre sur des scènes plus rassurantes avec un ambiance heureuse et naïve. À croire que l’intro n’était qu’un simple cauchemar mal placé au milieu d’un univers si coloré, avec des personnages si mignons et si gentils entre eux. *rire naïf*

Tellement mignon que le chaos de fond passe à la trappe

Évidemment, le récit va progressivement faire place à une ambiance anxiogène à mesure que ces gamines se posent des questions existentielles pour faire le bon choix. Pour comprendre ce qui signifie devenir une magical girl, les conséquences de cette décision, la responsabilité qui en découle…

L’air de rien, la série repose sur une suite d’enjeux profondément tragiques. Qui vont étouffer les personnages, les placer dans des dilemmes moraux impossibles. Impliquant l’idée de sacrifice, de prise de décision sans recul, de la nécessité d’agir immédiatement.

Où comment une série visiblement mignonne & superficielle en arrive à interroger en profondeur les individus et leur rapport au monde. Étonnant.

AUX COMMANDES

Cet univers prend vie sous la direction de Shinbo Akiyuki, réalisateur stakhanoviste qui enchaîne 2-3 séries chaque année depuis près de 6 ans. Pour une production forcément très variable en terme de qualité, et qui jusqu’alors était surtout portée par un sens comique absurde-non sensique. Où les histoires étaient davantage des prétextes à s’amuser dans un cadre donné. Sans vraiment proposer une véritable continuité dans les récits.

Aperçu d’un monde magique déformant

Avec Madoka Magica, Shinbo prend un virage sympa. Puisqu’il s’engage à raconter une histoire tout en continuant à faire ses expérimentations visuelles étranges. Ainsi, lorsque les magical girls devront combattre le mal, celui-ci prendra une forme originale. Proposant un univers complètement autre, avec un style graphique cassant le ton mignon de la série.

À côté, il y a ses touches d’animation limitée. Basiquement, c’est un procédé résultant des contraintes de production, de temps & d’argent. Puisqu’il faut aller vite, il faut donc trouver des combines pour économiser les moyens sans perdre en qualité. Généralement, c’est lors des scènes d’action, le fond se résume à une suite de lignes de fuite accentuant la dynamique.

Reines du monde

Chez Shinbo, le procédé prend une tournure quasiment inanimée, avec des plans d’ensemble soigneusement composés, où les personnages se résument à des petits points.  Ça permet d’installer une ambiance mélancolique, d’offrir une courte respiration à des personnages condamnés à devoir affronter leurs peurs, et faire un choix.

Enfin la composition des cadres, où l’environnement sert régulièrement à quadriller les plans, à établir les rapports des personnages entre eux. De même avec des zones d’ombre ou lumineuses. Il y a un gros travail de mise en scène qui accentue fortement l’ampleur et le ressenti de la tragédie en cours.  Ça, et la musique.

EN FIN

Madoka Magica arrive à surprendre au-delà d’une apparence niaise, à embarquer son audience dans un chemin parsemé de questions existentielles. Embrassant complètement le dilemme de base d’une magical girl. Plutôt que de faire rêver, de proposer une échappatoire sympathique à une existence morne, devenir ‘magique’ sous-entend surtout de sortir d’un cocon confortable, de faire des choix, et des les assumer jusqu’au bout.

Sans surprise, la série a rapidement été comparé à Evangelion. À côté de la réflexion métaphysique, il manque juste à Madoka Magica un récit plus rigoureux pour espérer tenir la comparaison. Dans tous les cas, Shinbo et son scénariste Urobuchi Gen sont des noms à suivre…

Wam@AsiaFilm.FR

En aperçu, l’introduction de la série :

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